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Michael Moore (c) D.R.

Le monde post-11 septembre pédale dans la semoule, tente de comprendre s’il est un Al Quaida en puissance ou bien deux tours jumelles en voie de déliquescence accrue. Il réfléchit le monde. Mais dans le cyber espace, personne ne l’entend crier. Hurler la mort. Panser les plaies en filmant, en se filmant puisque les pères ne le font pas, toujours préoccupés à ne pas assumer et, accessoirement, à envoyer leurs pitoyables productions camescopées à « Vidéo Gag ». Le phénomène n’est pourtant pas flambant neuf. Michael Moore, figure de proue du docu mainstream, a fourni les bases avec Roger and me et The Big one. Chez nous, c’est Cabrera, Dieutre et Libsitz qui, entre autres essayistes,  ont récemment récupéré le bébé. Et, bonne nouvelle, il en va du film documentaire comme du rock. On s’est fait cette réflexion ces derniers jours, en découvrant le tumultueux Histoire d’un secret et l’archi conceptuel No pasaran. Ces deux ogives dégoupillées ne sont pas sans évoquer les meilleurs écrits érudit-rock. Tout, d’images trouvées au hasard de personnelles recherches pour Henri-François Imbert jusqu’au mystère insondable, bien à point pour Mariana Otéro, absolument tout évoque les meilleurs témoignages rock. De Nick Kent et son obsession du Beach boy Brian Wilson qu’il suivra pendant trente ans à Lester Bangs et sa juvénile fascination pour les Count Five, tous les éléments romantico-journalistiques sont là. Cerise sur le gâteau bien copieux de la généalogie du secret, l’axiome de Philippon qui veut que le cinéma commence là où il y a des histoires de fantômes dans les caves, des monstres sous le lit, là où en somme il y a de l’enfance.

  Elephant (c) D.R.

Et c’est adéquatement que la réalisatrice d’Histoire d’un secret remonte au point de départ, cherche à mettre la main sur les fantômes et autres monstres qui lui empoisonnent l’existence. De quoi sa mère est-elle morte ? Sonder la moindre parcelle de propriété privée familiale, astiquer le moindre souvenir, presser comme des citrons parents et amis. Bref, foutre doucement la merde. Courser les réponses, traquer les non-dits. Il y a dans ce monde fâcheux suffisamment d’occasions d’en souligner la vacuité pour, entre deux dépits, reconnaître honnêtement un travail d’orfèvre, en l’occurrence celui d’Otero. Car la cinéaste nous emmène là où le tant plébiscité Elephant de Van Sant nous lâche. Dans la zone (frontalière) de l’explication, du pourquoi du comment. Pourquoi ces deux gamins en sont-ils arrivés là, bordel ? Dans ce monde pourtant si informé, où les psys sont en passe de détrôner les Jésus, Allah et Mahommet de tout crin, nous sommes en droit d’attendre des éclaircissements. Fendre la glace de la virtualité, du doute. Besoin de certitudes. Il est intellectuellement pertinent de nous faire part d’hypothèses qui par ailleurs permettent le désengagement, - très tendance ça le désengagement -, mais il est tout aussi pertinent de spéculer sur des valeurs sûres. De mettre sa parole en avant. En prendre le risque. Après tout, on envoie bien des textos super subversifs, et signés avec ça, à Fogiel. On aimerait que Van Sant nous dise : « Ces deux ados ont tué parce que ». Et c’est bien connu : comme l’a dit l’historien Pierre Legendre en 2000 : « L’image ne garantit rien, tout est affaire de montage ». Raison de plus pour dire, tirer des plans sur la comète. Ami(e)s documentaristes, continuez donc de nous mentir. On vous Depardonne.



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