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(c) Jonathan Carriere LE NERF CINEPHILE
Prologue
Par Zack Dalo
Illustrations de Jonathan CARRIERE


Ton devoir
est de sauver ton rêve. "

Amedeo Modigliani



Ça me fait des choses dans le dos, ça vient, ça se remue ! Parce que c’est beau, c’est contre toute l’autorité de la réalité ! Ne me demandez pas pourquoi !… Je ne veux pas qu’on m’assaille de questions, toutes aussi exigeantes, les unes, les autres, celles " avants ", celles " après ", non… je ne veux pas ! " Pourquoi !… Pourquoi !… Va fichtre ! C’est quoi ? Pourquoi ! " Pas possible ! Définitif ! Aucun jugement ! Irrévocable !

  (c) Jonathan Carriere

Ne me demandez pas pourquoi je connais si bien le cinématographe ; ne me demandez pas si c’est parce que j’ai peur des choses réelles et lâches que je m’implique avec une si irréductible volonté, de tout mon être, dans le cinématographe : dans le film… le film impressionné ! Lui-même, j’ai nommé ! Ne demandez pas ! Il faut avoir beaucoup souffert pour vous parler comme ça, non ? Je vous le dis, il faut avoir beaucoup souffert ! Pour parler tout court, si vite, il faut même continuer à souffrir ! A chaque tentative du réel qui espère toujours, un jour, qui espère me récupérer ! Il faut continuer à souffrir ! Moins ? Peut-être moins oui, parce que je vais tout le temps au cinéma, maintenant, et que je sais que je suis né pour lui !

Des souvenirs réels, j’en ai eu ! Pour certains, je les ai bien voulu ! Ils étaient de moi ! Pour les autres, on m’a obligé, pas trop forcé certes car, quand on est encore à se demander si il vaut mieux se servir d’une bille en terre cuite ou d’une bille en verre pour gagner la partie qui nous oppose à son meilleur ami de cour afin de remporter la partie et le pouvoir en quelque sorte, on ne vous force pas trop ! On profite de l’occasion pour vous charger de souvenirs, si laids, si traumatisants pour la suite… " Et la suite est longue, monsieur ! "… je vous dirais que oui, monsieur ! La suite est longue de faits, de faits divers, et tous ont leur taille : petits, moyens, et grands malheurs ! Des petits, des moyens, et des grands malheurs, chacun si terrifiants, continuellement absurdes, humiliants, et qui ont une place de choix dans la barque qui nous mène à l’Enfer ! Point de Léthé provisoire ! Point ! Rien ! L’Enfer et les travaux forcés ! A mon secours !… A mon chevet !… Je hurle tout seul, comme ça, mais je ne veux pas d’aide… Certes, je suis orphelin, maintenant, je suis parti de chez moi, parce que j’ai connu le cinématographe il y a peu. C’était hier. Je vous raconterai mon histoire. J’ai choisi mon combat : celui de m’évader du réel, de ne pas m’opposer à ses longues tortures verbales et physiques. Je suis l’orphelin qui se cherche un père, qui attend son héros : je vais au cinématographe ! Tout le temps ! Je vois ! Et le réel se détache de moi ! C’est simple, je ne cherche plus où je vais !

" Mais, pourquoi avoir quitté toutes formes d’existence réelle ? Pourquoi ?

Ca recommence ! Non ! Non ! Cessez de m’oppresser ! Je n’ai pas à vous convaincre ! Dites donc, vous n’avez pas honte avec ce " pourquoi ? ". Ca ne vous dérange pas trop le " pourquoi ? ". Ne m’obligez pas à fuir de votre vue ! Oubliez de me demander " pourquoi ? ".

On trouva ma réaction très mauvaise. Oh oui très mauvaise ! C’est la réaction d’un petit réactionnaire des bas-fonds, de petite envergure !

Ce n’était pas normal ce que je venais de dire, ce que je venais de demander là ! Oui, c’est ce qu’on m’a fait comprendre ! Immédiatement !