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Fontaine - Bataille (c) D.R. INCENDIAIRES #4
De l’homosexualité
Par Cyrille GUERIN


Le cinéma, c’est donc plus que jamais le lieu du père à condition qu’il n’y soit pas - on se lève tous pour Daney. Un sas de désobéissance qui, aujourd’hui, vu l’inflation du retour à l’ordre – les ricains, toujours une longueur d’avance, l’ont compris qui ont sacralisé Schwarzie, chantre de l’autorité, en gouverneur de Californie - ne demande qu’à s’émanciper. Soumission quasi partout, résistance dans presque tous les arts. Presque car si l’on prête une oreille attentive à la production musicale depuis, disons 2001, it smells like outre tombe. Des Strokes, dont la seconde et récente livraison, ressemble comme deux gouttes d’eau pas férugineuse à des feux follets s’échappant de la tombe des défunts Velvet et Television, jusqu’aux plébiscités outre Manche Darkness, la nouvelle coqueluche, dans sa acception la plus maladive, du NME, en passant par Stellastarr, resucée new yorkaise d’Interpol, eux mêmes photocopies de la new wave britonne du début des eighties, on en arrive à ce triste constat : tout se recycle. Pas grand-chose ne s’invente. Ne se réinvente. Le cinéma, lui, toujours à la pointe des coups de torgnole dans la face des pères, préfère le maquis. A quelques collabos près - Matrix dès ses débuts se vautra dans un impressionnant simulacre de sédition, le septième art, toujours aucune progression dans ce classement depuis plus d’un siècle, garde son majeur bien en l’air. Tutoyant les anges, et sans crampe notable. En tant que cautionnaire de la rébellion, il a, en cette époque de réhabilitation des bonnes mœurs et de manichéisme axé du mal, bien du pain sur sa planche, pas des plus pourries.

  Arnold Schwarzeneger (c) D.R.

Il n’est donc guère étonnant qu’à tous les étages de la fusée image, soit le triptyque télé-cinéma-apparences, l’homosexualité, vecteur de l’insoumission, dispose de quelques leviers de commande. Ainsi mi-octobre, le Marais parisien s’exhibait Porte de Versailles pour la modique somme de 10 euros et pour, paraît-il, en finir avec les clichés. Pédés et goudous, selon les organisateurs, ne seraient pas que des cartes bleues bipèdes. Résultat : une brochette de représentants chicos et bobos animés par, on n’en doute pas un seul instant, la face humaine de l’homosexualité.  A preuve, cette série de conférences pertinentes (suicide chez les jeunes homos, coming out or not, l’homosexualité en entreprise…) rythmée par un mix de BPM environnants et de mélodies de sabots récipiendaires de CB. Côté sublimation des poncifs, on repassera. Ou non. La téloche n’est pas en reste, qui a bien compris qu’homos et lesbiennes étaient de bons clients. Le cultissime « Y a que la vérité qui compte » supervisé par les gay friendly Bataille (le grand) et Fontaine (le gros) reçoit régulièrement des archétypes piochés dans la fournaise homos :lesbos. Lionel est amoureux de José, mais il ne sait plus comment lui dire. Jean-Jacques en est, mais il ne sait pas comment l’annoncer à ses proches. Un coup de rideau et quelques échanges de banalités plus tard, genre les homos sont comme tout le monde – le fameux droit à l’indifférence, et les affaires se trouvent médiatiquement réglées. Là aussi, bien que l’intention soit louable, on ne sort pas des lieux communs hétéro normés.