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Nice People (c) D.R. NICE PEOPLE - #17
Raison
Par Cyril JOHANNEAU


Dans ses bagages, au milieu des farces et attrapes, des sachets ramasse-crottes et du chien qui les précède, Christophe Dechavanne n’a pas omis de caser un peu (beaucoup) de sa raison, de son sens de la communication et de sa faculté d’écoute.



  Nice People (c) D.R.

Avec tout ça, je ne vous ai pas dit que c’est Elena qui nous a quittés. Paix à son âme. Mais, je vous laisse méditer ces paroles qu’elle nous délivra peu avant sa disparition : « Une vieille Carmélite a dit : « Au Carmel, ce sont les trente premières années qui sont difficiles. » Méditez bien. Pendant ce temps, je fais mon deuil. Je me tairai donc, ayant déjà commenté ce malheureux départ, ô combien cousu de fil blanc.

Comme dirait l’autre, « un volcan s’éteint, un être s’éveille ». Et il n’est pas question de Prosper, vous l’aurez deviné. Non, plutôt de Christophe Dechavanne qui, en moins de vingt-quatre heures, insuffle un vent nouveau sur la Villa. Dans ses bagages, au milieu des farces et attrapes, des sachets ramasse-crottes et du chien qui les précède, il n’a pas omis de caser un peu (beaucoup) de sa raison, de son sens de la communication et de sa capacité d’écoute. Le tout emballé sans complaisance régressive. À prendre ou à laisser, en d’autres termes. Et les Nice Lofteurs prennent sans compter. Et, moi je ne m’en prive pas.

Nice People (c) D.R.

Pourtant, son entrée est plutôt mitigée. Certainement, à cause de son accoutrement déroutant : il arbore, en effet, fausses dents pourries et lunettes épaisses. Serena, derrière la porte, éclate, en le voyant, d’un rire spontané et tonitruant qui ne cache pas, loin s’en faut, sa perplexité. Elle lui saute au cou en remerciant Dieu (d’avoir envoyé un homme, sans doute), mais, détourne immédiatement les talons, un tantinet gênée par sa propre réaction face à l’affreux jojo. Et préfère, dès lors, se soucier des relations canino-porcines à établir, et ce jusqu’à ce que Christophe perde son dentier et qu’elle comprenne. Le ton est donné.

Si la déconne est un art de vivre chez l’animateur, l’art de bien vivre n’y est pas affaire de déconne. Bien vivre se résumerait plutôt, pour lui, par « bien dans son corps, bien dans sa tête, bien dans son environnement ». Ainsi, sans remous, il fait passer à nos Nice Lofteurs un dimanche de domesticité consciencieuse, proche de la punition. À ceci près que l’entrain qu’il met, dès son réveil et avant même le levé de la troupe, à récurer le logis, pousse chacun, Prosper compris, à s’armer en conséquence, pétri de gêne et de honte face à l’invité, débarqué il est vrai un peu à l’improviste. Point de répit pour les Nice Lofteurs .

  Nice People (c) D.R.

Notez que Christophe ne fait pas dans la demi-mesure quand il s’agit d’exprimer sa répugnance : « C’est comme si t’arrives dans une maison de location dégueulasse, que les mecs t’ont laissé tout pourri. (…) J’aime bien quand c’est clean, autrement ça me casse les burnes ! » Ni quoi que ce soit, d’ailleurs. Entier, sa langue fleurit plus souvent qu’à son tour. A propos de Perso, auquel il fait subir une douche dominicale point trop luxueuse, il ne manque pas de compliments : « Ah, il pue, putain! », « ça va, tu peux me remercier, gros dégueulasse! », et de confier à quelque Nice Lofteur coi : « Le cochon, il me fait chier. Regarde, il vient de faire une merde ! » À Prosper, qui veut parier un petit-déjeuner au lit à la pétanque, il riposte sans détour : « Ouais, ma main dans la gueule ! » Et, il l’aura pas volée !

Un sens de la répartie qui n’échappe pas à Antti , qui déclare au confessionnal : « Je suis sûr qu’on va bien s’amuser. Il est très rapide à répondre… » Ce qui n’est pas pour faire le bonheur de tout le monde. Michaël en fait les frais, sans même s’en apercevoir. Lorsque, dans un enthousiasme puéril, il s’exclame : « C’est cool, Christophe, que tu sois parmi nous ! », C.Dechavanne ne se laisse pas avoir par la lèche-culterie de son interlocuteur et réplique : « C’est gentil, mon pote. Ça fait deux fois que tu me le dis. » Eh, oui, « tout flatteur ne vit qu’aux dépens de celui qui l’écoute » (ce n’est pas de moi). Michaël, tu es raide mort.