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A l'écran, les personnages
manipulés, par un scénario, sortent aisément
du placard, par une espèce d'enchantement soucieux
du caractère d'identification par le public. Ainsi,
les anormalités sont-elles portées jusqu'à
ébullition. L'an dernier, L'Envol, Esther
Kahn ou Billy Eliott étaient perfusés
par des protagonistes fuyant un milieu social ou familial
donné, mâché par la dramaturgie. Les protagonistes
de ces trois long-métrages étaient motivés
par une soif de reconnaissance, prenant le risque de se laisser
étiquetés par les seules épithètes
d'acteur ou danseur. Le retour au placard n'était chez
eux guère envisageable. Savaient-ils, à l'instar
de Mickey Rourke à l'issue du traumatisant Angel
heart, qui sont-ils vraiment. "Je sais qui je suis",
gueule Angel en conclusion du thriller torturé d'Alan
Parker. Idem, sans autant de douleur, s'agissant du Robocop
de Veroheven qui, en fin de parcours fictif, regarde le spectateur
droit dans les yeux et, répondant à l'un de
ses supérieurs qui lui demande de décliner son
identité, lance solennel mais à l'aide d'une
fierté droite dans ses baskets : "Murphy". C'est,
en substance, ce que nous enseignent le cinéma et,
par extension, toute forme d'art : sortir de tous les placards
mais, si possible, y retourner une fois le devoir de confidence
accompli. Etouffer ce dernier et ceux qui nous y écrouent
avec, en gros. Savoir refuser poliment une soirée où
ne serons vus que par le prisme de ce que nous ne sommes pas
complètement. Dire non quand notre intrinsèque
est mis en danger par quelques voyeurs ou une bande de frustrés
qui projettent en nous ce qu'ils n'ont pas eu les couilles
d'affirmer, ce qu'ils ne sont pas. C'est, aussi cavalier que
cela puisse paraître, l'un des points de recoupement
de la dernière farce-à-papa de Veber et la fronde
éminemment politique de Verhoeven. Pignon comme Robocop,
dès leur atypie déclarée et assumée
terminée, plient bagages laissant leurs congénères
dans le mystère le plus élégant qui soit.
Ils contrôlent leur image, donnant ainsi l'autorisation
à quelques gouttes extérieures de passer sans
laisser le vase déborder.
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Sortir du placard et y retourner
aussi sec. Et si ce n'était plus une chimère
? Et, si en faction devant notre forteresse guettant chaque
tentative d'assaut, nous aussi pouvions tout-à-coup
exiger des papiers aux méchants belliqueux voulant
nous investir ? Les Daft Punk, encore eux, dans leur détermination
à ne pas montrer leur tronche aux médias ou
bien Olaf Hund, nouveau venu dans le Landernau éléctronique,
qui fait poser sa chienne devant les photographes, de même
que Léos Carax répondant naguère aux
journalistes caché derrière un rideau ou bien
Philippe Barassat, réalisateur monstrueux de Folle
de Rachid en transit sur Mars, s'interdisant de mettre
son nom au générique de ses court-métrages,
l'actu fourmille d'occurrences encourageantes refusant obstinément
le diktat de l'image, de sortir du placard.. ou bien d'y revenir
dûment non sans avoir auparavant exorcisé quelques
vieux démons. Et si, demain, nous nous rendions tous
au taff ou à un rendez-vous galant avec un casque recouvrant
notre visage ? Et si demain, nous nous mettions tous à
composer des morceaux aussi Historiques que Révolution
909 ? Et si, pour une fois, la réalité rejoignait
réellement la fiction ? Et si nous redevenions tous
des gosses ? Et si Mylène Farmer était prophétique
? Et si P, standardiste qui a failli raccrocher pour de bon
il y a 11 ans, anesthésiait tous mes sens en me déclarant
dans un accès d'égarement incontrôlable
: "je t'aime" ? Et si je mettais un point pas final à
mon papier?
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