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Rencontres à Manhattan (c) D.R. RENCONTRES A MANHATTAN
d'Edward Burns
Par Jean-Baptiste LOUVET


SYNOPSIS : Tommy (interprété par Edward Burns) rencontre dans un vidéo-club Maria (Rosario Dawson), institutrice portoricaine marquée par un récent divorce. L’ex-mari de Maria, Benjamin (David Krumholtz), musicien et portier d’un grand hôtel, tombe amoureux d’Ashley (Brittany Murphy), jeune serveuse sensible et enjouée, qui vit une relation délicate avec un homme d’âge mûr, dentiste de son état, Griffin (Stanley Tucci). Annie (Heather Graham), agent immobilier et femme de Griffin, devinant que son mari la trompe, décide de divorcer et tombe amoureuse de Tommy, à qui elle fait visiter des appartements…

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POINT DE VUE

  Rencontres à Manhattan (c) D.R.
La traduction française (Rencontres à Manhattan) du titre original (Sidewalks of New York) est sans ambiguïté sur la nature du film. Le spectateur de cette comédie romantique et de situations ne risque pas d’être déçu dans ses attentes. Mais, celui qui a rêvé sur le titre original, comme à un écho aux films noirs d’antan – les " trottoirs de New-York " ! – a été forcé d’admettre que ces rencontres sont plus près de Manhattan que du Bronx, plus près des halls que des caniveaux. Quand il arrive aux personnages du film de répondre à un questionnaire – car cela leur arrive, face à la caméra, dans un moment d’intimité avec le spectateur – on est plutôt dans le registre léger des magazines féminins (et de leurs concurrents masculins) que dans celui d’un film policier, avec des questions du type : " pour ou contre le sexe le premier soir ? " ou " quand avez-vous perdu votre virginité ? ", etc.

Oublions donc nos références naïvement fantasmées, et penchons-nous plutôt sur celles que revendique Edward Burns. C’est sur le tournage de Il faut sauver le soldat Ryan que le jeune cinéaste a conçu son scénario et que, attentif à la façon de filmer de Spielberg, tout en mobilité et en sensibilité à la lumière naturelle et à ses variations, il a décidé de s’en inspirer pour le tournage de son propre film. Avec des moyens identiques, Burns vise une fin toute différente : non les corps à corps guerriers, mais les déambulations amoureuses ; non les plages et bocages normands mais les rues de Manhattan. Le cinéma a souvent gagné à ré-utiliser des inventions pour les employer à des fins différentes de celles visées à l’origine. Rencontres à Manhattan, pas plus qu’un film policier, n’est un film de guerre et, à vrai dire, le film de Burns ne gagne pas grand chose, esthétiquement, à ce transfert de moyens. Si le tournage, achevé en deux semaines, en a été accéléré, le film lui-même n’en a pas acquis plus d’expressivité, de nervosité ou de rythme. Les acteurs ne font rien de plus qu’interpréter leur rôle ; le réalisateur, rien de plus que filmer ses acteurs interprétant leur rôle ; le film, rien de plus que dérouler sagement son scénario.