Dans Eloge de la diversité sexuelle
paru chez VLB éditeur, Michel Dorais dont l'esprit synthétique
et vulgarisateur ait pu redorer le blason du foetus de la plaisante
causerie du 28 décembre dernier reconnaît " ne
plus parvenir à taire cette conviction : notre façon
dualiste de concevoir la sexualité est étriquée,
réductrice et désuète ". S'agissant de
ce terrain miné que représente la bisexualité,
et à force de raisonnement et d'efforts de compréhension,
notre paysage sexué trop (auto-)déterminé
peut accueillir une telle réfection de nos schémas
éducatifs. Il se doit même, si possible, de repenser
son architecture dichotomique : d'un côté, les
hétéros, de l'autre les pédés. Un
exode dans les deux sens, en somme. C'est dans ce périmètre
pas encore dévasté par un libéralisme migraineux
en pleine magistrature que peuvent brailler nos diverses pulsions,
et finir par se rejoindre. Dans le cadre plus rigoriste de l'économie
et de ses fluctuations chroniquées quotidiennement par
un Jean-Pierre Gaillard la bourse bien pleine, il en va d'un
tout autre couplet. Les flux corporels sont plus responsables
que les transactions monétaires. Canal +, pour revenir
à nos gentils moutons, à nos pieds Nickelés,
ne réfléchit plus en terme d'actes mais d'actions,
dans le sens CAC 40 s'entend.
D'où l'impression
regrettable de brouillard qui s'abat sur la chaîne
naguère prodigue du PAF. Canal est androgyne lorsqu'
à 12h40, elle convie à sa table deux témoins
bisexuels à qui, dans un accès de phylanthropie
abjecte, elle sert le plat du pauvre. Car l'automnal Gildas
et la ménagère De Petrini se foutent copieusement
des expériences de leurs stars déchues d'un
jour. Ce qui compte avant tout, c'est de faire tourner la
boutique, de ne pas recevoir le rideau de fer en pleine
gueule. Le 27 décembre, veille de l'émission,
sort sur les écrans La Confusion des genres, navet
coproduit par... Canal +. Les Stone et Charden du déjeuner
rebondissent-ils sur l'actualité bien chiche, il
est vrai en cette période de trêve des confiseurs,
ou s'adonnent-ils au service après-vente de l'enseigne
qui les emploie ? Le non choix (terme choisi par Gildas
afin de mieux se familiariser avec le sujet abordé)
tourne à la valse des catégories, à
la contusion des genres. La semaine précédente,
à l'occasion de la sortie de ce monument de contestation
qu'est Billy Eliott, les deux comiques troupiers de la mi-journée
s'étaient déjà illustrés dans
ce même type d'exercice : l'infusion de l'info dans
le SAV. La chaîne à péage théâtralise
sa propre (façon de parler) image : celle de mécène
du septième art. Elle finit donc par tourner en rond
autour de son propre nombril. Canal fait du canal : un complément
d'objet interne télévisuel qui, pour ses seize
ans, refuse la sauvagerie de l'adolescence, préférant
tuer le temps (et le pére Rousselet) en se contemplant
dans la glace. Y a vraiment des claques qui se perdent !