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Mais, jusqu’à quand va durer
la mascarade ? Jusqu’à quel point les Français vont-ils pouvoir
soutenir Prosper ? Et, jusqu’à quel point les Nice Lofteurs
vont-ils pouvoir supporter de voir revenir celui qu’ils désirent
le plus au monde voir partir ? Cela en devient critique pour
le Français. Lui-même, jusqu’à quel point va-t-il supporter
de vivre en terrain hostile ? Alors même qu’Eleanor trouverait
plus sain « que Prosper sorte, parce que ça lui fait
pas du bien de rester là ». Seulement le téléspectateur
aime voir souffrir et souffrir en retour. Pourquoi s’en priver
?
Dans ces conditions, Prosper semble bien parti pour encaisser
la vindicte collective encore un bon moment. Le tout dans
un refus de dire quasi unanime. Il ne dira pas. Ils ne diront
pas.
Il ne dira pas ce qui l’offense. « J’ai l’impression
qu’ils me prennent pour un enculé, et ça, ça me blesse profondément »,
confie-t-il à Christophe, qui lui assure que ce n’est pas
ce qu’il perçoit. L’animateur saisissant derrière la redondance
de la formule toute la détresse du Français, lui conseille
d’en parler avec ses Nice co- Lofteurs . Celui-ci lui objecte
: « J’ai pas besoin de leur en parler. J’ai pas besoin
de leur prouver ». Et, Christophe de lui préciser
: « Je te dis pas de leur prouver, je te dis de leur
en parler ». Mais Prosper est persuadé qu’il n’en
a pas besoin. Non, il ne dira pas.
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Cependant, l’idée semble
faire son chemin. À ceci près qu’il ne sait pas bien lire
une carte routière. Du coup, il se retrouve non pas face au
groupe mais face à Michaël. Et, on l’a vu, ce n’est pas chose
aisée que de parler avec ce garçon « sérieux » et
« réfléchi ». Disons qu’il est dans une réflexion
propre… et à l’exclusion de tous. C’est un véritable acrobate
de la langue, à côté duquel n’importe quelle langue de bois
devient limpide et cristalline, et la mauvaise foi une discipline
qui devrait porter son nom. Autant dire qu’il ne se fait pas
prier pour apporter ses lumières à Prosper, qui les lui réclame
en ces termes : « Je pense qu’il y a des choses énormes
qui vous déplaisent chez moi, si vous ne me dites pas ce que
c’est, je peux rien arranger ». Réponse du Belge
: « Non, mais ça je suis d’accord. C’est-à-dire, à
mon avis, peut-être que t’es toi-même, peut-être que t’es
parfois pas toi-même, peut-être que t’en n’as rien à foutre ».
Et la lumière fut. Il fallait en parler. Maintenant, Prosper
est fixé. Peut-être.
Peut-être parfois pas. À la nuit tombée, après le repas, ces
amis, dont le même Michaël en tête, lui intentent un procès
des plus biaisés, où il n’est pas question de lui et cependant
que de lui. Ils déversent leur fiel. Mais, ils ne diront pas.
Au cœur de la discussion, la pédophilie. Ouille ! Bien sûr,
le montage nous plonge en pleine polémique sans que l’on sache
de quoi il retourne. Mais, on le sait d’emblée, on entend
Prosper dire : « quelqu’un qui viole un enfant… »,
et pour ceux qui ne l’auraient pas entendu, on peut lire,
au bas de l’écran: « Les Nice People discutent de la
pédophilie ». Déjà le ton est enlevé, Michaël fulmine
en tournant autour de la table et parle au-dessus du Français.
Il parle fort, très fort.
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