SYNOPSIS : Un
couple de frère et sœur, Darry (Justin Long) et Trish
(Gina Philips), traverse en voiture la campagne verdoyante du
Sud-Est des Etats-Unis en voiture pour rejoindre leurs parents
pour les vacances. Mais ils croisent la route d’un mystérieux
camion, qui manque de provoquer un accident. Plus tard, ils
retrouvent le camion devant une église abandonnée ;
ils voient alors son occupant, à la silhouette de cow-boy,
décharger un corps pour le jeter dans une canalisation.
Malgré les mises en garde de sa sœur, Darry décide
d’aller voir s’il peut encore porter secours à quelqu’un.
Après le départ du tueur, ils se rendent dans
son repère, mais Darry glisse par mégarde dans
la canalisation ; au fond du trou, dans le sous-sol de
l’église, s’offre à lui un spectacle d’horreur.
Profondément choqués, les deux jeunes gens décident
de fuir au plus vite. Mais le tueur (Jonathan Breck), créature
monstrueuse et surnaturelle, n’aura de cesse de les retrouver
à tout prix, suivant la trace de l’odeur de Darry après
avoir inspecté ses vêtements. Aucun refuge ne semble
arrêter le monstre.
La rencontre avec une médium,
qui leur offre son aide, nous apprend que le Bogeyman n’appartient
pas à l’ordre humain ; tous les 23 ans il part
en chasse pour récupérer les parties de son
corps mutilé par le sommeil. Mais qui, de Darry ou
Trish, poursuit-il vraiment ?
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POINT DE VUE
Produit par la " American
Zoetrope " de F.F.Coppola, Jeepers Creepers
s’offre comme la rencontre entre l’univers féerique
du " fairy tale ", et le slasher movie
classique. Le tueur d’ado devient donc ici une créature
mythique, dont les multiples transformations convoquent aussi
bien l’image de " l’homme sans nom " des
westerns de Clint Eastwood, que les monstrueuses hybridations
lovecraftiennes. La figure du bogeyman opère dans une
logique figurative fondée sur la reconnaissance :
le monstre s’offre comme une sorte de " vilain "
ultime, agrégat de réminiscences de La Colline
A des Yeux , Nightmare on Elm Street ou Delivrance.
À la différence
des caricatures de personnages de Scream, les personnages
de Jeepers Creepers se construisent en retrait du microcosme
" high-school " tout en en conservant
les caractéristiques. La conversation qui ouvre le
film donne la teneur de leurs préoccupations :
la famille et les rapports amoureux. Ces personnages sont
donc " en vacance " d’intrigues amoureuses,
et de futilité, qui composent l’univers du film adolescent.
Leur rapport se place sous le signe de l’Enfantin. À
la différence du cadre de Duel pris en chasse
par un camion symbole de la violence du monde moderne, les
deux adolescents de Jeepers Creepers n’appartiennent
pas encore au monde adulte ; ils sont encore vierges
de toutes compromissions. Même la possibilité
du sexuel comme cause du massacre, thème fondateur
du slasher, est exclu par leur lien de parenté
(le sexuel s’incarnant jusqu’à l’obscène dans
le bogeyman et ses transformations turgescentes). Leur futilité
s’offre comme une preuve d’ignorance. L’acte clé à
l'origine de la violence qu’ils subissent n’est autre que
leur décision de se rendre dans le territoire de la
créature, avec comme raison principale invoquée
par Darry la charité ( " et si c’était
toi qui étais dans le trou ? " dit-il
à sa sœur pour la convaincre). Au nom d’un principe
moral, ils se jettent dans la gueule du loup, sans en mesurer
les conséquences. Leur innocence idéaliste provoque
leur rencontre avec le Mal; ils pensent pouvoir interférer
dans ce phénomène immuable, presque naturel.
(" Tous les 23 ans, et pendant 23 jours, il tue
pour se reconstituer " nous apprend la médium).
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