|
 |
|
|
" Non non silence les
petits œufs qui sortent à peine prendre l'air il y
a moins d'un quart d'heure avec toute cette lumière
blanchâtre sur la façade, comme les pavés,
jadis, pour se (re)faire une beauté, et le destin,
tout frais, comme un cure-dent avant de servir ; la culture,
tu connais ? non non on ne dit pas " pauvre bœuf "
mais " Rutebeuf ", petit C'est XIII ème siècle,
avant ce sale voyou de François V. et sa corde qui
ne trouvera pas son cou ; pas de chance ! Point de traumatisme
cervical, ni d'intérêt médico-légal
dans l'observation des ruptures partielles du sterno-cléido-mastoïdien
! Je comprends bien, mais je t'en veux petit, avec tes vingt
ans et tu crois entrer dans la vie avec le cinéma comme
excuse à ton existence morne et toute molle et ta petite
caméra numérique à sept mille pièces,
parce que tu es bien fatigué, déjà, que
tu n'as pas envie de traîner des nuits et des nuits,
à connaître ces cafards insomniaques te siffler
la 14ème sonate de l'autre sourdingue avec Burroughs
pas loin, à sentir le froid te faire sauter les dents,
petit, dans les labos où des mètres et des mètres
vont te montrer qui tu es, vraiment, et développer
tes artères sensorielles qu’on s'est arrachées
pendant plusieurs années au " négatif ",
avec toutes les farces menaçantes des conformistes
abusifs qui ont osé essuyer leurs bottes crottées
sur ton lit ! Pas pour toi, ça, hein ? Pas pour toi,
l'absence de bénéfices à choper des maladies
honteuses, qu'on ne voudrait même pas dans un pays où
l'on crève, tristement, épuisé par la
faim, à grimper éternellement aux arbres pour
décrocher les fruits mûrs comme des lunes de
travers, sept fois dans la semaine au moins. Pas pour toi,
non plus, ces véroles, soldats ordonnés de première
classe, infatigables, qui te résument en moins d'une
heure, et s'font toutes seules au coin de ta raie du matin,
avant de te présenter sur les plateaux, là,
tu sais, où tu apporteras ces beaux expressos à
la fille peinte pour nous plaire et nous filer des vagues
au pantalon, elle qui te lancera, comme toujours, une vilaine
grimace et ne t'adressera pas la parole, aucunement, et qui
a tout juste l'âge d'aller coucher avec la peau des
autres et se faire dresser de haut en bas ; et ça me
rappelle ce curé dont la morale me fait glousser et
qui ne comprend pas que le boulanger, il souffre, qu'il veut
voir les seins de sa femme, eh Ginette, où tu es, mon
ange, reviens reviens, et mon pain retrouvera sa syllabe mélodieuse
d'antan, ce chant des coquillages qui ne veulent donc pas
s'échouer le long des plages où l'amour griffe.
Mais il me faut tes mains, ton corps tout entier ! Fais-là
revenir Marcel, je t’en prie ! et coupe à cœur, mon
grand !
Comment, petit ? c’est pas
ton truc la femme du boulanger ? tu veux faire comme cet étroit
bout de femme iranaise et son papa pour donner la fessée,
par derrière, ou pour tenir un tableau noir ? C'est
celle-là qui représente ta jeunesse, tes vingt
ans, tu te souviens, jeune soumis ? gentille, frêle,
pas insultante, un génie fardé, c'est extra,
un cri silencieux, qui ne gronde personne, à qui l'on
déroule un tapis rouge sans tâche (et ça,
j'ai jamais vu mais bon " ils " disent que c'est
pour la tolérance), une délicieuse anguille
de la mer Caspienne jetée dans ta baignoire, et vas-y,
tu peux jouer avec, c'est permis. Ah ! ah ! mais il faut le
dire, c'est pas toujours ceux qui se trémoussent sous
les sunlights qui font les films non non et je veux je veux
oui maintenant m'offrir coûte que coûte ces flaques
d'eau sale et comme un fou je veux aller où.
|