Ça me fait des choses
dans le dos, ça vient, ça se remue ! Parce
que c’est beau, c’est contre toute l’autorité de la
réalité ! Ne me demandez pas pourquoi !…
Je ne veux pas qu’on m’assaille de questions, toutes aussi
exigeantes, les unes, les autres, celles " avants ",
celles " après ", non… je ne veux
pas ! " Pourquoi !… Pourquoi !… Va fichtre !
C’est quoi ? Pourquoi ! " Pas possible !
Définitif ! Aucun jugement ! Irrévocable !
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Ne me demandez pas pourquoi
je connais si bien le cinématographe ; ne me demandez
pas si c’est parce que j’ai peur des choses réelles
et lâches que je m’implique avec une si irréductible
volonté, de tout mon être, dans le cinématographe :
dans le film… le film impressionné ! Lui-même,
j’ai nommé ! Ne demandez pas ! Il faut avoir
beaucoup souffert pour vous parler comme ça, non ?
Je vous le dis, il faut avoir beaucoup souffert ! Pour
parler tout court, si vite, il faut même continuer à
souffrir ! A chaque tentative du réel qui
espère toujours, un jour, qui espère me récupérer !
Il faut continuer à souffrir ! Moins ? Peut-être
moins oui, parce que je vais tout le temps au cinéma,
maintenant, et que je sais que je suis né pour lui !
Des souvenirs réels, j’en ai eu ! Pour
certains, je les ai bien voulu ! Ils étaient de
moi ! Pour les autres, on m’a obligé, pas trop
forcé certes car, quand on est encore à se demander
si il vaut mieux se servir d’une bille en terre cuite ou d’une
bille en verre pour gagner la partie qui nous oppose à
son meilleur ami de cour afin de remporter la partie et le
pouvoir en quelque sorte, on ne vous force pas trop !
On profite de l’occasion pour vous charger de souvenirs, si
laids, si traumatisants pour la suite… " Et la suite
est longue, monsieur ! "… je vous dirais que
oui, monsieur ! La suite est longue de faits, de faits
divers, et tous ont leur taille : petits, moyens,
et grands malheurs ! Des petits, des moyens, et
des grands malheurs, chacun si terrifiants, continuellement
absurdes, humiliants, et qui ont une place de choix dans la
barque qui nous mène à l’Enfer ! Point
de Léthé provisoire ! Point ! Rien !
L’Enfer et les travaux forcés ! A mon secours !…
A mon chevet !… Je hurle tout seul, comme ça,
mais je ne veux pas d’aide… Certes, je suis orphelin, maintenant,
je suis parti de chez moi, parce que j’ai connu le cinématographe
il y a peu. C’était hier. Je vous raconterai mon histoire.
J’ai choisi mon combat : celui de m’évader du
réel, de ne pas m’opposer à ses longues
tortures verbales et physiques. Je suis l’orphelin qui se
cherche un père, qui attend son héros :
je vais au cinématographe ! Tout le temps !
Je vois ! Et le réel se détache
de moi ! C’est simple, je ne cherche plus où je
vais !
" Mais, pourquoi
avoir quitté toutes formes d’existence réelle ?
Pourquoi ?
Ca recommence ! Non ! Non ! Cessez de m’oppresser !
Je n’ai pas à vous convaincre ! Dites donc, vous
n’avez pas honte avec ce " pourquoi ? ".
Ca ne vous dérange pas trop le " pourquoi ? ".
Ne m’obligez pas à fuir de votre vue ! Oubliez
de me demander " pourquoi ? ".
On trouva ma réaction très mauvaise. Oh oui
très mauvaise ! C’est la réaction d’un
petit réactionnaire des bas-fonds, de petite envergure !
Ce n’était pas normal ce que je venais de dire, ce
que je venais de demander là ! Oui, c’est ce qu’on
m’a fait comprendre ! Immédiatement !
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