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Takeshi Kitano (c) D.R. COPIE CORRIGEE
Par Stephen SARRAZIN


On entend parler, de loin, avec un intérêt relatif, des remous secouant Les Cahiers du Cinéma en cet été 2003. Ceux-ci intéressent le milieu restreint de la cinéphilie nippone, celle qui lisait les parutions chaotiques de l'édition japonaise des Cahiers, ou qui se rendait à la Semaine des Cahiers, organisée chaque année à l'Institut franco-japonais de Tokyo. Les Cahiers déléguaient un des leurs (ces deux dernières années, Emmanuel Burdeau et Jean-Marc Lalanne), avec un choix de films français défendus par la revue.

  Cahiers du cinéma (c) D.R.
On semblait s'intéresser nettement moins au regard que portait la revue sur le cinéma japonais dès lors que la présence du clan était assurée : Kyoshi Kurosawa, Shinji Aoyama, Nobohiro Suwam, Naomi Kawase, tous d'excellents cinéastes. Quant au reste... Takeshi Kitano baignait dans la lumière du précurseur, Takashi Miike comme héritier de toutes les traditions de genres cinématographiques du Japon (ou pour le formuler autrement, Miike serait un Hong Kong à lui seul, cherchant à reformuler les films de gangsters, fantastiques, polars, comédies burlesques), et Hayao Miyazaki, le dernier grand maître du cinéma classique.

Alors quelle place pour les autres ? Dans ce numéro double de juillet-août, sur les séries américaines, deux notules sur deux productions qui ont déjà deux, trois ans... C'est qu'il en faut, parfois, du temps pour faire le trajet Tokyo-Paris (!) sans parler des trajets Paris-Tokyo qui n'ont jamais lieu. Bref, Kazushi Watabe et Shu-Lea Chang, réalisateurs respectifs de 19 et I.K.U., voient leurs films sortir à Paris durant la canicule... Accueil tiède, mou. Les Cahiers reprochent à Watabe de trop faire dans le " Kitano "...

Visitor Q (c) D.R.
Il y a plus de deux ans, j'étais contacté par les producteurs du film, et par le festival de Toronto, afin de réfléchir à une programmation thématique sur " les enfants de Kitano ", de la forme au récit. Watabe avait déjà remporté le Prix du festival Pia à Tokyo pour une version plus courte de 19 ; cette récompense l'encouragea à tenter un premier long-métrage qui témoignait de l'impact de l'univers Kitano sur une " bande " qui n'avait rien à voir avec les gangsters croisés dans Sonatine. Aucune loi, pas de code, pas de règles, pas d'élégance, et surtout pas d'argent. 19 ne joue pas sur le syndrome scandinave... du rapport otage-kidnappeur, mais sur la question qui est au cœur de tout le cinéma japonais contemporain : quel héros pour la société contemporaine ?