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Incendiaire INCENDIAIRE #9
De  l’image
Par Cyrille GUERIN



Aujourd’hui, à un pote provincial résolument artiste et absolument autiste, dans le sens superlatif du terme, je répondis, la mitraillette aux commissures, à sa question « que fais-tu aujourd’hui ? » : « je vais au front ». Comme d’autres vont au boulot forcément mal rémunéré, au supermarché où la dernière sensation Star Ac’ va les accompagner au rayon bromur – « pourquoi faire les courses  au carrefour rend-t-il l’humanité insupportable ? », affirmait Miossec dans « Brûle », ou au cinéma pour se taper une daube qu’elle soit lelouchienne ou non. Alors oui, si en 2004, plus que jamais, en attendant le plus pire comme diraient hypocoristiquement mes deux adorables petits neveux qui se demandent bien, entre deux T.S. et ingestions de Prozac, ce qu’ils foutent là (si je savais, moi, déjà que j’ai toujours pas trouvé personnellement LA réponse – peut-être faire l’amour sur Oasis et les Libertines est-il LA solution), si en 2004, donc, prendre le clavier équivaut à revêtir un ensemble Gucci treillis parka, autant le dire sans ambages : je suis, et dans cette circonstance exclusivement, farouchement pro guerre.

  Incendiaire

Vous avez remarqué, ces temps-ci, ça se bouscule au portillon de l’image dans toute l’acception d’icelle. Si à la téloche, ça cause toujours autant autour du nombril autophage - nous saluons néanmoins la naissance de la petite Isabelle Morini-Bosc et du père du 16/9ème, autrement plus connu comme parangon de la paraphrase cathodique, Guy Carlier, à la radio, la fascination du petit écran est toujours intacte quoi qu’endeuillée par la perte d’Evelyne Thomas sur RMC Info. Ni fleurs ni couronnes. Merci. Ainsi va la vie. Alors que Morandini, professionnellement mort et enterré pendant huit années,   sort, avec dignité et rigueur, un pied de la tombe, Thomas, elle, commence sa peine. Courage Evelyne : huit ans au purgatoire Pernault légitimera en 2012 un papier laudatif dans Télérama. C’est ton choix : que tu le regrettes ou que tu l’assumes. L’image télévisuelle auto analytique depuis l’avènement de Télés dimanche à la rentrée 92 (souvenez-vous, au passage, de ce grand moment de télé où, au cours du premier numéro du magazine de Denisot, qui, tiens, lui aussi revoit un peu de lumière, Patrick Sabatier, l’ami des (i)mages, affirmait au prêtre Michel qu’il n’était pas fini…) n’a cessé de connaître une évolution  érectile. Du déférent Chancel au gentiment migraineux Schneidermann, sans oublier la cocochannelisée Daphné Roulier  (quelle classe cette meuf, non mais quelle classe !), la petite lucarne  en aura pissé du décryptage souvent camouflé en (auto)promo. Vous avez dit incontinence ? Sauf qu’aujourd’hui, la télé, dans la mission de mea culpa qu’elle s’est soi-disant vertueusement administrée est arrivée à une limite. Pour ne pas dire LA limite.