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Autre Une significative d’une société qui
a fichtrement la gueule dans le cul, celle du « Monde »,
où là non plus les plumitifs ne rigolent pas tous les jours
selon une persistante rumeur, vous savez la rumeur du Monde.
La Une du « Monde », donc, daté du 15 septembre
mitraille : « De Fillon à M6, la nostalgie d’un
ordre scolaire disparu », rapport au phénomène Pensionnat
de Chavagnes. Tout est dit, les chiffres médiamétrie et
la couv’ de Télé loisirs enfoncent de leur côté et en chœur
le clou de l’évidence. Revenons à ces valeurs si probantes
qui, naguère, faisaient bander les professeurs et leur aigreur
libidineuse. Back to the soumission. Car, oui, et c’est bien
là que le bât effilé blesse encore plus en 2004. Entre un
Pensionnat de Chavagnes qui dit bien son nom
et une Star ac’ new school, aseptisée comme c’est pas
permis, et qui cache ses intentions autoritaires sous un déluge
de candidats soit-disant séditieux (Harlem, presque 27 ans,
n’est-il pas à la rébellion ce que Raymond Marcellin fut à
la liberté d’expression en 68 ?), la société du spectacle
ne braille plus que cela : écoute du rock ou du pera
grossièrement appliqué, man, mais surtout, de grâce, reste
dans les clous et entretiens bien tes Converse parce qu’à
la première tentative d’affranchissement, on t’envoie de la
matraque en veux-tu-en voilà. Et là t’auras plutôt intérêt
à ne pas être éclopé.
Alors oui, l’engagement aujourd’hui n’est plus, au pire, qu’un
simulacre, ou, au mieux, q’une série de questions bien embarrassées
et contre lesquelles vos somnifères remboursés ne peuvent
rien, si tant est que vous ayez encore une conscience. Mais
là, dans l’art en gros, où cette notion si noble, bordel,
et pourtant si rabachée par journaux branchés interposés pourrait
encore s’exprimer, on constate en guise de ras le bol, de
fatigue de tout comme un constat qui incite presque à se tirer
une balle dans notre caleçon Calvin Klein. Alors oui, en juin
dernier, on a bien eu de la pelloche incandescente à se carrer
dans la pupille via Fahrenheit 9/11 de Moore ou Le
Monde selon Bush de Karel comme des appels,
inégaux, à l’indignation, à renouveler son passeport. Mais
cet été, ce sont deux films, deux fictions pur jus, et nettement
plus symptomatiques de cette effroyable gamberge – à quoi
mène la contestation de nos jours, à quoi bon lutter et, au
fait, où en est le cours de la battavia ? qui nous ont
rappelé à nos devoirs de vacances, à nos obligations de citoyens
à plein temps : le second volume du cicatrisé Spiderman
puis la nouvelle livraison de Guédiguian, Mon père est
ingénieur.
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L’un comme l’autre, et à leur manière hollywoodienne
et vieux gaucho en voie de déconcertation le cul entre deux
mondes, s’interrogent sur l’engagement et son corrolaire,
la responsabilité, ces bonnes vieilles badernes qui ont fait
la fierté de nos ancêtres et dont on se gausse tant en écoutant,
allez au hasard, du Delerm. Guédiguian comme Raimi nous mettent
face à un état de fait suintant de vérité et de frayeur :
le super héros, qu’il défende la veuve et l’orphelin ou qu’il
vole au secours des opprimés, a la cape et les idéaux en haillons.
Tantôt il ne jouit plus, tantôt il ne parle plus. Fut un temps
où le super héros était infaillible, intouchable, increvable.
Puis vint le Batman gothique et quasi aphasique
de Burton, puis un Schwarzennegger découvrant l’existence
des globules rouges dans le Last Action Hero
de Mac Tiernan. Des transitions, des courroies de transmission
diégétiques qui ont peu à peu amené à une vulnérabilité intersidérante
du action hero, encore inconcevable d’un point de vue scénaristique
et tiroir caisses à l’époque des Superman. Certes il
y a bien eu les Rocky et autres Rambo proposant
une nouvelle donne, celle du doute mais celle-ci n’allait
pas jusqu’au bout de son cheminement.
En 2004, au cinéma, et il convient de s’en réjouir dans un
migraineux paradoxe, le super héros, qu’il soit incarné par
Tobby MacGuire ou Ariane Ascaride, et de par son passif balafré,
côtoie le doute et l’incertitude, la mort en somme. Et c’est
dans cette nouvelle nomenclature que le super héros actuel
est fascinant car, oui, son mutisme volontaire (Ascaride)
ou ses flâneries sous Burt Bacharat dans un New York bizarrement
ensoleillé (MacGuire) nous remettent en mémoire qu’il n’est
pas d’engagement sans l’idée sous-jacente de mort. Ce que
semble oublier, vous avez dit Ahlzeimer ? Notre monde
réel sous le joug du Botox, DHEA et autres produits d’entretien
métrosexuels. Spiderman appelé à règner ? Certainement
plus longuement que les personnages affadis et sans relief,
voire haineux, d’un Shyamalan à la roublardise endemolisée.
Et Marina Foïs dans tout cela, me direz-vous à juste titre :
et bien elle a peur.
Comme on la comprend.
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