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Et si on parlait d'amour... (c) D.R.
Au rapport au corps dans l’intimité (même les partouzes sont une part d’intimité : on ne baise pas avec n’importe qui, Violette vous le dira mieux que personne, en témoignent les listes de candidats, les sélections, les statistiques…) vient s’accoupler le rapport à la caméra, la mise en lumière d’un moment de nuit qui restait jusque là caché, bien qu’il ne soit pas secret. Karlin filme les corps qui s’entremêlent avec pudeur et respect de l’autre, mais avec curiosité. Chacune des personnes, chaque protagoniste ayant accepté de se laisser filmer pendant l’acte sexuel, Karlin ne s’en prive pas, mais il le fait avec un sens du respect associé à un certain sens artistique : les corps dans la lumière tamisée apparaissent bronzés, les sexes comme les visages sont esquissés mais pas désignés, restant dans le clair-obscur. On peut sentir dans ces séquences le respect, car bien qu’ayant acceptés d’être filmés, tous ne sont pas à l’aise de façon égale avec la caméra et celui qui la tient. Pas de voyeurisme donc, juste une certaine fascination, un essai pour comprendre, mais aussi l’envie de tout dévoiler, et d’en finir avec les préjugés qui disent sales et anormaux les rapports sexuels singuliers. Car il ne s’agit pas d’un film sur les parties à plusieurs, comme on pourrait le croire après les deux premiers volets.

A des personnages " normaux " à la sexualité particulière vient un portrait qui semble donner tout son sens au titre du film, celui de Daniel et Karine, tous deux paralysés des membres inférieurs. Là aussi, nous sommes témoins d’un récit qui nous présente les changements advenus dans leur vie, mais à contre-courant des autres couples présentés. Comment leur amour, plus que leur handicap, les a amenés à avoir une sexualité que l’on pourrait définir comme " normale ", si l’on n’avait encore des idées préconçues. " Normalité " et " anormalité " apparaissent donc comme des notions toutes relatives, dans un documentaire qui dévoile une véritable curiosité, non seulement pour la sexualité, mais pour les hommes et les femmes qu’il présente, au-delà de leurs préférences sexuelles qui ne se limitent jamais au sexe. Ainsi, Karlin élargit les frontières du reportage, et nous nous souvenons peut-être plus de certains passages que je qualifierai de "poétiques", en particulier du portrait de Cathy et de son visage à la fois dévoilant mais fermé, et de ses longues marches en montagne. Les séquences de randonnées apparaissent comme irréelles, loin du monde, un retour sur soi, silencieux, le seul vrai coin de nature du film.

  Et si on parlait d'amour... (c) D.R.
Ainsi, Karlin ne fait pas que traiter un sujet que l’on aurait pu croire racoleur et branché de façon sobre et intelligente, il travaille également sur la notion de documentaire, sur le rapport à son sujet et à ce(ux) qui l’entoure(nt), à ce qu’il a envie de filmer, ce qu’il peut filmer, traitant l’image avec autant de soin que le témoignage, le discours. Il interroge également le rôle du cinéaste, qui est ici le reporter : quelle doit être sa place ? Comment peut-il intervenir ? Karlin n’hésite pas à faire entendre sa voix, mais ne dévoilera jamais son visage, entrant dans l’intimité de ses sujets, mais restant à bonne distance du spectateur, limitant ainsi son pouvoir sur le documentaire qui ne devient jamais fiction, qu’il habite pourtant de sa voix de stentor : pas de commentaire de sa part, juste des questions parfois naïves, parfois guidantes voire perverses, psychologisantes un peu, peut-être parfois un peu trop, faisant mine de s’éloigner du sujet pour toujours y revenir. Il instaure ainsi une dimension humaine, un rapport vrai avec les personnes filmées, tout en leur laissant une vraie liberté, leur intimité, malgré tout.




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Et si on parlait d'amour... : site officiel du film





Titre : Et si on parlait d’amour…
Réalisateur : Daniel Karlin
Directeur de la photographie : Michel Bonne
Image : Michel Bonne
Son : Thomas Bonne et Franck Hirsch
Photographe : Rémi Lainé
Montage : Laure Gardette
Compositeur : Daniel Bacon
Production : VF et Associés
Producteur : Véronique Frégosi, Bruno Pésery
Post-production : Véronique Marchand et Sylvain Foucher
Avec la participation de : Canal+ , France 2, Télévision Suisse Normande
Distribution : Mars Films
Sortie le : 17 avril 2002
Durée : 1h 45 mn
Pays : France
Année : 2001