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Mais on y est. La force projective
de la machine-cinéma a fini par se domestiquer, entrer dans
le domus, grâce à la télévision et à ses avatars
(dvd, divx), et augmenter de fait sa puissance fictionnelle,
moyennant la part de déréalisation propre à la vie qui s’assure,
se maintient dans la survie économique, dont la geste quotidienne
s’écrit en son cœur simple contre les signes chatoyants
du bruit et de la fureur du monde.
Alors pourquoi ne pas jouer le jeu de la fiction ?
Si comme le dit Bruno Latour : « nous n’avons
jamais été modernes », que notre pensée moderne
- comme allégeance aux trois divinités que sont l’Efficacité
technique, la Rentabilité économique et l’Objectivité scientifique
- n’est qu’un fantasme, un voile pudique tiré sur des constructions
sociales multiples, sur le jeu de pratiques signifiantes
et locales, afin de s’en tenir encore au désir de l’Unité
et de la Totalité, alors le réel passe par l’épreuve de
la post-modernité et du dépassement de celle-ci dans la
fiction. (1)
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Alors nos vies se pareront de plumes
pixelisées.
Alors nous entretiendrons les rites magiques par écrans
interposés.
Alors nous serons les sauvages au cœur de la jungle des
réseaux.
Alors nous marcherons comme Al Pacino, conduirons des voitures
comme Brad Pitt, sourirons comme Georges Clooney.
Alors nous croirons à ce que dit Michael Moore, mais aussi
aux désirs d’Elodie.
Alors Jessica Lynch sera ministre de l’information.
Alors nous rêverons que la vérité est ailleurs.
Alors le village des damnés sera notre Eden.
Nous avons nos yeux braqués sur la Science, et c’est la
Fiction qui nous entoure.
Préparons nous donc pour l’invasion…
(Tiens, si nous regardions le dvd de Wolf Rilla où Georges
Sanders porte si bien le costard…)