|
 |
|
|
Et JP est bien placé pour
donner des leçons. Lui qui, quand il se fait allumer par Serena
qui lui signifie de l’embrasser, s’esquive, dans un premier
temps, en faisant l’enfant intimidé, puis argumente en mimant
une folle maniérée, et finalement part, affolé, se réfugier
dans les jupons des autres nice Lofteurs ,
non sans se réfugier dans les jurons, moyen de faire face
à une désorientation radicale : « Qu’est-ce t’as ?
T’as une poussée hormonale ou quoi ? T’as la foufoune qui
démange ? Elle est malade ! » Hors de lui,
bientôt il menace d’en venir aux mains. La lutte étant l’autre
corps à corps avec l’acte sexuel, mais aussi d’un autre âge
de la vie.
À l’instar de Katrin et Raimondo , qui se cherchent et ne
se trouvent, le couple Jean-Pascal et Serena avance et recule
: chacun parle, personne n’écoute. Le jeu de la drague de
l’avant-veille se termine en pugilat, où l’Italienne fouette
le Français avec une rose, alors que la soirée romantique
d’hier prend une tournure prometteuse, que Jean-Pascal s’empresse
de ruiner en déclarant sa flamme à Irène, la top model espagnole.
Si la communication semble passer entre les deux invités,
au point que la jeune femme accompagne JP jusque dans la chambre,
elle s’en trouvera très vite brouillée du fait que le monsieur
ne s’est pas lavé les dents. Ce que le verbe énonce, le corps
le dénonce.
 |
|
|
|
Il est vrai, aussi, qu’Irène
est prise sous d’autres feux. Nalle lui court après, et elle
n’y est pas insensible. Seulement, la communication fait défaut
et l’incertitude plane. Elle se laisse caresser, masser, crémer
le fessier, « bisouiller », porter. Ils se font
des politesses, ils dorment à côté, ils batifolent dans l’herbe
ou dans la piscine. Il se la raconte au confessionnal, elle
pense qu’ils sont amis, qu’il n’est pas amoureux, puis qu’il
est sincère, et finalement « qu’il doit être sérieux,
un petit peu ». Mais, surtout, elle pense « que
ce serait une connerie ». Ils sont le jouet idéal
du dispositif. Désignés ensemble à chaque épreuve, ils rejouent
avec bonheur la rencontre sans jamais passer à l’étape suivante.
Quand Irène se voit offrir l’occasion de l’allumer, donc de
l’embrasser, elle préfère choisir Jean-Pascal « parce
qu’il n’y a pas d’ambiguïté », avoue-t-elle à Nalle
. Cet aveu est aussi la seule fois où ils évoquent ensemble
un nous, en dehors du langage du corps. Connerie, ambiguïté.
Ce que le corps énonce, le verbe le dénonce.
Et, l’illusion de la communication s’ébat dans l’intervalle
de ce qui est énoncé et de ce qui est dénoncé. Soit dans le
règlement du conflit. Or, comme on l’a vu à maintes reprises,
dans Nice People le règlement du conflit relève d’abord
et exclusivement de la résolution affichée, et non d’une explication
apportée : il ne s’agit pas de dénouer un problème mais simplement
de se dire prêt à le faire pour que cela soit entériné. Ainsi,
tout peut se dire puisque tout sera pardonné.
|