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Il n’y a pas de débat possible,
seule son opinion compte. Elle fait Loi. Il est Belge, il
n’a pas de leçon à recevoir en la matière : « On s’en
fout, vieux. Il a fait l’acte, on le bute ! », « Donc,
on le met à vie en prison ? », rétorque Prosper dans
une tentative de retour à la raison, absolument infructueuse.
Le Belge, buté, s’enflamme, s’agite de plus belle, parle encore
plus fort : « On le met à vie en prison, dans un petit
truc. On n’en a rien à foutre de ces gens-là ! » On
ne distingue plus ce que dit le Français. Ciel ! mais où est
Christophe ? Apparaît au bas de l’écran un commentaire restituant
le débat : « Prosper prône la thérapie. Michaël la prison
à vie ». Ouf ! Merci pour l’éclaircissement. Bien heureux
celui qui a pu suivre la position du Français dans cette cacophonie
belge.
Incapable d’entendre la possibilité d’un avis divergent, Michaël
opte pour la censure par l’insulte : « Toi, tu touches
mon gosse, je te jure, je te fous dans une taule et je te
chie dessus toute ta vie. Vraiment, je trouve que vous avez
un sale esprit. T’as un sale esprit. T’as un esprit pourri
! » Échauffé, Prosper adopte un ton plus ferme, bien
que toujours calme, et opte pour le mépris : « J’ai
pas un esprit pourri, mon ami. J’ai pas un esprit pourri,
c’est toi qui ne me comprends pas, parce que je suis peut-être
au-dessus de ce que tu peux comprendre ». Le Belge
est refroidi, net. Coi, il s’efface devant Serena et Helder
pour soutien, qui entre en jeu à la faveur de la tournure
que prend le débat.
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« Ça, c’est insolent
! » , assène-t-elle au Français. Vous ne rêvez pas,
dans l’histoire c’est Prosper l’insolent. Et lorsque celui-ci
lui demande : « Pourquoi il me parle mal ? D’où il
me dit que j’ai un mauvais esprit ? » ; l’Italienne
ne se démonte pas : le Belge a levé un lièvre, elle l’agite
allègrement, « On peut pas être pas d’accord. Tu prends
tout personnel ! » Fi des pédophiles, c’est Prosper
qu’on met en taule et sur qui on chie. Et, en plus, il le
prend personnel. Quel toupet ! La séquence est délirante.
Il me faut la voir et la revoir plusieurs fois pour en saisir
les tenants et les aboutissants dans l’enfièvrement général.
Pour le téléspectateur qui la voit une bonne fois pour toute,
dans le déroulement de l’épisode, il doit être clair que Prosper
a tort face à la hargne de ses accusateurs. Or, son seul tort
est de vouloir discuter avec Michaël.
Tort qu’il partage néanmoins
avec Eleanor qui tente, à son tour, d’expliquer au Belge que
ce n’est pas discuter que de dire « T’as un esprit
pourri et ciao! » Mais, celui-ci « [s’ ]en
fout, c’est pas ça qu’est important ». Elle ne désarme
pas pour autant : « Si, c’est ça qu’est important.
T’es en train de critiquer l’intégrité de quelqu’un. Si tu
dis que quelqu’un a un esprit pourri c’est très, très, très
grave ! » Acculé, il met un point à la discussion
par une pirouette en forme de fin de non-recevoir : « C’est
toi qui le dis. » Autrement dit, ce n’est pas grave
puisqu’il a effectivement un esprit pourri. Et c’est ça qui
est important.
S’ensuit une explication, franche et honnête vous vous doutez,
entre les deux hommes. Surtout entre Michaël, d’ailleurs,
qui persiste et signe : « C’est une question d’opinion
et de débat ». Christophe dit « allez, on
oublie », mais on n’oublie pas. Prosper prend conscience
de son tort, préfère le silence, sourit, tope dans la main
de son ami et prend la tangente. Le Belge, fort de son explication,
le suit et continue à déverser ses turlupinades. Eh, oui
ça se passe comme ça chez les Nice People. Pas de conflit
larvé. Nous, nous n’en saurons pas davantage.
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