« Et ça, ça va là-dedans »
This is Hardcore, Jarvis Cocker
D’abord une multiplicité de nomination. Scènes de sexe, de nus,
de chairs, de corps, de cul. Scènes sexuelles, sensuelles, charnelles,
corporelles, érotiques, pornographiques, chaudes, cochonnes,
à poil. Scènes de. Scènes à deux. Scènes doubles. Le personnage
et l’acteur. Bien plus souvent l’acteur quand celui-ci n’est
pas dirigé que le personnage.
Il ne s’agit pas ici d’être exhaustif
ni de se plonger dans le débat rebattu de la représentation
de l’acte sexuel au cinéma mais juste de prendre en considération
les scènes de sexe de quelques films récents. Après tout si
les cinéastes décident de montrer des scènes de cul à l’écran
c’est qu’ils veulent qu’on les regarde, d’autant plus que concernant
le sexe à l’écran, les tabous et les interdits sont tombés depuis
plusieurs années.
Je sais bien que les vrais pornographes se paluchent devant
FashionTV, vous laissent toujours tomber le premier samedi soir
du mois et ont leur indispensables paires de jumelles de poches
pour mater la voisine exhib’ mais voici une petite liste des
séquences qu’ils ont ratés. Nous aussi on a maté.
BEST OF
La plus émouvante
Raja de Jacques Doillon. Entre
Raja la jeune marocaine et Frédéric, l’occidental quadragénaire
amateur de « cul léger », le passage à l’acte ne résout
rien bien au contraire. Raja qui taille des pipes dans les voitures
tombe amoureuse de Frédéric mais ne peut s’empêcher de se comporter
avec lui comme avec un client. A part « cadeau » et
« argent », Raja connaît aussi le mot « capote »,
« t’as fini » lance-t-elle à Frédéric. Il répond
« ça me coupe les couilles que tu dises ça ».
Bien loin de traiter « la scène » avec le renoncement
de certains cinéastes qui ne voient dans ce genre de scène que
l’aboutissement d’une inévitable intimité entre deux personnages,
dictée par un scénario peu imaginatif, Doillon la décale aux
trois-quarts du film pour montrer l’impossible intimité de Raja
et Frédéric. Car l’enjeu du film de Doillon est de filmer l’intimité
entre deux êtres qui n’arrivent pas à avoir autre chose que
des rapports d’argents. L’intimité entre deux continents.
Les plus bruyantes
Twenty Nine Palms de Bruno Dumont. Entre lui,
photographe américain venu faire des repérages dans le désert
et elle, russe parlant français, ça pénètre fiévreusement,
ça étreint ferme, ça veut fusionner, ça gémit, ça crie, ça
hurle. Ça n’est pas du réalisme, mais ça essaie de fictionner
quand même. Pas de fusion, pas de fiction. Un terrifiant sur
place. C’est du toc du baroque du grotesque, mais si ça crie
c’est parce que finalement on ne peut pas distinguer les cris
du viol de ceux de la jouissance. Ça ne fusionne pas les cris
ça se propage, comme la violence.