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ANTHONY ET JOE RUSSO
Anthony et Joe Russo sont nés à un an
d’intervalle dans un quartier ouvrier italien
de Cleveland, dans l’Ohio. Fils d’un politicien
libéral, ils ont grandi dans les années 70,
une époque tumultueuse puisque Cleveland a été
la première grande ville américaine à connaître
la crise depuis la Grande Dépression. Bienvenue
à Collinwood a été influencé par les rivalités
ethniques et les paysages industriels en déclin
de leur jeunesse.
Avant de suivre un cursus cinéma, Anthony et
Joe ont écrit, réalisé et produit Pieces, dont
Joe était en plus l’un des interprètes. Le film
a été présenté en 1997 au Slamdance Film Festival
de Park City, dans l’Utah, et à l’American Film
Institute Festival à Los Angeles, où Joe a obtenu
le Prix du meilleur acteur de l’American Film
Institute.
Steven Soderbergh a vu Pieces au Slamdance Film
Festival, où il était présent avec son propre
film, Schizopolis. Une semaine plus tard, il
proposait aux deux frères de produire leur film
suivant. Bienvenue à Collinwood est ainsi
devenu le premier film produit par Soderbergh
et George Clooney sous la bannière de leur société
de production nouvellement créée, Section Eight.
BIENVENUE A COLLINWOOD
Collinwood est un faubourg de Cleveland, mais
pas celui où l’immobilier est en hausse, ni
un de ceux où la municipalité aménage de jolies
places fleuries en bordure de magasins rutilants
où se presse la classe moyenne. Collinwood est
un ancien quartier industriel peu à peu déserté.
On y gagne beaucoup moins qu’ailleurs, chaque
ruelle tourne au ghetto, et chacun y survit
comme il peut. C’est une autre facette de l’Amérique,
authentique.
Joe et Anthony Russo, les réalisateurs de Bienvenue
à Collinwood, sont nés à Cleveland. Anthony
explique : « Plusieurs éléments
nous ont poussés à placer cette histoire dans
le quartier ouvrier de Cleveland. Le décor est
un personnage à part entière du film. Il conditionne
les gens et leur perception du monde. Notre
histoire est une fable. Elle n’est pas précisément
rattachée à une date. Le quartier est à l’écart
du temps, il ne subit pas les modes, on y vit
selon des principes ancestraux. En outre, nous
aimions l’idée de mettre en scène des personnages
aux antipodes des clichés. Tous sont des losers,
des laissés-pour-compte, mais chacun est nuancé,
humain, fragile. »
DEUX BONS GENIES
C’est en 1997 que Steven Soderbergh découvre
le film d’étudiants que les frères Russo ont
réalisé. Le producteur exécutif, Casey La Scala,
se souvient : « L’histoire de Bienvenue
à Collinwoodest un peu un conte de fées
dont les deux bons génies seraient Steven Soderbergh
et George Clooney. Steven a repéré le travail
de Joe et Anthony au Festival de Slamdance.
Il les a contactés. »
Joe confie : « Nous n’avions
réalisé qu’une petite comédie sombre, Pieces,
et Steven voulait produire notre prochain projet.
Il nous a dit qu’il pouvait nous proposer des
scénarios déjà écrits ou nous permettre de réaliser
nous-mêmes un de nos scripts. Nous nous sommes
mis à écrire aussitôt. »
Anthony ajoute : « Lorsque
Steven et George Clooney ont fondé leur société
de production indépendante, Section Eight, ils
nous ont naturellement inclus dans leurs projets. »
LA FINE EQUIPE
Anthony Russo explique : « A notre
sens, Bienvenue à Collinwood est
une comédie de personnages. Ils viennent tous
d’horizons différents, ils sont d’ethnies et
d’origines très variées. Ils ont tous des raisons
personnelles de s’embarquer dans l’aventure.
Ils sont plus paumés que dangereux. Ils essayent
de s’en sortir mais s’y prennent mal. Nous tenions
à cette diversité humaine, à cet esprit un peu
décalé, léger et frais. »
En parrainant les deux réalisateurs, Steven
Soderbergh et George Clooney ne se sont pas
seulement engagés financièrement, ils ont défendu
le projet, attiré un casting de premier plan
et décroché l’appui d’un studio.
Le producteur exécutif, Ben Cosgrove, raconte :
« Tous les gens qui ont travaillé sur
ce film étaient très volontaires. Le budget
n’était que de 8 millions de dollars. Quand
vous évoluez dans ces sommes, ceux qui viennent
aiment forcément leur métier. C’est là que l’on
a une vraie équipe avec du courage et des idées.
Le scénario emballait tout le monde. Les films
à budget restreint offrent l’avantage de n’exister
que par leurs propres qualités. Celui-là en
a beaucoup. George Clooney n’a pas hésité à
s’investir, y compris en tant qu’acteur. Son
personnage de spécialiste en perçage de coffres-forts
n’est pas un simple caméo. »
Anthony Russo ajoute : « Avec mon
frère, nous avons toujours été habitués à tout
faire. Nous portions les caisses de matériel
que nous avions souvent acheté nous-mêmes, nous
faisions la lumière, les décors, tout. Pour
nous, passer à une vraie production, même modeste,
constituait un incroyable pas en avant. Nous
avions une équipe d’une centaine de personnes,
des gens qui nous soutenaient et plus que tout,
le temps de nous consacrer à l’essentiel ! »
LA DECOUVERTE D’UNE HISTOIRE,
PUIS DES REALISATEURS…
Pour les comédiens, le principal attrait du
film a d’abord été le scénario. Patricia Clarkson,
l’interprète de Rosalind, confie : « L’histoire
était drôle et attachante. Aucun personnage
n’était là pour servir de faire-valoir à un
autre. C’est l’aventure d’une équipe, assemblée
par le destin, avec ses rêves, ses limites. »
Isaiah Washington, qui incarne Leon, ajoute :
« On est tous venus avec l’idée de jouer
une histoire pleine d’énergie, d’humanité désabusée,
et malgré tout optimiste. L’implication de Steven
et George était un autre atout. Ce n’est qu’après
que nous avons découvert le talent des deux
frères Russo. »
William H. Macy confirme : « Ils
sont étonnants. Ils pensent ensemble, réalisent,
montent, imaginent ensemble. Parler à l’un revient
à parler aux deux. Il n’y a amais de conflits.
Ils fonctionnent en parfaite complémentarité.
Pour les acteurs, c’est deux fois plus de disponibilité,
deux fois plus d’idées, et donc deux fois plus
de plaisir ! »
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