C’est un fait. La TV réalité fait aujourd’hui partie de notre paysage télévisuel. Quoi qu’on en dise. Les chaînes ayant adopté le concept (uniquement TF1 et M6 dans le paysage audiovisuel Hertzien) font preuve d’une imagination débordante et recherchent des concepts dans ce sens, escaladant l’échelle du trash lentement mais sûrement. Mais, soyons francs et honnêtes, le but recherché dans l’immense majorité des cas est de satisfaire les exigences libidinales et voyeuristes d’un public volontiers consentant. Après 5 années d’expérience, on a désormais un recul suffisant pour effectuer un bilan : force est de constater que d’un point de vue sexuel, le Loft d’M6 n’a pas eu d’égal. Balbutiement oblige du concept naissant, absence de maîtrise et de « jurisprudence » en la matière, Loft Story a été la seule émission du paysage audiovisuel français ayant connu des actes sexuels non simulés et filmés. Le retentissement fut à l’époque énorme, les informations nationales de toutes les chaînes annonçant le nom des éliminés chaque semaine et des quotidiens aussi sérieux que Le Monde faisant choux gras des ébats aquatiques de Loana et Jean Edouard et ce en première page.

Les critiques furent virulentes. Cette télévision poubelle, qui révélait la pauvreté grandissante des contenus télévisuels d’une manière spectaculaire, venue tout droit des Etats-Unis jetait un véritable pavé dans la mare et divisa la France en plusieurs camps. Une sorte d’affaire Dreyfus des temps modernes n’ayant pour propos que les plus bas instincts humains étalés au grand jour et pour le plus grand nombre. Le succès étant présent, les chaînes n’avaient d’autre choix que de continuer à creuser dans cette veine et à trouver de nouveaux concepts capables de captiver les foules (et donc de rapporter des sous à la chaîne). Apprendre à des jeunes à chanter dans un château ne rapporte pas forcément énormément d’audience (quoique), mais les ventes de disques sont une autre manne intéressante. La reprise du concept originel ne fonctionne pas non plus (Loft Story 2 fut un échec cuisant). Le Bachelor, Opération Séduction et l’Ile de la tentation répondent entièrement aux canons exigés, mais le spectateur perd l’aspect « direct-live », la quotidienneté et se méfie donc de ces émissions éventuellement scénarisées. Et c’est ainsi que, presque dans l’indifférence totale sont arrivés Les colocataires sur M6.