Sur ce, je découvre
que l’élégance n’est pas à proprement
parler la qualité première d’Angelina (bien
que) Jolie.
Tu préfères
tirer des gonzesses ou tirer des caisses ? demande-t-elle
à Nicolas Cage.
Je préfère
tirer des gonzesses en tirant des caisses !
Grande classe !
Quelques grammes de finesse
dans un monde de brutes. 60 secondes chrono. Plus qu’une
promesse, un pari à tenir. Un pari d’endurance pour
le spectateur.
60 secondes chrono. Oui,
plutôt oui. Un grand maximum.
Suffit ! D’autant qu’en
matière de film de bagnoles haut de gamme pour front
bas, on a ce qui faut de ce côté-ci de l’exception
culturelle. La candeur (pour rester dans une taxi-nomie
bessonnienne), ça va un instant.
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Oui, la candeur… je ne vois
que ça. Sinon, comment oser proposer un film dont l’ambition
ultime est d’enfermer ses personnages – donc le spectateur
– dans une adolescence pathologique avec pour seul projet
de vie évident de tirer des caisses et tirer des gonzesses
(pardon ! en tirant des gonzesses). Sinon, comment
oser proposer un film dont le titre même, en forme d’argument
publicitaire, est si risible qu’il en devient ridicule voire
pathétique. Sinon, comment oser proposer un film dont
la bande-annonce décline les pires poncifs marketing :
par le réalisateur de…, 59 (69 ? je sais plus)
véhicules, 24 heures. 60 secondes chrono. On nage (roule ?)
en plein délire de la performance, caractéristique
des adolescents, de type : rétroviseur, mon beau
rétro, dis-moi que j’ai la plus grosse… que je suis
le meilleur coup (quantitativement parlant, s’entend)… que
nulle ne me résiste (techniquement parlant : maîtriser
la technique qui fait céder la proie). Nos deux héros
pubères n’ont qu’une chose en tête : tirer
un coup, si possible sans se faire prendre.
Quel pari ! Le coït
en moins de 60 secondes chrono !
Avis aux éjaculateurs
précoces !
Pour les autres ciné-dimanche
avait tout prévu avec la bande-annonce de Sade…
disons, cru tout prévoir. Ce ne sont certainement pas
les stries rouges qui lacèrent l’écran quand
le nom de Sade apparaît qui vont les énerver,
les exciter ou les émoustiller.
Non. Par contre ce qui peut
m’énerver c’est la voix-off. Sade qui parle et qui
parle et qui parle. Toujours des mots, encore des mots, rien
que des mots… et puis il y a des images et Sade-le-bandeau
et l’écran-lacéré-rouge. Bien sûr,
il y a des bouts de corps. Bouts de peau. Bouts de chair.
Oui. Il y a tout ça.
Et il n’y a pas l’excitation.
Le désir. Une sorte de préliminaire raté,
qui ne donne pas envie d’aller plus loin. Avec ce Sade qui
parle et qui parle, de deux choses l’une : soit, il parle
aussi en faisant l’amour. Rédhibitoire. Soit,
il parle en ne faisant pas l’amour. Au revoir !
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La déjà peu
alléchante bande-annonce promet un Sade encore en deçà
de. A aucun moment je ne peux me dire réellement énervé,
agacé, amusé… ni même caressé.
D’autant que la programmation élaborée de tf1
décapite sec le Sade de Jacquot par un curieux effet
d’affadissement total et instantané provoqué
par le télescopage de la sus bande-annonce avec la
bande-annonce de la version Depardieu-tf1 des Misérables.
A lieu alors un renversement de valeur reléguant le
film de Benoît Jacquot à un degré supérieur
de banalité télévisuelle (le ton, l’esthétique,
la mollasserie), tandis que Les Misérables sont
portés aux nues d’un éventuel et sous entendu
degré supérieur de qualité cinématographique
(les têtes d’affiche, les moyens, l’épique…).
Du film qui mouille, de
celui qui prend à peine le temps de mouiller ou de
celui qui ne mouille même pas, par lequel se laisser
tenter ?
Dilemme.
D’aucun. Je vais rester
à la maison et regarder la télé. Je ressortirai
pour Space Cowboys. Rien que l’affiche, je me bidonne
déjà. Les quatre papis les dents dans le vent.
Pardon, dentiers au vent. Rayonnants derrière leurs
lunettes noires. On ne sait plus si c’est une pub pour stéradent,
pour du dentifrice, pour une caisse de prévoyance ou
pour la dernière émission d’Ardisson Lunettes
noires pour dents blanches ? Qu’importe, c’est drôle
et ça fait EN-VIE !
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