Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     


 

 

 

 

 
Femme fatale (c) D.R. FEMME FATALE
de Brian De Palma
Par Raphael LEFEVRE
de l’équipe de Cinélycée.com


SYNOPSIS : Laura Ash est une séductrice, une manipulatrice aussi belle que dangereuse : une femme fatale. Sept ans après un audacieux vol de bijoux, pendant le festival de Cannes, elle change d'identité et épouse un diplomate, M. Watts. Alors qu'elle suit son mari en poste à Paris un paparazzi, Nicolas Bardo, la prend en photo et la met en danger. Sa curiosité pour cette femme lui sera-t-elle... fatale ?

....................................................................

DEJA VUE ?

  Femme fatale (c) D.R.
" Déjà Vue " : C’est l’expression qu’arborent les affiches publicitaires des rues parisiennes dans le dernier De Palma. Une expression évidemment étroitement liée à l’intrigue de Femme fatale ; mais une expression qu’on serait assez tenté d’adresser de prime abord au cinéaste, à l’égard du contenu de son film. Incorrigible De Palma… A chaque fois on le lui reproche : la mise en scène est géniale, mais le scénario… Eh bien il remet le couvert, le Brian, sans vergogne ! Son scénario pas vraiment béton est prétexte à traiter, encore et toujours, de ses thèmes favoris (le voyeurisme et la manipulation), et à assouvir ses fantasmes les plus chauds. Mais figurez-vous qu’il y a des gens pour aimer ça. D’autant plus que, comme toujours, le film est sauvé par la technique magistrale de " Brillant De Palma ", qui surprend tout de même à plus d’une reprise. Alors, " déjà vue ", sa Femme fatale ? Pas si sûr…

Délaissant le Nouveau Monde après l’échec de Mission to Mars, De Palma est venu en France tourner sa Femme fatale, grâce au confortable financement de Tarak Ben Ammar, qui lui a laissé carte blanche. Du coup il a laissé libre cours à ses fantasmes et, pour se faire plaisir, s’est lâché niveau sexe et clichés, en oubliant un peu l’efficacité dramatique. Efficacité globale, c’est entendu, car le film regorge de scènes spectaculaires – un film de De Palma sans morceau de bravoure, ça n’existe pas : la virtuosité affichée est une des marques de fabrique de son cinéma. Quoi qu’il en soit, il apparaît évident qu’il a conçu son script autour d’idées très visuelles et de scènes qu’il tenait à tourner.

Femme fatale (c) D.R.
La première est probablement cette improbable étreinte lesbienne dans les toilettes du Palais des Festivals de Cannes. Le saphisme : voilà un fantasme dont De Palma n’avait, si je ne m’abuse, encore jamais traité. Il a probablement laissé de côté ses inhibitions à cet égard, voyant que c’était aujourd’hui à la mode... J’ai en tête l’excellent Bound des frères Wachowski , mais surtout le somptueux Mulholland Drive de David Lynch – film auquel on pourrait comparer Femme fatale à plus d’un égard. En effet, au-delà de la fascination pour l’amour au féminin pluriel, De Palma rejoint Lynch sur plusieurs points, comme la mise en abyme onirique laissant volontairement floue la cohérence de la (dé)construction de la réalité. Lynch n’est d’ailleurs pas le seul cinéaste auquel cette Femme fatale fait penser : ce Paris insolite, mystérieux et malsain dans lequel De Palma se complaît n’est pas sans évoquer Polanski. Polanski, chez qui on avait déjà vu le motif de l’Américain perdant sa femme à Paris (Frantic), chez qui on avait déjà vu Peter Coyote (Lunes de fiel) - et dont Tarak Ben Ammar avait d’ailleurs produit Pirates.