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Ghost World (c) D.R. GHOST WORLD
de Terry Zwigoff
Par Clémentine GALLOT
de l’équipe de Cinélycée.com


SYNOPSIS : Enid et Rebecca, la brune à lunette et la jolie blonde, terminent enfin leurs études. Après la remise des diplômes, les vacances d’été s’offrent comme la dernière ligne droite avant la vie adulte.

Enid (Thora Birch) est cassante, instable et brillante, et d’une impitoyable lucidité sur la bêtise humaine qui l’entoure. Rebecca (Scarlett Johansson) joue à la garce, sans être cependant aussi catégorique que son amie. Elles se retrouvent néanmoins dans des jeux d’adolescentes, regardant le monde comme une vaste blague peuplée de " freaks " et de marginaux, et dans leur passion secrète pour Josh, un garçon timide et falot.

Afin de pouvoir louer un appartement où elles vivront à deux, elles cherchent du travail. Mais déjà une distance se crée : Enid, qui a lamentablement échoué ses examens en art, doit suivre des cours de rattrapage, tandis que Rebecca, qui a trouvé un travail de serveuse, se lance seule dans la recherche d’un logement, Enid développe une amitié avec un des " freaks " que les amies s’amusaient à juger. Au fil des rencontres, Seymour (Steve Buscemi), homme secret et misanthrope, coupé du monde par son amour des disques rares, apparaît peu à peu aux yeux d’Enid comme le modèle d’une intransigeance et du refus des concessions sociales qu’elle recherche elle-même. Rebecca s’éloigne petit à petit, tandis que Seymour devient le centre de la vie de la jeune fille. Mais les vacances tirent à leur fin, et l’heure du choix se profile pour Enid …


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ANOTHER BRICK IN THE WALL ?

  Ghost World (c) D.R.
Pourquoi n’y aurait-il plus d’adolescents assez sauvages pour refuser d’instinct le sinistre avenir qu’on leur prépare ? Pourquoi n’y aurait-il plus de jeunes gens assez passionnés pour déserter les perspectives balisées qu’on veut leur faire prendre pour la vie ? Les inquiétudes de la philosophe Annie Lebrun, dans son dernier livre Trop de réalité, semblent avoir été entendues : c’est en tout cas ce qu’on se dit en voyant ce film.

Dans la lignée de la série sarcastique Daria (diffusée sur Canal +), et de la critique des médiocres, du cinéaste Todd Solondz (Storytelling), Ghost World est un film grinçant et drôle. Tiré d’un comic, ces BD-feuilletons tant prisés aux Etats-Unis, qui fournissent aujourd’hui une matière quasi inépuisable aux scénaristes en mal d’histoires bien ficelées (la sortie prochaine de Spider Man nous en donne un autre exemple), l’adaptation en est impeccable.

C’est un peu l’envers du décor, un anti American Pie : le spectateur partage les premiers pas de deux jeunes filles après le bac, les coups tordus, le doute et la désillusion devant la vie d’adulte peu réjouissante qui les attend. Les deux actrices sont formidables, elles parviennent malgré leur jeune âge à donner une consistance à leur personnage, à distiller avec parcimonie l’assurance et le doute : Thora Birch (American Beauty), et Scarlett Johansson (L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux, The barber), incarnent Enid l’excentrique névrosée, et Rebecca, son alter ego. Celle-ci rentrera dans le rang, happée par la frénésie de consommer et de s’agréger au plus vite à la grande famille des jeunes filles (in)dépendantes: ne pas faire d’études, se faire exploiter, et enfin, finir comme ces femmes que l’on raillait 10 ans plus tôt. Les deux filles font la connaissance de nombreux personnages, pour la plupart complètement givrés et drolatiques.