En même temps, cette
exaspération n’est pas le fait de toutes les filles. Karolina
ne semble pas très concernée, mais peut-elle l’être par quelque
chose ? Quant à Elena, ce sentiment ne l’atteint pas
un seul instant. Et pour cause, on la devine sous le charme
de la star. Sans l’excès et l’exubérance des garçons, elle
est presque toujours sur ses talons. Jamais loin. Elle l’observe,
l’écoute avec une attention quasi professionnelle. Toute en
discrétion. Elle s’arrange pour se retrouver près d’elle à
table. Elle la questionne avec cette diplomatie qu’on lui
connaît. Bref, elle recherche une proximité qu’elle ne connaît
pas avec ses camarades, comme elle le confie à Eleanor :
« je ne suis pas comme vous… la journée, je vous aime
parce qu’on est pareil, et la nuit, je vous déteste quand
vous faites la fête, vous riez, parce que je ne suis pas comme
ça. » Sauf, ce soir, elle s’amuse avec tous les autres
et… Ophélie.
De
cette proximité impossible, elle fait l’expérience une fois
de plus ce jour. Cette fois, le sujet qui fâche est l’argent
de la cagnotte et son utilisation. Alors que l’hypocrisie
ambiante s’accorde à vouloir partager cet argent, dans des
termes parfois plus que délirants, n’est-ce pas Raimondo :
« les calculs seront faits proportionnellement à
la durée de chacun dans la Villa », c’est l’analyste
financier qui parle, Elena dit niet, arguant que « philosophiquement
parlant, c’est au gagnant de choisir ce qu’il fera de l’argent. »
Malédiction ! Vade retro ! Que n’a-t-elle pas
dit là, la traîtresse ! Elle se retrouve, illico, au
cœur d’un procès en sorcellerie d’une bassesse abjecte,
avec, en prime, pour accusateurs et juges les deux spécimens
les plus désolants de la Villa, j’ai nommé Michaël et Karolina.
Michaël, dissimulé derrière des lunettes noires : « T’as
vu un peu dans quel monde tu vis ? Tu n’as pas idée
de la misère ! Qu’est-ce que tu fais chier pour des
morceaux de pains ! » Karolina : « Toi,
t’as pas ce problème que la plupart peuvent avoir ici… apparemment,
t’as du pognon. » La seule réponse possible Elena
la fournit : « Qu’est-ce que tu sais de ma
vie ? » Finalement, le procès est ajourné
après une plaidoirie des plus pertinentes, délivrée par
Karolina : « Le pognon est un sujet de dispute
universel. » Pitoyable et méprisable.
La
même nous navre de nouveau un peu plus tard. En réponse au
récit qu’Ophélie Winter fait de son père qui l’a abandonnée,
la Polonaise confie le but secret de sa participation à l’émission :
« J’espère que je retrouverai mon père. »
Elle peaufine, si, si vous allez voir, dans le confessionnal,
par cette superbe image : « Ca m’a fait penser
à ce petit puzzle qui manque dans ma vie. » Là où,
pour la plupart d’entre nous, il manque une, voire quelques,
pièce(s) au puzzle de notre vie, chez elle il manque carrément
un puzzle entier. Désespérant.
Désespérant, aussi, la façon dont Eleanor se laisse draguer
par Prosper. Allez, tiens j’arrête là, je suis vraiment trop
découragé.
Nice People, plus qu’une émission culturelle, un programme
é-ner-vant !