On dit ici et là, dans
les milieux intellectuellement autorisés, que la Star academy,
c’est de la bouillie pour France d’en bas. En ces temps de
patchwork intimes, il en serait donc un certain nombre, à
commencer par plusieurs rédacteurs de ce site, dont votre
(humble) serviteur, qui, sans le vouloir, appartiendraient
à cette frange veillée par Jean-Pierre Pompidou (à côté de
ce Johnny sans aspérités, sans rides, sans tumeurs à la vie,
VGE, entendu ce matin dans le poste radio, fait figure de
Mick Jagger de la politique, tant son alacrité pédagogique
sur l’Europe en marche ou en débâcle, c’est selon, finit par
convaincre les plus réfractaires à l’Union - rendez-vous compte,
même à Moscou, on paye son Kebbab en euros, et le docte président
de la Convention européenne de ne pas évoquer, tant l’évidence
est flagrante, le gramme de hasch ramené d’un séjour aux Pays
Bas). Pourtant, attaquer le télé crochet d’Endemol, Arthur
et Courbit relève du plus assourdissant des simplismes. On
vitupère sur le paramètre vidéo surveillance de la chose,
sur l’enfermement forcément subi des candidats, et puis, cela
va sans dire, sur le manque de talent de ces derniers, décrété
par saint Télérama. Mouais ! Qu’en dirait Schneidermann
du fond de sa retraite colombanienne (au moins, maintenant,
le chroniqueur cathodique canonique, viré pour Œdipe exacerbé,
aura-t-il, tel Montiel, tout le loisir d’ouvrir sa gueule :
vous avez dit patchwork intime ?)
En 2003, il va malheureusement de soi, et
les actes parlent, que le service public n’est plus à la hauteur.
Ce n’est quand même pas Fogiel et De Pétrini qui nous feront
penser le contraire. Pas plus que ces deux pauvres gosses
tués récemment par leurs parents (bizarre, on m’avait toujours
dit que c’était aux enfants de tuer le père) et que les services
sociaux, malgré leur détermination, n’ont pu sauver. C’est
un autre débat que nous ne nous autoriserons pas ici à deviser.
Dans le privé aujourd’hui, on trouve de tout pour se refaire
une santé : des coachs pour réparer les bleus au cœur,
des psys qui déculpabilisent, des cartes de ciné qui permettent
d’y aller à volonté sans débourser une fortune (mais attention,
tout cela, chers amis, à un prix), et des émissions qui en
disent long sur l’époque. La Star Academy en est. Inutile
de le nier. Mesdames, messieurs les censeurs et autres prescripteurs
de fortune, il semblerait que vous avez mal regardé ce programme,
qu’à tort, vous l’avez accusé de tous les maux. Parenthèse :
Tout les oppose de Castaldi, précurseur et chantre de la télé
réalité locale, n’est pas exclusivement un simple show à décérébrer,
c’est aussi et surtout d’un point de vue esthétique une collision,
consciente ou non, entre Kiarostami et Soderbergh. Le bus,
la circulation des idées, souvent vomitives, je vous l’accorde,
font de ce magazine un pur produit cinématographique (Ten
+ Traffic) : admirable. Il en va de même pour
la Star ac’. Passons sur le module apprentissage à la chanson
de l’émission (même si ici, on a envie de hurler tout le bien
qu’on pense de Pierre ou de Patxi - vous inquiétez pas les
gars, on viendra vous voir à l’Olympia ou à la salle des fêtes
de Monplaisir près d’Angers). Penchons-nous plutôt sur le
casting du cru 2003.