ET SI…  (Fictions Corp.)
                    
                    
                  
                  « Et si Spielberg, Lucas, 
                    King, étaient des extraterrestres dont la tâche est de nous 
                    habituer à travers des films comme E-T à nous préparer mentalement 
                    à la grande invasion. » dit en substance Casey a.k.a 
                    Elijah Wood, pas encore l’icône nerd Frodon, dans le teenage 
                    movie The Faculty. L’art de la mise en abîme, rouerie 
                    dont on ne sait si elle s’est mis en scène primitivement le 
                    mieux dans la littérature ou la peinture, mais qui est aussi 
                    vieille que la représentation et les miroirs, prend ici sa 
                    tournure série B américano-kitsch jouissive.
                    
                    Le propos n’a rien d’anodin.
                    
                    Il condense en densité poétique 
                      de drugstore une vérité connue depuis Walter Benjamin : 
                      le cinéma, art de masse, diffuse l’avant-garde sans même 
                      que le public n’y prenne garde. « peut-être que 
                      dix mille personnes n’ont pas oublié la pomme de Cézanne, 
                      mais c’est un milliard de spectateurs qui se souviendront 
                      du briquet de l’Inconnu du Nord Express ».(1)
                      
                      A cela ajoutons qu’il sait 
                      s’auto-célèbrer, et générer ses propres mythes. L’image 
                      est sa matière, la représentation son seul sujet. Mais bien 
                      plus, Casey énonce une équation quotidienne : l’espace 
                      de la fiction est le même que l’espace du réel. Le cinéma 
                      a-t-il, du fond de son passé forain, su mesurer les effets 
                      de sa technique ? Non, bien sûr, il a fallu cent ans 
                      pour comprendre.