Il
paraît bien loin le temps béni d’avant 21 avril de l’année
que vous savez où Cindy Lee, convoitant l’Elysée, répandait
sa bouille peinturlurée sur les murs de la capitale, exhortant
la société à plus de plaisir. A l’époque, on se broyait les
guiboles de joie sur le dernier Masters at work anabolisé
aux hormones d’excroissance groove - James Ya mo be there
Ingram y faisait un kaméo fracassant. Un an et demi et bien
des couleuvres caniculairo-gérontophiles avalées, et loin
d’être digérées, plus tard, le monde à bout de souffle mensonger
s’emmerde ferme sur le troisième Basement Jaxx, pourtant annoncé
comme révolutionnaire et foutrement orgiaque, porteur de moult
espoirs dance. Seulement voilà, le duo londonien, instigateur
naguère d’un charivari house festif et abrasif - Remedy et
Rooty, leurs précédents efforts ont fait pogoter nombre de
maisons de retraite et de pensionnats de carmélites - a grandi.
Les deux gus ont pris quelques rides sous un Blair pro-Bush
et un prince Charles aux tristes frasques. De ce côté-ci de
la Manche, et vu le contexte qu’on ne s’épuisera toujours
pas à qualifier, on n’est guère impatient de découvrir la
suite du Discovery des Daft Punk. Et ce n’est pas I monster
la révélation trip-hop vaguement psychée, croisement bâtard
entre Air et Royksopp, qui va tremper nos aisselles.
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Il
est bien loin le temps de l’anti-judéo-christianisme où marcher
dans le sable n’était pas source de culpabilisation. C’est
qu’aujourd’hui, on ne rigole plus. Il suffit de survoler la
rentrée littéraire pour vérifier que nous sommes revenus au
temps de la plume et du goudron, des couronnes de ronces et
autres punitions sur la place publique. Levi’s vient de sortir
une collection Work hard. Eloquent. Raffarin 33% augmente
les clopes - Fumer nuit à votre porte monnaie, dégraisse le
calendrier des loisirs d’un jour férié, les curés montent
au créneau pour récupérer leur lundi de Pentecôte - abolit
doucement mais sûrement les 35 heures et augmente la durée
de cotisation pour des retraites dont nous ne profiterons
pas because troisième guerre mondiale en vue. Par contamination,
la société de l’image, elle aussi, instille cette sournoise
idée de rupture avec le divertissement, un écrasant revival
du sacrifice. La campagne actuelle d’Orange a beau tenter
de botter en touche cette aérophagique évidence en portant
le jeu aux nues des (pré)occupations, le sadisme s’invite
sur tous les plateaux de télé-réalité et dans quelques scénars
ciné. Ainsi, au printemps dernier, les Nice People ont-ils
dû pour quelques euros de plus s’affubler d’épaisses doudounes
et de volumineuses moon boots par quelque 30°.
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