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(c) D.R. A QUOI SERVENT LES CESAR ?
Par Clément GRAMINIES


La cérémonie des César, bien qu’elle ait la solide réputation d’être aussi soporifique que la remise des Victoires de la Musique, constitue néanmoins un événement majeur pour la profession qui y voit incontestablement l’opportunité « d’encourager la création de la cinématographie et attirer sur elle l’attention du public » . La 29ème édition et son palmarès pour le moins déprimant représentent l’occasion de faire le point sur ce rassemblement consensuel et foncièrement hypocrite qui ne lésine pas sur les prétentions.


  Georges Cravenne (c) D.R.

En 1975, à l’initiative de Georges Cravenne, l’Académie des Arts et Techniques du cinéma est fondée. Afin de donner un équivalent français aux Oscar, les César sont créés et ont pour ambition de distinguer les œuvres cinématographiques « les plus remarquables » sorties durant l’année. Les premières éditions récompensent généralement des œuvres de bonne qualité mais célébrant des artistes déjà reconnus dans la profession et par la critique. Puis, au fil des éditions, il devient de plus en plus aisé de faire des pronostics tant les précédents lauréats ne représentent qu’un seul et unique pan du cinéma français, celui que Cravenne s’attache à appeler la « grande famille ». Aujourd’hui, une production de Claude Berri mise en musique par Philippe Sarde et dont la majeure partie des comédiens a pour agent Dominique Beshneard, à toutes les chances de rafler un certain nombre de statuettes. A contrario, quantités d’auteurs passionnants sont bannis des éditions sous prétexte de refuser ce rassemblement soi-disant fédérateur, ou tout simplement par rejet des conventions méritocratiques. Du coup, Claude Chabrol, Jean-Luc Godard, Jacques Rivette ou encore Eric Rohmer, pour les plus connus d’entre eux, n’ont jamais reçu la moindre distinction et certains n’ont pu tenter leur chance qu’à coup d’académisme forcené qui caractérise si bien cette « qualité française » ici défendue : Le Dernier métro de François Truffaut, Les Destinées sentimentales d’Olivier Assayas ou plus récemment, Les Sentiments de Noémie Lvovsky restent les meilleurs exemples de ce que les César offrent comme limites. Mais cette absence symptomatique d’ouverture sur la diversité de la création est aussi une question d’image car il faut avant tout rester en adéquation avec les goûts du grand public pour rester crédible. On va préférer honorer Le Fabuleux destin d’Amélie Poulain plutôt que Anatomie de l’enfer ou applaudir à tout va André Dussolier et non pas Guillaume Depardieu.