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Sur ce point, les accointances
scénaristiques et idéologiques de Suissa, confectionneur habile
de ce manifeste hargneux et jusqu’au-boutiste, se sont, quant
à elles, frottées au CAC 40 de l’influence. Depuis un postulat
éminemment basique, conséquemment protégé par les ailes bénéfiques
des canons cinématographiques les plus beaux, les plus enjôleurs,
le cinéaste-acteur (il interprète le beau-frère de Stan) déroule
le tapis rouge aux pieds de l’histoire impétueuse qu’il taille
dans la pierre de granit. Il utilise la syntaxe de l’escalier
que l’on gravit, une grammaire filmique dont on trouve les
fondements dans la cinéphilie d’Outre-Atlantique, copieuse
caverne d’Ali Baba que Suissa n’a pas hésité à piller au cours
de ses années d’apprentissage. Alors qu’il y a un an, Studio
54, contre-exemple édifiant et mal cicatrisé de la remarque
énoncée ci-avant, répondant en outre quasiment aux mêmes règles
d’élaboration que L’envol, était inexorablement aimantée
par les peaux de banane stéréotypées que sa propre logorrhée
fade enfantait et dispersait, et qu’il se répandait, sans
conviction et adoubé par l’épée de Damoclès du formatage,
sur les écrans estivaux en quête de chalands à l’affût de
pectoraux bien calibrés, la raison d’être de son antonyme
local paraît bien plus vertueuse.
Car Suissa n’incarcère pas
L’Envol dans une prison dorée, constituée de cases
diégétiques. Stan est ici incarné. Il ne passe par l’alpha
et l’oméga du ravage intérieur, pire par une démonstration
pathologique dont la fonction innée serait de tirer à tout
prix les larmes des spectateurs. Pour son premier film, le
réalisateur ébauche, puis affine les traits de son personnage
principal. Sibony, chrysalide aux nerfs à fleur de peau plus
que sismiques, accouche petit à petit de ce papillon qui le
verra, en fin d’initiation, voler vers une cabine téléphonique
afin de hurler sa victoire à sa mère. À la face du monde,
L’Envol, jet pas vraiment précoce, dépasse allègrement
le lexique «Humble, juste et inspiré» d’usage. Il envisage
et dévisage une forme souvent banalisée, qui s’est elle-même,
contexte social mou oblige, emprisonné dans un laxisme au
blindage apparemment insurmontable.
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Titre :
L'Envol
Réalisateur :
Steve Suissa
Scénariste :
Marc Esposito
Compositeur : Krishna
Levy
Acteurs : Clément Sibony,
Isabelle Carré, Bernard Fresson, Christine Citti,
Marc Samuel, Olivier Sitruk, Francis Huster, Steve
Suissa, Lorant Deutsch
Directeur de la photographie
: Dominique Chapuis
Chef monteur :
Monica Coleman
Coproducteur :
Steve Suissa
Producteur : Thierry
de Navacelle
Directrice de production :
Denise Robert
Durée : 1h30 mn
Année : 2000
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