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Metropolis (c) D.R. NO-TAKU
Take No Prisonners
Pas de quartiers
Par Stephen SARRAZIN
Depuis Tokyo - Ho Chi Minh City - Phuke
Décembre 2001/ janvier 2002


No-Taku... Interdit aux otakus, aux otakus d'otakus... C'est à Jean-Jacques Beineix que je dois ce néologisme. Non pas que ce soit le réalisateur de Mortel Tranfert qui l'ait proposé, mais c'est son documentaire du début des années 90, Otaku, qui m'a inspiré le titre de cette chronique; une réalisation qui néanmoins joua un rôle considérable dans la perception en France du Japon des années 90.

Voilà le cœur du problème, car ce regard mit des années à se mettre en place, tandis que son objet ne cessait de muer. La durée de vie des phénomènes « tendance » à Tokyo se mesure au chronomètre, et les otakus ont depuis laissé leur place aux « freetas » (free time arbeito / les boulots à temps partiel ), ainsi qu'à une génération se consacrant au volontariat dans des ONG.

  Otaku(c) D.R.

Vint s'ajouter par la suite, mon malaise à la lecture de certaines critiques de films contemporains du Japon, des Cahiers a Libé, des Inrocks à Technikart, qui voyaient des clans et des cultes d'otakus partout dans la société nippone. Cette paresse ethno-sociologique, ces lieux communs, durent depuis bientôt dix ans, depuis la « renaissance » de l'industrie cinématographique de ce pays.

J'eus récemment l'occasion de discuter d'Otaku: dix ans après, avec Beineix lors de son passage à Tokyo pour la promo de Mortel Transfert. Beineix, comme Carax, continue de bénéficier d'un engouement du public japonais qui ne se dément pas; au dernier festival du film français de Yokohama en juin 2001, le premier film a afficher complet fut Mortel... Il reste lucide, serein, tout a travaillant à faire le deuil de son succès en France.Mais avant même de nous parler, je pus constater, qu'à l'image de son Otaku, l'imaginaire japonais tourne selon lui largement autour au sexe. A la fin d'une projection de son dernier film à l'Institut Franco-Japonais de Tokyo, Beineix monta sur scène pour répondre à quelques questions; une jeune « actrice » Japonaise se risqua à quelques mots en français, puis en japonais, avant de terminer en anglais pour lui dire qu'elle voulait jouer dans ses films. Beineix lui demanda si elle connaissait bien ses films, si elle mesurait bien la part charnelle des rôles qu'il offre aux comédiennes. La jeune femme dans la salle affirma que cela allait de soi. Le réalisateur, tout sourire, de lui répondre que la discussion pouvait s'ouvrir.

Betty Blue (c) D.R.

Plus tard dans la soirée, je lui faisais part de mon « hostilité » face à Otaku, bien que je garde de bons souvenirs de Diva (que Beineix qualifiait de film otaku avant l'heure) et de La Lune dans le Caniveau. J'ai souvent souligné par le passé, la part malsaine de cette réalisation, à quel point le montage etait tendancieux, la sélection des témoins interrogés convenue et condamnable. Un peu comme si la chaîne NHK venait faire un portrait de la jeunesse en France à partir des émissions « jeunes » de M6 (dont les vieux soaps « école de stylisme » sont importés au Japon...). Beineix me demanda si j'avais vu la version 52 minutes ou celle de 3 heures, que je ne connais pas. Notre conversation fut interrompue par l'arrivée inattendue des sœurs Kanoshima, des sœurs starlettes de la télé et de la pub, venues se faire photographier avec le real de Betty Blue. Celles-ci se rendent à toutes les réceptions, dans l'espoir de décrocher un rôle dans une production internationale; Brett Sadler, coincé entre les plastiques revues et corrigées des sœurs Canon (ce sont leurs nouveaux décolletés qui les lancèrent, cet imaginaire dont parle Beineix) pensait pouvoir faire quelque chose pour elles lors de Rush Hour 3...