Le documentaire sur grand écran connaît
actuellement un robuste revival. Ça enquête dans tous les sens,
intime, journalistique, familial. Un micro phénomène qui en
dit long sur l’état actuel de la société, du monde : alarmant.
Hey papa, maman, ras le bol des questions, on veut des réponses.
Le docu, opium du peuple ?
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Il y a dix ans, au ciné, la tendance était
plutôt à fouiller dans les annales (Basic instinct,
Fatale…). Celles du cul. On n’avait que ça à la bouche,
à défaut d’autre chose. Ça baisait à chaque coin d’écran,
à chaque recoin de scénario. On en est revenu préférant passer
de la théorie scopique à la pratique de la nique. Résultat :
baby boom meurtrier. Passons. La littérature sentant le vent
copulatoire tourner a, une fois n’est pas coutume, anticipé
la hype en foutant du moi partout. Dans chaque coin de page,
chaque recoin narratif. Ça « name-dropping » dur
chez Angot, ça raconte ses petits malheurs pubeux chez Beigbeder
et ça fouraxe ferme chez Millet. Résultat : succès d’édition
avec mention spéciale pour Catherine M dont la vie sexuelle
n’en finit pas de drainer des pro-partouzes, gang bangs et
autres tournantes. On ne va pas s’en plaindre ici vu que…
Bon, ok, mais y a pas que le cul dans la vie, il y a aussi
le vit et le docu.
A force de laisser traîner son braquemart et son petit minou
un peu n’importe où, de les exhiber, l’overdose, cinématographique,
picturale et livresque devait bien finir par pointer son gros
nez. Du cul, du docu. Les deux ne sont pas si éloignés que
ça à bien y regarder. Si actuellement l’un semble succéder
à l’autre, c’est évidemment parce que retour de l’ordre moral
(on n’a pas attendu la droite réac de Raffarin pour ça), mais
c’est également parce que les deux siamois fourrent leur truffe
là où ça fait mal. Le cul peut faire mal. Mais je me comprends.
Tous deux ont trait à l’origine, à la genèse de soi. Et à
une époque où les questions restent définitivement sans réponse
(comme on ne pose jamais les bonnes questions, pourquoi aurait-on
un jour les bonnes réponses, chante Miossec) – dis papa, pourquoi
on n’a pas vu la scène où Luka de la Star Ac’ il a grugé ?,
dis papa, pourquoi on va nous supprimer un jour férié ?,
dis maman, pourquoi je suis pas un garçon ?, dis papa,
pourquoi c’est la crise ? - un terrain reste en friche, à
exploiter : celui du documentaire et des lièvres, nombreux,
qu’il soulève.
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