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Avec tout ça, je ne vous
ai pas dit que c’est Elena qui nous a quittés. Paix à son
âme. Mais, je vous laisse méditer ces paroles qu’elle nous
délivra peu avant sa disparition : « Une vieille Carmélite
a dit : « Au Carmel, ce sont les trente premières
années qui sont difficiles. » Méditez bien. Pendant
ce temps, je fais mon deuil. Je me tairai donc, ayant déjà
commenté ce malheureux départ, ô combien cousu de fil blanc.
Comme dirait l’autre, « un volcan s’éteint, un être
s’éveille ». Et il n’est pas question de Prosper,
vous l’aurez deviné. Non, plutôt de Christophe Dechavanne
qui, en moins de vingt-quatre heures, insuffle un vent nouveau
sur la Villa. Dans ses bagages, au milieu des farces et attrapes,
des sachets ramasse-crottes et du chien qui les précède, il
n’a pas omis de caser un peu (beaucoup) de sa raison, de son
sens de la communication et de sa capacité d’écoute. Le tout
emballé sans complaisance régressive. À prendre ou à laisser,
en d’autres termes. Et les Nice Lofteurs prennent sans compter.
Et, moi je ne m’en prive pas.
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Pourtant, son entrée est
plutôt mitigée. Certainement, à cause de son accoutrement
déroutant : il arbore, en effet, fausses dents pourries et
lunettes épaisses. Serena, derrière la porte, éclate, en le
voyant, d’un rire spontané et tonitruant qui ne cache pas,
loin s’en faut, sa perplexité. Elle lui saute au cou en remerciant
Dieu (d’avoir envoyé un homme, sans doute), mais, détourne
immédiatement les talons, un tantinet gênée par sa propre
réaction face à l’affreux jojo. Et préfère, dès lors, se soucier
des relations canino-porcines à établir, et ce jusqu’à ce
que Christophe perde son dentier et qu’elle comprenne. Le
ton est donné.
Si la déconne est un art de vivre chez l’animateur, l’art
de bien vivre n’y est pas affaire de déconne. Bien vivre se
résumerait plutôt, pour lui, par « bien dans son corps,
bien dans sa tête, bien dans son environnement ». Ainsi,
sans remous, il fait passer à nos Nice Lofteurs un dimanche
de domesticité consciencieuse, proche de la punition. À ceci
près que l’entrain qu’il met, dès son réveil et avant même
le levé de la troupe, à récurer le logis, pousse chacun, Prosper
compris, à s’armer en conséquence, pétri de gêne et de honte
face à l’invité, débarqué il est vrai un peu à l’improviste.
Point de répit pour les Nice Lofteurs .
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Notez que Christophe ne
fait pas dans la demi-mesure quand il s’agit d’exprimer sa
répugnance : « C’est comme si t’arrives dans une maison
de location dégueulasse, que les mecs t’ont laissé tout pourri.
(…) J’aime bien quand c’est clean, autrement ça me casse les
burnes ! » Ni quoi que ce soit, d’ailleurs. Entier,
sa langue fleurit plus souvent qu’à son tour. A propos de
Perso, auquel il fait subir une douche dominicale point trop
luxueuse, il ne manque pas de compliments : « Ah,
il pue, putain! », « ça va, tu peux
me remercier, gros dégueulasse! », et de confier
à quelque Nice Lofteur coi : « Le cochon, il me fait
chier. Regarde, il vient de faire une merde ! » À
Prosper, qui veut parier un petit-déjeuner au lit à la pétanque,
il riposte sans détour : « Ouais, ma main dans la
gueule ! » Et, il l’aura pas volée !
Un sens de la répartie qui n’échappe pas à Antti , qui déclare
au confessionnal : « Je suis sûr qu’on va bien s’amuser.
Il est très rapide à répondre… » Ce qui n’est pas
pour faire le bonheur de tout le monde. Michaël en fait les
frais, sans même s’en apercevoir. Lorsque, dans un enthousiasme
puéril, il s’exclame : « C’est cool, Christophe, que
tu sois parmi nous ! », C.Dechavanne ne se laisse
pas avoir par la lèche-culterie de son interlocuteur et réplique
: « C’est gentil, mon pote. Ça fait deux fois que
tu me le dis. » Eh, oui, « tout flatteur ne
vit qu’aux dépens de celui qui l’écoute » (ce n’est pas
de moi). Michaël, tu es raide mort.
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