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Avant de commencer, je voudrais
juste vous parler d’une petite chose qui me pose question.
On avait pris l’habitude, depuis quelques jours maintenant,
à ce que le résumé, donc la journée, commence par l’image
de Perso en train de dormir, pour signaler justement qu’il
est tant de se réveiller. Or, cela fait deux jours que cette
image devenue cliché a fait place à celle de Prosper et Eleanor,
enlacés, finissant leur nuit. Bon, pourquoi pas, après tout
? Non. Ce qui me taraude, c’est qu’on nous les montre chaque
soir se couchant dans le cabanon suspendu, et qu’on les retrouve
chaque matin se réveillant dans le dortoir, au milieu des
autres. Le sens de cette migration nocturne m’échappe. Ou
est-ce la preuve par l’image d’un authentique transport amoureux
?
Authentique ou pas, le couple franco-britannique ne perd pas
une occasion de se bichonner et de se bizouiller , quitte
à rester à l’écart du groupe. De fait, Eleanor éprouve un
malaise grandissant : « Finalement, on devient seuls
face à huit. Je ne serais pas étonnée que les nominés soient
toi et moi », confie-t-elle à Prosper. Quoi qu’il
arrive, ce qui est sûr c’est que cette journée, telle que
montée et montrée dans le résumé, est une journée terrible
pour le Français, et par ricochet pour l’Anglaise. Il est
au cœur de toutes les polémiques, il est la cible de toutes
les réflexions, il stigmatise tous les problèmes du groupe.
C’est pourquoi, je n’en parlerai pas aujourd’hui. Non par
compassion : je n’éprouve pas une grande passion pour ce compatriote.
Simplement, l’épisode d’aujourd’hui est tellement travaillé
et nourri par cet acharnement digne d’une battue, qu’il me
devient impossible de ne pas me repositionner. Ou alors, on
ne sait plus qui sert la soupe à qui. De la même façon que
je ne pus me gausser de la situation d’Elena, (cf. : Les niet
d’Elena), il m’est impossible de continuer à le railler, de
concert avec à peu près tout le monde, et à favoriser un Prospericide
pas très propre. Cela relèverait davantage du sadisme que
de la raison.
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Tentons de retrouver un
peu de raison. Et de voir quelles raisons peuvent se cacher
derrière ce lynchage. Globalement, disons que les Nice Lofteurs
reprochent à Prosper ce qu’il n’est pas : il n’est pas « vrai »,
il n’est pas partie prenante dans la vie domestique, il ne
fait pas comme ci, il ne fait pas comme ça, etc. Soit. Mais,
au lieu de crever l’abcès une bonne fois pour toutes, ils
s’ingénient à le triturer et s’excuser dès que ça fait mal.
Plutôt que de lui parler franchement et tous ensemble, ce
que leur conseille, d’ailleurs, Christophe Dechavanne - à
quoi Nalle répond que c’est au Français de s’intégrer (!)
- ils préfèrent l’entretenir séparément, et non moins perversement
puisque, sous couvert de franchise, ils le noient sous les
récriminations, toujours les mêmes , sans jamais lui dire
le fond du problème.
Et pour cause. Le fond du problème est certainement moins
ce qu’il n’est pas que ce qu’il est. Plus exactement, ce qu’il
a et ce qu’eux n’ont pas. En effet, dans l’atmosphère de manque
affectif et sexuel régnant au sein de la Villa, Prosper est
le seul à être en couple, et qui plus est à y trouver un certain
épanouissement. Feinte ou pas, consommée ou pas, cette relation
exacerbe l’agacement des uns et des autres. Du coup, Prosper-le-fort-en-gueule
se retrouve à avoir toutes les qualités, et les défauts surtout,
pour incarner le nerf de la guerre. Il devient, au fil des
jours, le réceptacle idéal de toute l’agressivité due à la
frustration sexuelle de ses Nice co- Lofteurs . Et en plus,
il se paie le luxe de les narguer en revenant parmi eux après
avoir été nominé. Ça n’est plus possible.
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