De même, la référence à Woody Allen, justifiée par un amour commun pour New-York, ne tient pas la route à la vision de Rencontres à Manhattan. Burns filme sa ville fétiche sans lyrisme (on est loin du Manhattan de Allen), si même il la filme : New-York est plus un décor assez insignifiant qu’un objet de désir, de fascination ou de curiosité de la part des personnages, et la ville ne s’intègre aucunement dans les relations des divers couples – ni donc dans la mise en scène de Burns. De comédie de situation à sitcom, il n’y a qu’un petit pas linguistique à franchir, qui permet de cerner Rencontres à Manhattan avec plus de justesse que les références à Manhattan ou Ryan. Plutôt qu’un épisode de Sitcom porté sur le grand écran, Rencontres à Manhattan semble une série entière condensée en moins de deux heures. Au lieu de mettre en scène un couple d’acteurs charismatiques, dans le style traditionnel des comédies amoureuses (Elle et lui,…), Burns suit à la trace les déambulations de trois couples à géométrie variable, de six personnages ultra-représentatifs : la bourgeoise affranchie et le beau solitaire, le jeune musicien désargenté et la jeune étudiante désargentée, le bourgeois volage imbu de lui-même et l’institutrice porto-ricaine.