|
 |
|
|
Au-delà de cette nouvelle
mise en abîme, les invités de la semaine apportent une autre
dimension à la variable invité people : ce sont des
produits. Dépourvus d’une quelconque caution, artistique ou
autre, leur seule raison d’être est d’être des denrées de
consommation fabriquées dans le seul but d’être consommées.
Le cas des Models nous dit même autre chose : que ce sont
des produits plastiques interchangeables, la triplette de
ce soir n’étant pas la même que celle des origines. Quant
à Jean-Pascal, né de la télé-réalité, il retourne à la télé-réalité,
comme une évidence. Comme seule issue naturelle. Produit TF1,
qui plus est produit le plus trash de la trash-tv
, que la chaîne décria tant ; il ne se déploie que
sur TF1 qui assure ainsi sa subsistance, lui donne son peu
de crédit et procure au téléspectateur la joie, sans cesse
renouvelée, du retour, si ce n’est du fils prodige, en tout
cas d’un familier, sorte de voisin un peu encombrant mais,
au demeurant, sympathique. Pour qui le veut. Et, Arthur le
veut, qui reconnaît en lui le provocateur qu’il fut (ou voulut
être) à ses débuts « d’animateur le plus con ».
Jean-Pascal, le miroir.
Toute sa notoriété tient à son tempérament. Que d’aucuns qualifient
de naturel. Ce qui est vrai si l’on considère que c’est la
nature qui s’exprime à travers lui et non l’humanité de l’homme.
Son séjour au château de la Star Academy , s’il ne
nous a guère convaincu sur les performances de son organe
vocal, nous a au moins permis d’apprécier les prouesses de
certains autres de ses organes, dont je vous épargnerai le
détail ici. Cependant, son naturel tient aussi à sa conception
du franc-parler, qui pourrait bien clouer le bec à la plus
fine équipe de la Villa, à savoir Michaël et Prosper. Ou les
exaspérer, c’est à voir.
 |
|
|
|
Un exemple de ce franc-parler
nous est donné à entendre dès ce soir. À la suggestion que
lui fait Arthur de pousser la chansonnette, durant sa semaine
dans la Villa, JP répond qu’il n’en fera rien « sans
ordinateur. » La remarque, en forme d’autodérision, est
beaucoup moins anodine qu’elle n’en a l’air. Derrière cette
fausse lucidité ironique (ironique quant à son parcours dans
la Star Academy , où il parvint en finale masculine)
point, en fait, une pensée suiviste et grégaire pour le moins
équivoque, si ce n’est dangereuse . La posture adoptée est
assez simple et démagogique : jouer l’absurde contre la complexité,
ou encore dire tout haut ce que, croit-il, tout le monde pense
tout bas.
Un tel usage de la parole nous éloigne, de fait, des intentions
affichées. Et, la parole perd de son essence. Elle n’est plus
parole parlante, c’est-à-dire exercice où le parler intervient
comme réalité, vocation et évocation du monde et de l’homme.
Il ne peut jamais parler qu’en ramassant ce qui traîne dans
la langue. En cela, son (franc) parler, sa langue, tient tout
bonnement du fascisme. Car, comme le souligne Roland Barthes
(La Leçon), « le fascisme, ce n’est pas d’empêcher
de dire, c’est obliger à dire ». Et l’on sait que s’obliger
à dire, comme le pratique notre acolyte, est façon d’obliger
à dire, sous peine de représailles terribles. Soit la perspective
d’une semaine placée sous le signe de la paix retrouvée.
Nice People , plus qu’une émission culturelle, un
programme progressiste.
 |
|
|