Annuaire boutique
Librairie Lis-Voir
PriceMinister
Amazon
Fnac

     


 

 

 

 

 
Jeepers Creepers (c) D.R. JEEPERS CREEPERS
de Victor Salva
Par Yves GAILLARD


SYNOPSIS : Un couple de frère et sœur, Darry (Justin Long) et Trish (Gina Philips), traverse en voiture la campagne verdoyante du Sud-Est des Etats-Unis en voiture pour rejoindre leurs parents pour les vacances. Mais ils croisent la route d’un mystérieux camion, qui manque de provoquer un accident. Plus tard, ils retrouvent le camion devant une église abandonnée ; ils voient alors son occupant, à la silhouette de cow-boy, décharger un corps pour le jeter dans une canalisation. Malgré les mises en garde de sa sœur, Darry décide d’aller voir s’il peut encore porter secours à quelqu’un. Après le départ du tueur, ils se rendent dans son repère, mais Darry glisse par mégarde dans la canalisation ; au fond du trou, dans le sous-sol de l’église, s’offre à lui un spectacle d’horreur. Profondément choqués, les deux jeunes gens décident de fuir au plus vite. Mais le tueur (Jonathan Breck), créature monstrueuse et surnaturelle, n’aura de cesse de les retrouver à tout prix, suivant la trace de l’odeur de Darry après avoir inspecté ses vêtements. Aucun refuge ne semble arrêter le monstre.

La rencontre avec une médium, qui leur offre son aide, nous apprend que le Bogeyman n’appartient pas à l’ordre humain ; tous les 23 ans il part en chasse pour récupérer les parties de son corps mutilé par le sommeil. Mais qui, de Darry ou Trish, poursuit-il vraiment ?


....................................................................

POINT DE VUE

  Jeepers Creepers (c) D.R.
Produit par la " American Zoetrope " de F.F.Coppola, Jeepers Creepers s’offre comme la rencontre entre l’univers féerique du " fairy tale ", et le slasher movie classique. Le tueur d’ado devient donc ici une créature mythique, dont les multiples transformations convoquent aussi bien l’image de " l’homme sans nom " des westerns de Clint Eastwood, que les monstrueuses hybridations lovecraftiennes. La figure du bogeyman opère dans une logique figurative fondée sur la reconnaissance : le monstre s’offre comme une sorte de " vilain " ultime, agrégat de réminiscences de La Colline A des Yeux , Nightmare on Elm Street ou Delivrance.

À la différence des caricatures de personnages de Scream, les personnages de Jeepers Creepers se construisent en retrait du microcosme " high-school " tout en en conservant les caractéristiques. La conversation qui ouvre le film donne la teneur de leurs préoccupations : la famille et les rapports amoureux. Ces personnages sont donc " en vacance " d’intrigues amoureuses, et de futilité, qui composent l’univers du film adolescent. Leur rapport se place sous le signe de l’Enfantin. À la différence du cadre de Duel pris en chasse par un camion symbole de la violence du monde moderne, les deux adolescents de Jeepers Creepers n’appartiennent pas encore au monde adulte ; ils sont encore vierges de toutes compromissions. Même la possibilité du sexuel comme cause du massacre, thème fondateur du slasher, est exclu par leur lien de parenté (le sexuel s’incarnant jusqu’à l’obscène dans le bogeyman et ses transformations turgescentes). Leur futilité s’offre comme une preuve d’ignorance. L’acte clé à l'origine de la violence qu’ils subissent n’est autre que leur décision de se rendre dans le territoire de la créature, avec comme raison principale invoquée par Darry la charité ( " et si c’était toi qui étais dans le trou ? " dit-il à sa sœur pour la convaincre). Au nom d’un principe moral, ils se jettent dans la gueule du loup, sans en mesurer les conséquences. Leur innocence idéaliste provoque leur rencontre avec le Mal; ils pensent pouvoir interférer dans ce phénomène immuable, presque naturel. (" Tous les 23 ans, et pendant 23 jours, il tue pour se reconstituer " nous apprend la médium).