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Nice People (c) D.R. NICE PEOPLE - #4
Parler et penser


Par Cyril JOHANNEAU


Autour du barbecue, les discussions sur l’Europe vont bon train , nous prévient Flavie. Enfin, nous allons pouvoir profiter de leurs réflexions sur le passage de l’Europe des Quinze à l’Europe des Vingt-cinq, sur l’incidence de ceci sur la PAC et avoir leur avis sur une hypothétique politique commune, etc.


  Nice People (c) D.R.
On en était donc resté à Serena, perplexe face aux deux baignoires et notamment à leur fonctionnalité plus que réduite pour " des trucs de sexe ". Et ses nouvelles amies, plus perplexes encore, de lui demander : " tu penses à ça, toi ? " " Non, non, je pense pas à ça ", avoue-t-elle de but en blanc, un peu gênée. Elle n'y pense pas, mais elle en parle. En d'autres termes, ces mots dépassent sa pensée.

Ne lui jetons pas la pierre pour autant, tant il est clair en les regardant tous qu'ils n'ont pas besoin d'y penser pour y penser. Serena, la voix de l'inconscient.

Et puis, c'était tellement spontané et drôle, de fait. De même, lorsque Prosper (le Français) se lève et vient saluer tout le monde, elle s'émerveille de son parfum : " t'as déjà pris ta douche ? ", concluant aussitôt à la négation du chef de l'intéressé : " T'as mis seulement du parfum ! " Il est vrai aussi que ça ne demande pas des tonnes de réflexion.

Nice People (c) D.R.
Alors que dans le même temps, même lieu, nous pouvons observer le cas d'un autre spécimen : à côté de Serena, qui parle avant de penser, Michaël (le Belge, n'y voyez aucune cause ni conséquence, encore que...) parle sans penser, alors même qu'il croit penser. Si, si. C'est possible (et pas rare du tout...). D'ailleurs, austère et grave, il s'en confesse auprès d'Helder (le Portugais, et non moins pince sans rire) : " je suis un gars sérieux ", et Helder, taquin : " toi, t'es quelqu'un de sérieux ? ". Touché au vif, Michaël enfonce le clou : " je suis quelqu'un de réfléchi... " Et bien, " réfléchis " semble lui dire son interlocuteur, sourire en coin et tapote sur l'épaule.

Sa capacité de réflexion, il nous en fit la démonstration dès le premier soir. Interrogé, comme il se doit, sur ses premières impressions, il s'engagea, égal à lui-même, posé et important, sur le sentier, assez long je l'avoue, des clichés tels qu'incarnés par ces co-locataires, et dit pour conclure : " comme quoi, les clichés ont un fond de vérité ". Bac +2, je vous prie. Niveaux intellectuel et culturel garanti !