Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     



 

 

 

 

 
Billy Elliot (c) D.R.

A l'écran, les personnages manipulés, par un scénario, sortent aisément du placard, par une espèce d'enchantement soucieux du caractère d'identification par le public. Ainsi, les anormalités sont-elles portées jusqu'à ébullition. L'an dernier, L'Envol, Esther Kahn ou Billy Eliott étaient perfusés par des protagonistes fuyant un milieu social ou familial donné, mâché par la dramaturgie. Les protagonistes de ces trois long-métrages étaient motivés par une soif de reconnaissance, prenant le risque de se laisser étiquetés par les seules épithètes d'acteur ou danseur. Le retour au placard n'était chez eux guère envisageable. Savaient-ils, à l'instar de Mickey Rourke à l'issue du traumatisant Angel heart, qui sont-ils vraiment. "Je sais qui je suis", gueule Angel en conclusion du thriller torturé d'Alan Parker. Idem, sans autant de douleur, s'agissant du Robocop de Veroheven qui, en fin de parcours fictif, regarde le spectateur droit dans les yeux et, répondant à l'un de ses supérieurs qui lui demande de décliner son identité, lance solennel mais à l'aide d'une fierté droite dans ses baskets : "Murphy". C'est, en substance, ce que nous enseignent le cinéma et, par extension, toute forme d'art : sortir de tous les placards mais, si possible, y retourner une fois le devoir de confidence accompli. Etouffer ce dernier et ceux qui nous y écrouent avec, en gros. Savoir refuser poliment une soirée où ne serons vus que par le prisme de ce que nous ne sommes pas complètement. Dire non quand notre intrinsèque est mis en danger par quelques voyeurs ou une bande de frustrés qui projettent en nous ce qu'ils n'ont pas eu les couilles d'affirmer, ce qu'ils ne sont pas. C'est, aussi cavalier que cela puisse paraître, l'un des points de recoupement de la dernière farce-à-papa de Veber et la fronde éminemment politique de Verhoeven. Pignon comme Robocop, dès leur atypie déclarée et assumée terminée, plient bagages laissant leurs congénères dans le mystère le plus élégant qui soit. Ils contrôlent leur image, donnant ainsi l'autorisation à quelques gouttes extérieures de passer sans laisser le vase déborder.

  Daft Punk (c) D.R.

Sortir du placard et y retourner aussi sec. Et si ce n'était plus une chimère ? Et, si en faction devant notre forteresse guettant chaque tentative d'assaut, nous aussi pouvions tout-à-coup exiger des papiers aux méchants belliqueux voulant nous investir ? Les Daft Punk, encore eux, dans leur détermination à ne pas montrer leur tronche aux médias ou bien Olaf Hund, nouveau venu dans le Landernau éléctronique, qui fait poser sa chienne devant les photographes, de même que Léos Carax répondant naguère aux journalistes caché derrière un rideau ou bien Philippe Barassat, réalisateur monstrueux de Folle de Rachid en transit sur Mars, s'interdisant de mettre son nom au générique de ses court-métrages, l'actu fourmille d'occurrences encourageantes refusant obstinément le diktat de l'image, de sortir du placard.. ou bien d'y revenir dûment non sans avoir auparavant exorcisé quelques vieux démons. Et si, demain, nous nous rendions tous au taff ou à un rendez-vous galant avec un casque recouvrant notre visage ? Et si demain, nous nous mettions tous à composer des morceaux aussi Historiques que Révolution 909 ? Et si, pour une fois, la réalité rejoignait réellement la fiction ? Et si nous redevenions tous des gosses ? Et si Mylène Farmer était prophétique ? Et si P, standardiste qui a failli raccrocher pour de bon il y a 11 ans, anesthésiait tous mes sens en me déclarant dans un accès d'égarement incontrôlable : "je t'aime" ? Et si je mettais un point pas final à mon papier?



Acheter ce livre ou DVD sur le site : Fnac
Acheter ce livre ou DVD sur le site : PriceMinister
Acheter ce livre ou DVD sur le site : Amazon
Acheter ce livre ou DVD sur le site : Librairie Lis-Voir