Si lors de la première édition, en 2001,
la production avait tout misé sur les stéréotypes, une caractéristique
désembuée en 2002 où seul Georges-Alain répondait aux normes
du chromo télévisuel (le mec bougon, toujours prompt à s’insurger
en direct), en 2003, les sélectionnés sont plus complexes.
Bien sûr, quotas obligent, on a l’homo de service, mais qui,
attention, doit s’en cacher (Michal), on a aussi les personnes
de couleur (Amina, Sofia) mais, surtout, il y a Pierre. Ce
n’est quand même pas ma faute à moi si tous les Pierre ont
des couilles, un putain de caractère. Ce mec, par sa discrétion
remarquable et remarquée, est un daft punker. Souvent à l’arrière-plan,
volontairement, on ne voit pourtant que lui. Suffit de mater
le prime time du samedi pour succomber. Pierre est border
line. Là où ses illustres prédécesseurs, Jipé et Georges-Alain,
s’étaient déjà ostensiblement distingués, Pierre, lui, ménage
ses forces. Devrait prochainement foutre un sacré bordel sur
vos écrans. Parce que ce type est intrinsèquement bon. Pas
du genre à cracher dans la soupe, non, mais à rendre justice.
Tout simplement. Dans le camp adverse, faute de meilleur qualificatif,
on trouve la fascinante fille d’Alice Dona.
Raphaelle Ricci, dite Raffi et prof
d’expression scénique, est trash, selon ses propres termes.
Nombre d’esprits bienséants diront d’elle (cui cui) qu’elle
est méchante, qu’elle est injuste. Il est vrai qu’elle en
a fait chialer plus d’un/-e. C’est qu’en face, chez Popstars,
on a jeté l’éponge du gore depuis belle lurette. Raffi récupère
donc le marché. On en est là, à parler capitalisme là où il
devrait n’y avoir que du cœur, de l’humain. Certes, on a envie
d’étriper cette enseignante du pauvre lorsque, pleine de hargne
speedée (c’est qu’elle et ses collègues n’ont que quatre mois
pour accoucher de futures stars Kleenex), elle envoie ses
élèves dans leurs derniers retranchements lacrimaux. Pour
qui se prend-elle, se dit-on intérieurement ou devant des
amis ahuris par tant de sécheresse. Seulement, et c’est là
que son rôle de héraut du privé devient pertinent, on ne peut
qu’approuver une telle conduite quand, sur la grille de programmes
du public, on s’extasie devant la victimisation transcendée
de C’est PAS mon choix. La victimisation, pas plus que la
culpabilisation, n’a jamais permis d’avancer. Alors, oui effectivement,
Ricci collabore à un odieux système, mais elle sait, dans
ses manquements, injecter l’idée de responsabilisation. Pour
toutes ces raisons, et bien d’autres, nous soutiendrons et
nous collaborerons à Star Academy. Parce que la vie est cruelle.
Et qu’on en est là : à cautionner une certaine forme
de médiocrité. Sans honte et scrupule aucun.