Dans un cas comme dans l'autre, tout
n'est que question de posture. Serena est spontanée
et pétillante (et pétulante), et ses propos
le confirment. Quant à Michaël, il adopte l'attitude
professorale de quelqu'un de plutôt sérieux et
réfléchi. Du coup, il dit les choses les plus
banales avec la certitude d'être brillant. Ainsi, quand
Helder lui fait part de son malaise d'être, dans la
Villa, dans la position de celui qui reçoit sans avoir
rien à donner en retour, notre Belge lui assène,
sûr de sa leçon : " l'Auberge espagnole,
tu y trouves ce que tu y apportes ! "Helder,
absolument admiratif, s'en va crier à la face du monde
: " mais, écoutez ce garçon, il est génial
! " Notons que Michaël aime à répéter
qu'il est en vacances, et on l'aura compris. N'empêche
que, Helder, tu es cruel... mais tellement drôle.
Pour certains autres, enfin, on sent que parler et penser
relève de deux logiques différentes, voire indépendantes.
Mais ceux-là ne sont pas forcément lotis à
la même enseigne. Loin s'en faut. Je pense aux forces
cachées. Tel Etienne Mougeotte, vice-président
de TF1, qui déclarait : " Nous allons regarder
comment ces jeunes peuvent vivre ensemble, ce qu'ils ont de
commun ou de semblable " (sic). Et qu'était-il
donné à voir aujourd'hui ? Une belle démonstration
des différences de chacun. En effet, le sympathique
propriétaire avait concocté une séance
de photos où nos sympathiques nice " lofteurs
" devaient poser dans leurs couleurs nationales respectives
(maillots de bains-drapeaux puis costumes traditionnels)...
et respectées, pas d'échanges prévus.
Ce qui judicieusement inspira à Flavie Flament la réflexion
suivante : " Nos nice pipeul commencent à entrevoir
leurs différences ". Entrevoir, dit-elle. Certes,
la suite était sûrement faite pour les rassembler
autour de leurs similitudes, puisque le proprio leur proposa
alors " de célébrer officiellement [leur]
entrée dans la Villa en hissant les drapeaux de [leurs]
pays ". La prise de la Villa a eu lieu, et chacun d'y
planter son drapeau : première phase des opérations
entérinée. Premier signe de conscience politique
: les douze, en rang d'oignons, face aux étendards
font le signe de la paix. Ouf ! Le chauvinisme est mort, vive
le chauvinisme !
Et tout cela de se finir par un bon
gueuleton. " Autour du barbecue, les discussions sur l'Europe
vont bon train ", nous prévient Flavie. Comme
quoi, aurait pu dire Michaël, " tout vient à
point à qui sait attendre ". Enfin, nous allons
pouvoir profiter de leurs réflexions sur le passage
de l'Europe des Quinze à l'Europe des Vingt-cinq, sur
l'incidence de ceci sur la PAC et connaître leur avis
sur une hypothétique politique commune, etc. Enfin
! Oui, enfin, " ceux qui construisent l'Europe et l'incarnent
" (E. Mougeotte) allaient être à la hauteur
de leurs niveaux intellectuel et culturel. Enfin ! Flavie
venait de l'annoncer. On ne fut pas déçu. Le
moins du monde (d'Europe, devrais-je dire). Le débat
faisait rage dans la Villa autour de la question cruciale,
vitale, de savoir à quelle heure manger : plutôt
à 19h comme les Nordiques ou plutôt à
22h comme les Latins ?
Ils mangèrent à 19h... et à 22h. Il fallait
y penser, ils en ont parlé. Nice People, plus
qu'une émission culturelle, un programme de réflexion