C’est donc à dessein et
en toute conscience que Nice People a été affranchi de
l’objectif couple. En ne mettant pas la problématique sexuelle,
attenante à celle de couple, au cœur du dispositif, on s’assure
de la voir exploser encore plus librement. Et ça ne manque pas.
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Ainsi assiste-t-on aujourd’hui
à un appel d’offre des plus crus depuis le début du jeu. Karolina
, « une des plus grandes personnalités de la Villa »,
nous certifie Flavie - mais ça n’engage qu’elle - se lève
et prend la parole, au milieu de ses Nice co- Lofteurs et
au milieu de ce qui semble être le dîner, pour dire haut et
fort : « Hier soir, j’ai écrit à Serena que j’avais
envie de sexe et d’embrasser. » Au-delà de sa brutalité,
l’aveu a ceci de dérangeant qu’il vient littéralement comme
un cheveu sur la soupe. Mi-médusés mi-amusés, ses amis, comme
nous, ne savent pas trop si c’est du lard ou du cochon. Raimondo
va même jusqu’à se porter volontaire en l’embrassant dans
un grognement des plus appropriés. Mais, déjà veut-elle passer
à autre chose. Et moi, pas. Les questions se bousculent.
En effet, comment compte-t-elle s’y prendre ? Est-elle lucide
sur son pouvoir de séduction au point de préférer le rentre
dedans ? A-t-elle déjà choisi l’étalon censé la saillir ?
Si oui, pourquoi ne le désigne-t-elle pas ? Je reste dans
une espèce de flou qui ne me laisse pas de m’interroger sur
le sens de cette déclaration. Est-ce un appel, un cri de désespoir
un peu pataud et maladroit ou est-ce une demande d’attention
et de reconnaissance un peu pathétique ? Est-ce une provocation
mal maîtrisée afin de tenter d’exister ? Sa mise au point
au confessionnal, où elle redit la même chose, simplement
de façon plus posée et avec une autre affectation, ne balaye
en rien le champ de ces questions.
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La suite ne fait qu’ajouter
de la matière à mes interrogations. Seule dans le jardin,
elle semble pleurer. Rejointe par Serena , elle s’épanche
alors sur sa vie d’avant la télé et décrit un bourbier financier
et une situation familiale difficile aux confins du tragique.
Bien sûr, il n’est pas question de mettre en doute la réalité
de ses propos, qui, par ailleurs, viennent en étayer d’autres
déjà tenus concernant son père et le portrait qui lui avait
été consacré lors du prime de lancement, mais, suite à ce
que l’on vient de voir et entendre, l’étalage de sa misère
n’acquiert jamais la dimension dramatique et émotionnelle
qui lui est due. La compassion est supplantée par un malaise,
à rattacher encore une fois au sens de cette nouvelle déclaration.
En effet, cela ressemble à une nouvelle tentative d’exister,
de s’approprier sa fiction. Comme si, à travers cette combinaison
« sexe + misère », elle exprimait sa tentation «
loanesque ». Avec, cependant, ce petit rien en moins
: le charisme. Mais, peut-être que ceci n’est qu’affaire de
montage ? Donc, de morale.
Nice People, plus qu’une émission culturelle, un programme
vertueux.
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