Aujourd’hui,
à un pote provincial résolument artiste et absolument autiste,
dans le sens superlatif du terme, je répondis, la mitraillette
aux commissures, à sa question « que fais-tu aujourd’hui ? » :
« je vais au front ». Comme d’autres vont au boulot
forcément mal rémunéré, au supermarché où la dernière sensation
Star Ac’ va les accompagner au rayon bromur – « pourquoi
faire les courses au carrefour rend-t-il l’humanité insupportable ? »,
affirmait Miossec dans « Brûle », ou au cinéma
pour se taper une daube qu’elle soit lelouchienne ou non.
Alors oui, si en 2004, plus que jamais, en attendant le
plus pire comme diraient hypocoristiquement mes deux adorables
petits neveux qui se demandent bien, entre deux T.S. et
ingestions de Prozac, ce qu’ils foutent là (si je savais,
moi, déjà que j’ai toujours pas trouvé personnellement LA
réponse – peut-être faire l’amour sur Oasis et les Libertines
est-il LA solution), si en 2004, donc, prendre le clavier
équivaut à revêtir un ensemble Gucci treillis parka, autant
le dire sans ambages : je suis, et dans cette circonstance
exclusivement, farouchement pro guerre.
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Vous avez remarqué,
ces temps-ci, ça se bouscule au portillon de l’image dans
toute l’acception d’icelle. Si à la téloche, ça cause toujours
autant autour du nombril autophage - nous saluons néanmoins
la naissance de la petite Isabelle Morini-Bosc et du père
du 16/9ème, autrement plus connu comme parangon
de la paraphrase cathodique, Guy Carlier, à la radio, la
fascination du petit écran est toujours intacte quoi qu’endeuillée
par la perte d’Evelyne Thomas sur RMC Info. Ni fleurs ni
couronnes. Merci. Ainsi va la vie. Alors que Morandini,
professionnellement mort et enterré pendant huit années,
sort, avec dignité et rigueur, un pied de la tombe,
Thomas, elle, commence sa peine. Courage Evelyne :
huit ans au purgatoire Pernault légitimera en 2012 un papier
laudatif dans Télérama. C’est ton choix : que
tu le regrettes ou que tu l’assumes. L’image télévisuelle
auto analytique depuis l’avènement de Télés dimanche
à la rentrée 92 (souvenez-vous, au passage, de ce grand
moment de télé où, au cours du premier numéro du magazine
de Denisot, qui, tiens, lui aussi revoit un peu de lumière,
Patrick Sabatier, l’ami des (i)mages, affirmait au prêtre
Michel qu’il n’était pas fini…) n’a cessé de connaître une
évolution érectile. Du déférent Chancel au gentiment migraineux
Schneidermann, sans oublier la cocochannelisée Daphné Roulier
(quelle classe cette meuf, non mais quelle classe !),
la petite lucarne en aura pissé du décryptage souvent camouflé
en (auto)promo. Vous avez dit incontinence ? Sauf qu’aujourd’hui,
la télé, dans la mission de mea culpa qu’elle s’est soi-disant
vertueusement administrée est arrivée à une limite. Pour
ne pas dire LA limite.