J'étais bien décidé
à aller voir "Mission : Impossible 2 / M : I 2", ce
vendredi...
Fort d'une très bonne impression et d'un plaisir non
dissimulé laissé par le premier opus signé
Brian de Palma. Fort d'un vague a priori positif accolé
à la personne de John Woo.
Et fort d'un a priori vaguement de plus en plus positif accolé
à la personne de Tom Cruise depuis ce même premier
Mission : impossible.
A ceci près, que ce cinéma je ne le consomme
jamais seul. Quand c'est mauvais, c'est moins insupportable.
Je suis donc allé m'enquérir auprès de
ma douce (qui n'est pas blonde). Elle a ri (ne m'a pas ri
au nez, nuance). Elle a ri :
" Non, mais sérieusement tu veux
voir quoi ? "
Premier échec.
Je suis allé
au cinéma. Seul.
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J'y ai vu L'âme Soeur, de Fredi
M.Mürer. Beauté divine (on dit bonté divine,
je sais !) ou quand c'est beau à chialer. Parce qu'on
ne peut plus grand chose. Parce que ça submerge. Je
n'ai pas vu la bande annonce. Je n'ai pas lu ce que n'en ont
pas écrit les journaux.
J'ai vu la montagne. Je suis heureux / ça c'est montagne
/ Amoureux / ça c'est la montagne / Malheureux ça
c'est montagne, comme dans une chanson de Murat. Et puis ces
quatre-là : le père, la mère, la fille
et le fils. Le fils sourd et muet : le bouèbe. Comme
une faille, une blessure. Et dans ses yeux, le bleu de l'eau
des montagnes, toujours comme dans la chanson.
J'ai vu des choses simples : piéger des taupes, protéger
des fleurs sauvages, nourrir les bêtes.
Des choses moins simples : tondre l'herbe, écouter
la radio, répandre le purin.
J'ai vu à travers des jumelles, à travers une
loupe et à travers un miroir.
J'ai vu une main tirer des cheveux, une main saisir une clôture
électrique, une main charger un fusil.
Ça a beau être simple c'en n'est pas moins dur.
Parce que tout y est exacerbé. Un banal pas très
ordinaire. Une vache qui plane.
Première parole. Première rudesse. C'est un
jour à purin.
Plus tard. Ici personne ne nous voit. Une défiance.
Une méfiance. Un trop plein de lucidité. Pour
sûr. Et puis il y a la chose.
Il y a la montagne, partout. Je suis montagne,
toujours la chanson. Tous quatre perclus dans l'immensité
de la montagne. Cette montagne qui n'est jamais si belle
qu'en hiver. Enneigée. Malgré la neige, le
froid, les tempêtes, les avalanches, elle n'est jamais
aussi rude et hostile en hiver qu'elle semble l'être
en été. Aussi impassible que ceux-là
sont irascibles. Ils auront beau lui casser (du sucre) des
pierres sur le dos.
Elle se dresse là, à la verticale.
Un univers impitoyable et vertical. Ici, l'erreur est de
vouloir défier la verticale. Monter.