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Pour finir, c’est du côté
du jury que va toute ma haine et ma large déception.
Le jury, Ettore Scola en tête, ne s’est pas vraiment
intéressé par le contenu des films et a peiné
à venir jusqu’à la salle de projection, préférant
la froideur des murs de l’hôtel Plaza Athéné
où chaque membre a logé, et dans lequel j’ai
failli étouffer moi-même. Chaque membre du Jury
a invoqué des retards justifiés, émanant
d’une hypocrisie effroyable. Quant au petit Jury du court-métrage,
Guillaume " french lover " Canet en tête
du cortège funèbre, le plus important à
soigner, ce ne sont pas les films, c’est chaque individualité,
avant tout ; la leur. De toute façon, il faut
dire que du côté des courts-métrage, il
n’y avait rien à se mettre sous la dent ; vingt
ans de famine au moins !
Alors, il reste à trouver quelques moments d’humour
assez rare dans l’ensemble pour s’empêcher de dormir,
dans des endroits pareils. Pour mémoire, à la
première scène d’amour physique dans Maelström,
pas franchement excessive, un groupe scolaire a quitté
la salle sous l’ordre des responsables pédagogiques,
choqués et trompés se justifiaient-ils par le
résumé du film qui ne prévenait en rien
du caractère sexuel qui jutait sur l’ écran.
Ou plus tard, cet homme complètement nu qui est venu
s’asseoir à côté d’une jeune fille en
plein milieu d’un film. Suivirent les hurlements de la jeune
fille qui provoquèrent l’expulsion de l’étrange
bonhomme par les membres de la sécurité.
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Voilà brièvement
ce qu’a été ce Festival, insipide et lent. Longtemps,
alors que les journées s’étiraient considérablement,
et qu’au fur et à mesure des projections, on se sentait
comme décapité, on se dit avec un naturel évident :
" Quand donc finira la semaine ". Bah…
oui. Et puis on pense à Apollinaire, à l’art
le vrai, la splendide beauté, et le lendemain on transporte
avec soi un livre de Joyce sous le bras, et l’endroit devient
une salle de lecture presque confortable, avec café
(imbuvable certes) à volonté. Bravo !
Moi, je le dis tout haut, qu’on entende : allez plutôt
au théâtre, gens de toutes sortes ; là-dedans
au moins, en ces temps où l’art cinématographique
se plaît à se dodeliner dans des facilités
douteuses, et à se pavaner avec des silhouettes peu
recommandables, vous trouverez, partout où les enfants
de Molière, de Ionesco, de Brecht respirent, encore
des plaies entières des restes de vos larmes couchées
sur votre peau et vous vous en ferez des souvenirs par-dessus,
du plaisir ; vous croiserez des acteurs sincères,
inquiets, suants comme des viandes fiévreuses, au bord
de l’agonie, rien que pour vous, dans les salles de spectacle
de la rue de la Gaîté ou ailleurs. Ce sera toujours
mieux que du mauvais goût cinématographique.
Et puis vous éviterez de croiser sur les écrans
et dans ce genre de manifestation comme le Festival du Film
de Paris vos stars préférés qui ne sont
rien d’autre que des " dindons dans la farce ",
une farce, la plus contaminée, la plus horrible, la
moins poétique et vivante ; un cimetière
pour des siècles à venir !
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