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(c) D.R. DE JOLIS FILMS DOCU
Par Cyrille GUERIN


Le documentaire sur grand  écran connaît actuellement un robuste revival. Ça enquête dans tous les sens, intime, journalistique, familial. Un micro phénomène qui en dit long sur l’état actuel de la société, du monde : alarmant. Hey papa, maman, ras le bol des questions, on veut des réponses. Le docu, opium du peuple ?


  Basic Instinct (c) D.R.

Il y a dix ans, au ciné, la tendance était plutôt à fouiller dans les annales (Basic instinct, Fatale…). Celles du cul. On n’avait que ça à la bouche, à défaut d’autre chose. Ça baisait à chaque coin d’écran, à chaque recoin de scénario. On en est revenu préférant passer de la théorie scopique à la pratique de la nique. Résultat : baby boom meurtrier. Passons. La littérature sentant le vent copulatoire tourner a, une fois n’est pas coutume, anticipé la hype en foutant du moi partout. Dans chaque coin de page, chaque recoin narratif. Ça « name-dropping » dur chez Angot, ça raconte ses petits malheurs pubeux chez Beigbeder et ça fouraxe ferme chez Millet. Résultat : succès d’édition avec mention spéciale pour Catherine M dont la vie sexuelle n’en finit pas de drainer des pro-partouzes, gang bangs et autres tournantes. On ne va pas s’en plaindre ici vu que… Bon, ok, mais y a pas que le cul dans la vie, il y a aussi le vit et le docu.

A force de laisser traîner son braquemart et son petit minou un peu n’importe où, de les exhiber, l’overdose, cinématographique, picturale et livresque devait bien finir par pointer son gros nez. Du cul, du docu. Les deux ne sont pas si éloignés que ça à bien y regarder. Si actuellement l’un semble succéder à l’autre, c’est évidemment parce que retour de l’ordre  moral (on n’a pas attendu la droite réac de Raffarin pour ça), mais c’est également parce que les deux siamois fourrent leur truffe là où ça fait mal. Le cul peut faire mal. Mais je me comprends. Tous deux ont trait à l’origine, à la genèse de soi. Et à une époque où les questions restent définitivement sans réponse (comme on ne pose jamais les bonnes questions, pourquoi aurait-on un jour les bonnes réponses, chante Miossec) – dis papa, pourquoi on n’a pas vu la scène où Luka de la Star Ac’ il a grugé ?, dis papa, pourquoi on va nous supprimer un jour férié ?, dis maman, pourquoi je suis pas un garçon ?, dis papa, pourquoi c’est la crise ? - un terrain reste en friche, à exploiter : celui du documentaire et des lièvres, nombreux, qu’il soulève.