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Dirty Ho (c) D.R. DIRTY HO
de Liu-Chia Liang
Par Johannes HONIGMANN


SYNOPSIS : Chia-hui, le 11 éme Prince, fils de l'Empereur chinois, essaye d’éviter de se faire assassiner par le 4ème prince qui craint qu’il ne devienne empereur a sa place. Pour tuer le prince il embauche un général impitoyable.

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POINT DE VUE

L'engouement pour le cinéma de Hong-Kong est en train de retomber doucement, et c’est tant mieux. Trop de fois, l’ivraie aura été préférée au grain (ainsi, HK-Vidéo aura sali pour longtemps la réputation de Liu-Chia Liang en sortant Opération Scorpion, le plus mauvais film auquel son nom soit associé), trop de fois, des faiseurs d’opinion, voire faiseurs tout court (Besson, Gans) auront tablé sur l’amnésie et la supposée stupidité du public (ainsi, Fist of Legend  aura escamoté La Fureur de vaincre, pourtant l’un des films les plus adultes et les plus aboutis jamais sortis d’un studio de l’ex-colonie britannique), trop de fois, enfin, on nous aura seriné que Jet Li serait le nouveau Bruce L, alors que, du point de vue du magnétisme et de la férocité, les traits les plus distinctifs de B. Lee (mais aussi de sa réincarnation Fu Sheng, à la fin des années 70), ce serait plutôt Chiu-Man Cheuk (The Blade, Mahjong Dragon) le candidat le plus idoine.


  La 36ème Chambre de Shaolin (c) D.R.

Tout ceci pour dire que, John Woo et Wong-Kar Wai par ci, Tsui Hark et Ringo Lam par là, et Yuen (Woo-Ping ou Corey) à toutes les sauces, on aurait bien fini par oublier que c’est la décennie 1969-1979 qui constitue l’Âge d’Or du cinéma de Hong-Kong, celle-ci et aucune autre, indubitablement et à tout jamais. C’est l’ère des plus grand King Hu, elle s’ouvre par Touch of Zen et se clôt par Raining in the Mountain, en passant par The Fate of Lee Khan. Bruce Lee triomphe. Chang Cheh réalise Duel aux Poings, La Rage du Tigre, Les treize Guerriers du Dragon d’Or et son chef-d’œuvre, le poignant Les Disciples du Shaolin. Yuen Woo-Ping lance Jackie Chan dans les excellents Serpent in the Eagle’s Shadow et Drunken Master. Quant à Liu-Chia Liang, non content de chorégraphier La Rage du Tigre et Les Disciples du Shaolin, il réalise The spiritual Boxer, Mad Monkey Kung-Fu, Challenge of the Masters  ainsi que, coup sur coup, deux des films d’arts martiaux les plus réussis de tous les temps : La 36ème Chambre de Shaolin et Dirty Ho. La gloire du premier de ces films, patente bien qu’insuffisante, a quelque peu masqué l’autre, systématiquement sous-estimé. Pourtant, on peut prétendre sans craindre de se tromper que Dirty Ho est un des rares films à atteindre une forme de perfection. C’est un film presque lisse à force d’être sans défauts : l’interprétation, le scénario, la réalisation, la mise en images, la chorégraphie martiale sont irréprochables. Est-ce parce qu’il est difficile d’en rire qu'on a du mal à en parler ? Parce qu’il n’offre pas de prise au ridicule, au second degré ? Met-il mal à l’aise par son caractère déroutant de comédie noire, à la fin sèche, en coup de poing ? Par son intrigue à la profondeur inaccoutumée, dont la morale (" le faible usé et manipulé doit s’estimer heureux s’il a appris quelque chose ") est aussi vraie qu'amère ? Le fait est que Dirty Ho n’a pas la place qu’il mérite, non seulement dans les mémoires des cinéphiles, mais aussi dans les encyclopédies ou les ouvrages spécialisés.