BOLLYWOOD DAY AU TRIANON Avec les projections des
films La famille Indienne, Mother India
et de nombreuses animations
SYNOPSIS -
La famille Indienne : Rohan apprend par hasard
le secret qu’on lui a toujours caché : son frère aîné, Rahul,
a été adopté. Les parents ont élevé les deux garçons de
la même manière et ont prodigué à chacun le même amour.
Pourtant, la famille est aujourd’hui déchirée. Rohan se
souvient… Rahul a toujours été un fils modèle, cherchant
sans cesse à satisfaire son père, un homme d’affaires très
respectueux des traditions. Jusqu’au jour où il est tombé
amoureux d’Anjali, une fille issue d’une famille simple.
SYNOPSIS - Mother India :se souvient des années passées… Pour lui offrir un mariage
fastueux, la mère de Radha a hypothéqué la ferme familiale
auprès d’un usurier. Elle et son mari travaillent dur afin
de rembourser le prêt. Plusieurs enfants naissent. Mais
le temps passe et l’usurier continue de venir prélever chaque
saison sa part des récoltes alors qu’elle a à peine de quoi
nourrir ses enfants. C’est alors que son mari est victime
d’un accident dans lequel il perd ses deux bras.
Pour fêter comme il se doit les sorties au cinéma des
films La famille Indienne de Karan Johar (le 26 mai
2004) et Mother India de Mehboob Kahn (le 9 juin
2004), Carlotta Films organise une journée exceptionnelle
au Trianon (Paris 18e) le lundi 31 mai 2004 de
14h à minuit avec, outre des animations de danses et chants,
des dégustations de mets indiens et une décoration à l'ambiance
Bollywood, la projection de 2 grands classiques du cinéma
Bollywood.
A cette occasion Carlotta Films et Objectif Cinéma vous
proposent de gagner 5 places pour deux personnes afin d’assister
à cette incontournable événement.
Tarifs Pour 1 personne : 19 Euros
Tarif de groupe : 15 Euros par pers. (à partir
de 4 personnes)
Cette journée comprend :
la projection des 2 films, des spectacles de danses,
de chants, d'animations diverses, d'un accueil
Lassi et snacks offerts (traiteur indien), le
tout dans une ambiance Bollywood.
Le lieu Le Trianon
80, bd Rochechouart
75018 Paris
M° Anvers + Parking
Réservations Carlotta Films au 01 42 24 10 86
V ia l’association Indian Cinema Events (ICE)
qui s’est donnée pour mission de mieux faire connaître
le cinéma indien en France (www.indiancinemaevents.com),
Tickenet (www.ticketnet.fr)
et France Billet (www.francebillet.com)
La famille Indiennede
Karan JOHAR représente la nouvelle
vague du cinéma Bollywood. Il a battu des records
au box-office grâce à un véritable casting de
stars, une histoire fleuve sur l’amour au sein
d’une famille, des danses qui mêlent tradition
et modernité, sans oublier des paysages exotiques
et grandioses.
Le réalisateur Karan Johar Tout juste âgé de trente-deux ans, Karan
Johar incarne cette nouvelle vague qui a modernisé
le cinéma indien de ces dernières années. Désormais,
les superproductions Bollywood misent toujours
sur des thèmes, des découpages et des durées
feuilletonesques, mais avec des moyens qui n’ont
rien à envier à leurs rivales hollywoodiennes :
chaque séquence s’ouvre en général sur un plan
à l’hélicoptère, les scènes exotiques tournées
à l’autre bout du monde abondent, les danses
sont hyper dynamiques et empruntent volontiers
au hip-hop, et les intérieurs semblent droit
sortis de magazines de décoration. Autant d’éléments
qui créent une stylisation véritablement actuelle.
Fils du grand producteur Yash Johar (d’ailleurs
au générique de La Famille indienne),
Karan Johar ne se destine pas immédiatement
au cinéma. Il commence par décrocher un diplôme
dans une école de commerce. C’est alors que
son ami d’enfance, le cinéaste Aditya Chopra,
lui demande de l’aide pour écrire Dilwale
Dulhania Le Jayenge (1995), une comédie
romantique qui, déjà, réunit Shah Rukh Khan
et Kajol, le futur couple star de La Famille
indienne. Il lui offre aussi une apparition
dans le film et l’incite surtout à écrire son
propre scénario.
C’est ainsi que tout en produisant, aux côtés
de son père, Duplicate, une comédie d’action,
Karan Johar travaille sur un script, qui, en
1998, aboutira à son premier long métrage :
Kuch Kuch Hota Hai. Cette histoire d’un
homme qui vient de perdre sa femme, mais dont
la fillette l’aidera à retrouver le grand amour,
a pour têtes d’affiches… Shah Rukh Khan et Kajol,
bien sûr. Le film au ton à la fois lyrique et
pétillant apporte un vent de fraîcheur et fait
entrer Dharma Productions, la société paternelle,
dans le XXIème siècle. Occupé à recevoir des
récompenses couronnant la réalisation, le scénario
et les interprétations, Karan Johar prend néanmoins
le temps de s’occuper de son second grand projet :
cette fresque fleuve sur l’amour familial qu’est
La Famille indienne, et qui a remporté
un succès sans précédent au box-office.
Shah Rukh Khan et Kajol Tous les deux forment l’un des couples les
plus populaires du cinéma indien. Leur alchimie
a fait merveille au travers de sept films :
Baazigar en 1993, Dilwale Dulhania
Le Jayenge en 1995, Karan Arjun en
1995, Duplicate et Kuch Kuch Hota
Hai en 1998, Kal Ho Naa Ho en 2003
et, bien sûr, La Famille indienne. Mais
chacun mène aussi une carrière solo jalonnée
de succès.
Shah Rukh Khan peut carrément être considéré
comme la plus grande star indienne de la décennie.
Depuis ses débuts à la télévision en 1988, dans
la série Fanji puis dans le soap Circus,
il a tourné une cinquantaine de films. Son regard
de braise allié à une insolence de gentil garçon
font de lui le héros idéal d’une foule de comédies
romantiques. Il est pourtant devenu célèbre
à travers des rôles de tueurs psychopathes dans
Daar et Baazigar, qu’avaient refusé
des noms plus célèbres à l’époque… C’est aussi
lui qui a versé récemment des torrents de larmes
dans Devdas. Dans la vie, l’acteur, né
en 1965 à New Delhi, est marié à Gauri Chibba,
son amour de jeunesse, qu’il a rencontrée alors
qu’elle était étudiante, et a deux enfants.
Kajol est quant à elle l’une des beautés les
plus admirées du pays ! Elle est célèbre
pour… ses sourcils qui se rejoignent, mais surtout
pour son charme pétillant qui la prédestine
aux rôles de charmantes rebelles. Ce qui ne
l’a pas empêchée elle non plus de recevoir,
en 1997, une récompense de la « meilleure
méchante », pour son rôle dans le thriller
musical Gupt : The Hidden Truth.
Sa filmographie compte une trentaine de titres.
Née en 1975 à Bombay, fille du producteur Shomu
Mukherjee, et de l’actrice Tanuja, cette enfant
de la balle représente la quatrième génération
de comédiennes dans sa famille. Mariée à l’acteur
Ajay Devgan, elle vient d’être maman d’une petite
fille et songe à arrêter le cinéma. Une triste
nouvelle pour ses très nombreux fans…
Amitabh Bachchan et Jaya Bachchan : Ce
couple de légende à la ville comme à la scène
doit son statut à la phénoménale popularité
de monsieur. En Inde, Amitabh Bachchan est un
dieu vivant ! Lorsqu’il a frôlé la mort
dans un accident sur le tournage de Coolie en
1983, la presse a publié des bulletins de santé
tous les jours et des milliers d’admirateurs
ont fait la queue pour donner leur sang…
Surnommé « Longues Jambes » ou « Big
B », l’acteur affiche une filmographie
d’environ cent cinquante titres. Il naît en
1942 dans un milieu artistique - son père est
poète. A ses débuts, sa voix grave et son allure
effacée semblent dérouter le public… jusqu’au
moment où il réalise que ces handicaps peuvent
faire de lui un conteur d’exception ! Il
exécute ainsi plusieurs voix-off. C’est alors
qu’éclate la révolte des années soixante-dix,
qui exprimera le malaise social de la population
indienne et culminera avec la grève des chemins
de fer. Amitabh Bachchan devient l’incarnation
du « jeune homme en colère », à travers
le polar Zanjeer (1973), où il campe
un policier à la recherche de l’homme qui a
tué ses parents des années auparavant, ou le
drame Deewar (1975), où il est un syndicaliste
qui abandonne sa femme et ses deux enfants.
Le nouveau porte-drapeau d’une jeunesse en pleine
ébullition refuse cependant de se cantonner
à cet emploi. L’acteur s’essaie à jouer les
comiques, les amoureux ou les méchants. Cet
excellent chanteur enregistre aussi plusieurs
disques. En 1975, il est au générique d’un film
devenu mythique sur les écrans du monde entier :
Sholay. Ce thriller aux allures de western,
où la violence gore côtoie les scènes musicales,
incarne la quintessence du cinéma indien. Il
y a pour partenaire sa femme, Jaya Bachchan :
née Jaya Bhaduri en 1948, elle a déjà tourné
avec lui Piya Ka Ghar (1971), Ek Nazar,
Bawarchi et Bansi Birju (1972),
Zanjeer et Abhimann (1973) et
s’apprête à le retrouver sur Mili et
Chupke Chupke (1975) puis Silsila
(1981). Ses débuts remontent à 1963 et au
film de Satyajit Ray, La Grande ville.
Dans les années quatre-vingt, la carrière d’Amitabh
Bachchan semble ralentir. L’acteur a en effet
atteint un âge qui ne lui permet plus de jouer
les jeunes premiers et il a du mal à se trouver
un nouveau registre. Il se lance dans la politique :
une expérience désastreuse qui se soldera par
un scandale à propos de ventes d’armes et lui
fera définitivement quitter le milieu. Heureusement,
les jeunes cinéastes de la nouvelle vague qui
ont grandi avec ses films apprécient encore
l’image de droiture et de morale de l’ex-jeune
homme en colère. Dès le milieu de la décennie
quatre-vingt dix, il se retrouve, chaque année,
au générique de plusieurs grosses productions,
dont le fameux Lagaan, qui fait le tour
du monde. Les téléspectateurs le voient aussi
en présentateur de la version indienne de Qui
veut gagner des millions ?
En 2001, lorsque le réalisateur de La Famille
indienne décide de réunir un « all
stars cast », il fait bien évidemment appel
à lui : de nouveau aux côtés de sa femme
Jaya, Amitabh Bachchan côtoie Shah Rukh Khan,
qui ne s’est jamais caché avoir pris modèle
sur lui. A l’image de toute la génération des
acteurs indiens d’aujourd’hui…
La famille Indienne,
La nouvelle vague de Bollywood
Le film le plus cher jamais produit en Inde
est aussi celui qui a fait les plus grosses
recettes ! La Famille indienne (alias
K3G en version originale, contraction
du titre Kabhi Khushi Kabhie Gham) accumule
les records. Sa sortie a été la plus importante
jamais orchestrée là-bas : 600 copies,
dont 200 à l’étranger. Il a été le premier film
indien à se hisser à la troisième place du box-office
britannique lors de sa première semaine de sortie.
Il a aussi été l’un des premiers à avoir droit
aux honneurs d’un livre relatant les mille et
un secrets de son tournage. Et sa bande musicale
s’est vendue par milliers d’unités…
Cinéma commercial vs. Cinéma
d’auteur…
Surtout, le film a bouleversé les standards
du cinéma indien. Une sorte de nouvelle vague
avait déjà commencé de déferler, afin de rendre
plus moderne le traditionnel mélange de drames
familiaux, de romances mélo et de numéros musicaux.
La Famille indienne y a ajouté une véritable
exigence de qualité. A la sortie du film, les
critiques locaux se sont réjouis de découvrir
enfin une vraie ambition esthétique et artistique
dans une production commerciale ! Seul
le créneau art et essai présentait encore de
l’intérêt à leurs yeux. Et même certains téléfilms,
disaient-ils, étaient supérieurs au tout-venant
de ce que servait Bollywood…
Un film « bigger than
life »
Les plans tournés à l’hélicoptère, les chorégraphies
opulentes mêlant motifs traditionnels et énergie
contemporaine, ou la scène fugitive aux pieds
des pyramides d’Egypte l’indiquent : rien
n’était trop beau pour ce projet ! De nombreux
passages ont d’ailleurs été tournés à Londres,
loin des studios de Bombay. Bond Street, Covent
Garden, Piccadilly Circus, le British Museum,
le Millenium Centre, la cathédrale Saint-Paul
ou l’aéroport d’Heathrow ont vu passer les caméras
de l’équipe. « Je voulais faire un film
plus grand que la vie » témoigne le jeune
réalisateur Karan Johar, « je voulais une
grande histoire, un tas de décors incroyables,
et le plus gros casting de stars jamais vu. »
All stars cast
Le plateau a vu passer le plus grand nombre
de stars jamais réuni en Inde. Outre les tandems
Amitabh Bachchan / Jaya Bachchan côté seniors
et Shah Rukh Khan / Kajol côté juniors, le générique
affiche également les noms idolâtrés par toute
la presse people de Kareena Kapoor et Hrithik
Roshan. Pour le clin d’œil, le fils de Shah
Rukh Khan dans la vie joue… le fils de Shah
Rukh Khan à l’écran. Ironiquement, un tel concentré
de talents a parfois causé quelques difficultés
quand, par exemple, Hrithik Roshan, trop impressionné
par la scène de réconciliation entre les deux
vedettes masculines, a été incapable de jouer
sa propre séquence, et n’a pu le faire que le
lendemain après avoir été rassuré par Amitabh
Bachchan !
Il s’agit uniquement d’aimer
ses parents...
Cet hommage vibrant à la famille s’articule
autour d’une phrase : « Il s’agit
uniquement d’aimer ses parents… » Une phrase
qui s’adresse en priorité au père du cinéaste,
Yash Johar, qui a produit La Famille indienne,
et avait déjà produit son précédent (et premier)
film. « Je pense que c’est le plus beau
cadeau que l’on m’ait fait de ma vie »
s’exclame Yash Johar. Son fils Karan, lui, poursuit
en disant : « Si vous avez vraiment
aimé mon film, alors dès aujourd’hui allez dire
à votre mère et à votre père à quel point vous
les aimez, car comme je le dis dans le film,
il s’agit uniquement d’aimer ses parents. »
Un leçon de vie reçue par toute la population
dès le jour de la sortie du film, le 14 décembre
2001.
Mother India,quand a lui, rassemble toute la splendeur
du cinéma Bollywood. Il fut reconnu par la critique
et par le public du monde entier dès la fin
des années 50. Aujourd’hui encore, de nombreuses
salles indiennes projettent ce classique hors
du commun qui retrace le destin tragique d’une
héroïne jouée par Nargis, la plus star de toutes
les stars.
Le réalisateur
Mehboob Khan Si l’on demande à un cinéphile occidental
de citer un cinéaste indien au hasard, il risque
fort de répondre : Satyajit Ray. Un nom
prestigieux et synonyme d’un cinéma ascétique
mondialement acclamé par la critique. A l’inverse,
un natif de Bombay, Delhi, Madras ou Calcutta
mentionnera probablement un nom qui évoque le
cinéma populaire, avec tout ce que cela comporte
d’envolées mélodramatiques et de chansons, un
nom comme celui de… Mehboob Khan.
Pourtant, son cinéma est loin de n’être que
légèreté des intrigues et plaisir des danses.
Son thème favori ? La lutte des pauvres
contre les riches. Mais à travers un style très
expressif qui, au-delà des différences de dialectes,
au-delà des différences de classes, a conquis
l’ensemble du public indien - et même plus.
Né en 1907 dans le village de Bilimora, dans
la région de Gujarat, Mehboob Khan quitte ce
monde rural dans lequel il a grandi pour devenir
homme à tout faire à Bollywood. En 1927, on
l’aperçoit en voleur dans une version d’Ali
Baba et les quarante voleurs. En 1935, il
tourne son premier film pour la compagnie Sagar
Movietone : Judgement of Allah,
inspiré de la fresque de Cecil B. De Mille,
Le Signe de la croix, tournée trois ans
plus tôt. Cette épopée riche en drames, en batailles
et en catastrophes naturelles obtient un immense
succès, qui lui vaut ce surnom qui lui collera
à la peau, celui de « Cecil B. De Mille
indien ».
D’autres titres suivent (Manmohan en
1936, Jagirdar en 1937, Ek hi Raasta
en 1939), jusqu’à l’écroulement de la Sagar
Movietone au début de la seconde guerre
mondiale. La firme est reprise par RCA et rebaptisée
National Studios. Mehboob Khan y aligne une
suite de trois chefs-d’œuvre : Aurat
(1940), Bahen (1941) et Roti (1942).
Dans le premier, un pré-MotherIndia,
il décrit la lutte d’une paysanne pour garder
sa terre. Le dernier est une attaque féroce
du capitalisme, qui oppose le système des villes,
basé sur la valeur de l’argent, et celui des
tribus, nettement plus authentique. La fin montre
le riche héros mourir de soif dans le désert,
près d’une voiture remplie de lingots d’or…
En 1943, le cinéaste quitte National Studios
pour fonder sa propre compagnie : Mehboob
Productions, dont l’emblème est une faucille
avec un marteau. Son cinéma militant y prend
un tour parfois plus léger ou, en tous cas,
plus populaire. En 1946, Anmol Ghadi
réunit trois des acteurs-chanteurs les plus
connus de l’époque, Surendra, Noorjehan et Suraiya,
avec une partition de Naushad, qui composera,
dès lors, toutes ses musiques. Arrivent ensuite
Aan (1952), son premier film en couleurs,
Amar (1954) et ce classique absolu qu’est
Mother India (1957).
En 1962, Mehboob Khan subit, avec le très ambitieux
Son of India, son premier échec… qui
est aussi le dernier : il meurt en 1964,
en pleine préparation d’un film sur Habba Khatoon,
poétesse du XVIème siècle.
La star
En Inde, tout le monde connaît la mythique Nargis.
Fille de l’actrice, chanteuse et réalisatrice
Jaddanbai, elle naît Fatima Rashid en 1929 et,
à cinq ans, devient une enfant star, sous le
nom de Baby Rani. Elle démarre sa carrière
d’adulte en 1943 lorsqu’elle est choisie par
Mehboob Khan pour Taqdeer. Le réalisateur
l’engage à nouveau pour Humayun (1945)
et Andaz (1949) puis, bien sûr, pour
le célébrissime Mother India (1957).
Elle campe souvent des femmes prises dans des
histoires d’amour tragiques, par exemple le
trio amoureux d’Andaz.
Hors-champ, sa vie sentimentale suscite aussi
la fascination : elle a une liaison avec
l’acteur Raj Kapoor, déjà marié, et qui devient,
malgré tout, son partenaire de prédilection
(dans Andaz,puis dans Pyaar
et Jan Pahchan en 1950, Bewafa,
Ashiana, Anhonee et Amber
en 1952 ou Dhoon et Aah en 1953),
mais aussi l’un de ses metteurs en scène fétiches
(Aag en 1948, Barsaat en 1949,
Awaara en 1951 et Shree 420 en
1955). La passion qu’ils éprouvent l’un pour
l’autre transparaît sur l’écran et enflamme
le cœur des spectateurs. L’actrice tente même
d’intervenir auprès du ministère de l’Intérieur
afin qu’il les marie… mais sans succès !
Le duo finit par se séparer après un ultime
film ensemble : Chori Chori (1956),
une comédie inspirée du New York - Miami
de Frank Capra.
Sur le plateau de Mother India, Nargis
fait la connaissance de Sunil Dutt, qui joue
son fils – il n’est pourtant né qu’un an après
elle. La légende raconte que lors du tournage,
la star aurait été prise dans l’incendie de
meutes de foin, et que Sunil Dutt l’aurait sauvée
des flammes. Ils se marient peu après. Nargis
ne tarde pas à quitter le monde du septième
art, et s’occupe de son fils, Sanjay Dutt, qui
deviendra lui-même acteur. Elle meurt d’un cancer
en 1981. En sa mémoire, son mari crée la Nargis
Dutt Memorial Foundation, une association de
lutte contre le cancer.
Mother India,
Le classique de Bollywood Dans l’Inde de la fin des années cinquante,
la sortie de Mother India fut comparable
à la sortie américaine, vingt ans plus tôt,
de ce film auquel on le compare si souvent :
Autant en emporte le vent. Ces fresques
issues chacune des deux usines à rêves les plus
puissantes de la planète ont embrasé la critique
et le public. Et à l’anecdote de Vivien Leigh,
choisie alors qu’elle assistait au tournage
de l’incendie d’Atlanta, répond celle de la
star Nargis, sauvée des flammes par son partenaire
et futur mari Sunil Dutt !
Intemporel… universel…
Aujourd’hui encore, Mother India demeure
un classique que la population indienne aime
à voir et à revoir. Le film est régulièrement
projeté dans les salles et continue de faire
vibrer les foules. Les raisons d’un tel succès ?
La poésie lyrique, le climat de fatalisme et
le romantisme exacerbé de la réalisation fonctionnent
toujours auprès de spectateurs avides de grandes
histoires, et auprès desquels les codes cinématographiques
n’ont guère varié au fil des années. De même,
les thèmes de la lutte des pauvres contre les
riches et des bons contre les méchants, de la
survie des campagnes face aux sécheresses et
aux catastrophes naturelles, de l’importance
de l’alphabétisation et de l’équilibre entre
traditions et modernité, constituent-ils des
éléments fédérateurs, pas forcément si éloignés
du quotidien actuel d’une partie des habitants.
Sans oublier bien sûr le pouvoir hypnotisant
des chants et des danses !
Inspirations
Pourtant, il aura fallu cinq ans au réalisateur
Mehboob Khan pour concrétiser ce projet ambitieux.
Il s’y attelle dès 1952, juste après le succès
de son premier film en couleurs, Aan,
et ne s’interrompt que le temps de tourner Amar
deux ans plus tard. S’il en fait le remake
d’un de ses premiers films, Aurat (1940),
il s’inspire aussi du Mother India signé
de son compatriote Gunjal (1938). Familier de
l’œuvre de l’écrivain Pearl S. Buck, il songe
également à l’une de ses nouvelles, The Mother,
écrite en 1933, et qui relate la lutte d’une
Chinoise abandonnée par son mari, ainsi qu’au
film que Sidney Franklin, en 1937, a tiré de
son roman The Good Earth, et oùPaul
Muni campe un fermier chinois malmené par le
destin.
Un spectacle tout
en symboles
Lui-même issu d’un village pauvre, le metteur
en scène n’a aucune difficulté à donner vie
au monde rural qu’il dépeint. Mais il y ajoute
un goût du symbolisme très fort qui transcende
ses scènes du quotidien. Il est évident que
son héroïne, Radha, alias Nargis, incarne l’Inde
elle-même, dans toute la splendeur de son combat
pour l’indépendance, la dignité et le bonheur
des siens. Ce n’est pas un hasard si elle garde
la tête haute même face aux pires difficultés,
et surtout, si elle ne se laisse ni vendre ni
acheter. De nombreux plans recyclent l’esthétique
du cinéma soviétique, que ce soient les cadrages
très serrés sur le visage martyre de la femme,
les arrière-plans aux teintes de feu qui expriment
toute la profondeur du drame, ou ces scènes
de dur labeur au milieu d’une nature pourtant
foisonnante. Le jeu des couleurs a lui aussi
été très travaillé. Si le réalisateur a voulu
faire de son film le plus grand spectacle possible,
et a, pour cela, utilisé le Gevacolor, un procédé
proche du Technicolor, et développé ses pellicules
à Londres, il a avant-tout voulu restituer la
signification de chaque teinte via l’éclat de
ses images : par exemple, une belle copie
nous montre que l’épouse porte un sari rouge
vermillon, alors qu’une femme âgée se plie au
rouge sombre…
En route vers l’oscar ?
Cet hommage à la fois à l’adversité féminine
et à la beauté de l’Inde, a été le premier film
indien à se voir nommé à l’oscar du meilleur
film étranger. C’est Les Nuits de Cabiria
de Federico Fellini qui a remporté la statuette.
Mother India n’en demeure pas moins à
Bollywood, au même titre qu’Autanten
emporte le vent à Hollywood, une référence
en matière de grande fresque populaire, la « mère »
des superproductions actuelles.
Générique Réalisation : Mehboob Khan, Scénario :
Wajahat Mirza, S. Ali Raza & Mehboob Khan,
Image : Faredoon A. Irani, Musique :
Naushad, Chorégraphies : Chiman Seth (1957
- 2h52) Acteurs : Nargis Sunil Dutt,
Raaj Kumar, Rajenda Kumar, Azra