 |
|
|
|
En
cette rentrée, Endemol a décidé de transformer le château
des star academyciens en un goulag où l’inquiétant substrat
de la douleur arrive en tête du classement hebdomadaire. Mater
le prime time de l’émission phare de TF1 suppose une sérieuse
accointance avec la douleur, voire l’auto-mutilation :
visages marqués par des sévices rapportés semaine après semaine
par la presse télé et people, voix fatiguées par on ne sait
quels coups de fouet pseudo-pédagogiques, corps désincarnés
via des chorégraphies régies par un dépassement de soi pathologique.
Il n’y a que Pierre, nouvel avatar du suicide cathodique,
dont le dorénavant mythique « Je n’attends pas qu’on
me rende ma liberté, je la reprends » qui ait osé
casser, avec bravoure, cette implacable mécanique. Des concepts
sacrificiels érigés en règle de vie, en somme. La livraison
2003 de Koh Lanta avait déjà préparé le terrain en décuplant
les épreuves proposées aux candidats. A partir du 26 novembre,
il faudra désormais compter avec le déjà très contesté « A
bout de forces » mis bas, là aussi par Endemol, et dont
la finalité paroxystique consiste à empêcher de sombres crétins
cupides de dormir. A la clé : 120 000 euros.
En
parfaite symbiose avec un monde qui, excepté le numéro d’automne
du Magazine littéraire dédié aux épicuriens, une race
en voie d’extinction, n’hésite plus à signer des contrats
avec la torture, à se laisser décorer le bas de l’échine à
l’aide de coups de cravaches à l’esthétisme douteux. Nouvelle
forme de piercing idéologique, le sévice remporte tous les
suffrages. Les chiffres de Médiamétrie en attestent. Seul
résistant à cette entreprise d’asservissement, le premier
long métrage d’Alain Guiraudie qui détourne l’obligation de
rendement, avec pour corollaire le devoir de ne pas fermer
l’œil, en une incitation incandescente à l’onirisme. Au rêve.
Pas de repos pour les braves, disent-ils…
|