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Festival du film de Paris (c) D.R. DES DINDONS
DANS LA FARCE




Par Matt DRAY


Je passai au bord de la Seine Un livre ancien sous le bras Le fleuve est pareil à ma peine Il s’écoule et ne tarit pas Quand donc finira la semaine. "
Guillaume Apollinaire



  Chemps Elysées (c) D.R.

Du 27 mars au 3 avril 2001 a eu lieu le Festival du Film de Paris, mièvre manifestation, de petite organisation, sans talent explosif, peu de chose donc. Je le rappelle pour le nombre évident de " foules ", même les plus curieuses, qui ne furent jamais au courant de la brève existence de ce Festival parisien qui est né et mourut un mardi sur la plus belle avenue du monde, si on en croit les touristes, hallucinés et bien dociles, comme des grosses bêtes au repos, qu’on aurait vidé de leur dernier signe d’intelligence afin de mieux les tromper, les remplir ; tout du cinéma dégoulinant de regrets et de honte, maintenant, et de pire en pire à chaque mercredi.

Cette année, après Los Angeles, le festival invitait Rome. Ainsi, il est navrant de constater que le cinéma italien aujourd’hui est quasiment inexistant, d’une grande pauvreté, et sans intérêt. Premier point désespérant.

Encore une fois cette année, dans ce " monde " du cinéma de plus en plus pédant, le Festival du Film de Paris aura, s’agit-il de ne pas trop le répéter, encore une fois oui rater son coup, avec une virtuosité toute spéciale, experte et fulgurante. Sans douter, plusieurs anomalies rôdent dans ce festival qui grandit mal, et qui à force, insupporte plus le journaliste passionné qu’il ne lui apporte des révélations inoubliables.

Maelström (c) D.R.

D’abord, les films présentés pendant cette semaine furent bien maigres et peu ambitieux. Par exemple, Maelström, un film canadien de Denis Villeneuve manque de chair, d’une véritable violence intérieure, de contact entre individus fauchés par l’existence froide et destructrice ; l’ambiance est trop souhaitée et demeure donc invariable, délibérément théorique. Memento Mori, film asiatique, annoncé comme un " film magnifique " devient dès les première minutes une pénible démarche contre l’abrutissement des écolières oppressées (et compressées) par un système hiérarchique écrasant. Pour les autres films, il est difficile de ressentir la moindre sensation tellement ils sont apparus vides (un gouffre infiniment profond) et peu communicatifs.

Ensuite, il s’agit de s’arrêter sur la nature et le contenu de chaque débat qui suivit chaque projection : en définitif, peu de questions profondes, des réponses flasques qui moururent au bout d’une habitude malheureuse. Aucune dévotion sincère. Personne, ni interlocuteurs ni invités, ne sembla véritablement animé par une passion admirable et insolite. La rencontre avec un Agent Artistique qui est venu pour parler de son métier a atteint l’hystérie et frôlé l’évacuation ; trop de monde, pleins d’acteurs clochards prêts à toutes les manœuvres existantes pour avoir un petit rôle, même celui d’une pute, se sont serrés comme des sardines, à l’entrée de la petite salle. D’ailleurs, ils en traînent toujours dans les festivals des gens qui rêvent au cinéma et à la gloire vite fait, comme un coup pour pas cher, sans hygiène, sans grandeur.