SYNOPSIS :
Enid et Rebecca, la brune à lunette et la jolie blonde,
terminent enfin leurs études. Après la remise
des diplômes, les vacances d’été s’offrent
comme la dernière ligne droite avant la vie adulte.
Enid (Thora Birch) est cassante,
instable et brillante, et d’une impitoyable lucidité
sur la bêtise humaine qui l’entoure. Rebecca (Scarlett
Johansson) joue à la garce, sans être cependant
aussi catégorique que son amie. Elles se retrouvent
néanmoins dans des jeux d’adolescentes, regardant le
monde comme une vaste blague peuplée de " freaks "
et de marginaux, et dans leur passion secrète pour
Josh, un garçon timide et falot.
Afin de pouvoir louer un
appartement où elles vivront à deux, elles cherchent
du travail. Mais déjà une distance se crée
: Enid, qui a lamentablement échoué ses examens
en art, doit suivre des cours de rattrapage, tandis que Rebecca,
qui a trouvé un travail de serveuse, se lance seule
dans la recherche d’un logement, Enid développe une
amitié avec un des " freaks " que les amies s’amusaient
à juger. Au fil des rencontres, Seymour (Steve Buscemi),
homme secret et misanthrope, coupé du monde par son
amour des disques rares, apparaît peu à peu aux
yeux d’Enid comme le modèle d’une intransigeance et
du refus des concessions sociales qu’elle recherche elle-même.
Rebecca s’éloigne petit à petit, tandis que
Seymour devient le centre de la vie de la jeune fille. Mais
les vacances tirent à leur fin, et l’heure du choix
se profile pour Enid …
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ANOTHER BRICK IN THE WALL ?
Pourquoi n’y aurait-il plus d’adolescents
assez sauvages pour refuser d’instinct le sinistre avenir
qu’on leur prépare ? Pourquoi n’y aurait-il plus
de jeunes gens assez passionnés pour déserter
les perspectives balisées qu’on veut leur faire prendre
pour la vie ? Les inquiétudes
de la philosophe Annie Lebrun, dans son dernier livre Trop
de réalité, semblent avoir été
entendues : c’est en tout cas ce qu’on se dit en voyant
ce film.
Dans la lignée de la série
sarcastique Daria (diffusée sur Canal +), et
de la critique des médiocres, du cinéaste Todd
Solondz (Storytelling), Ghost World est un film
grinçant et drôle. Tiré d’un comic,
ces BD-feuilletons tant prisés aux Etats-Unis, qui
fournissent aujourd’hui une matière quasi inépuisable
aux scénaristes en mal d’histoires bien ficelées
(la sortie prochaine de Spider Man nous en donne un
autre exemple), l’adaptation en est impeccable.
C’est un peu l’envers du décor, un
anti American Pie : le spectateur partage les
premiers pas de deux jeunes filles après le bac, les
coups tordus, le doute et la désillusion devant la
vie d’adulte peu réjouissante qui les attend. Les deux
actrices sont formidables, elles parviennent malgré
leur jeune âge à donner une consistance à
leur personnage, à distiller avec parcimonie l’assurance
et le doute : Thora Birch (American Beauty), et
Scarlett Johansson (L’homme qui murmurait à l’oreille
des chevaux, The barber), incarnent Enid l’excentrique
névrosée, et Rebecca, son alter ego. Celle-ci
rentrera dans le rang, happée par la frénésie
de consommer et de s’agréger au plus vite à
la grande famille des jeunes filles (in)dépendantes:
ne pas faire d’études, se faire exploiter, et enfin,
finir comme ces femmes que l’on raillait 10 ans plus tôt.
Les deux filles font la connaissance de nombreux personnages,
pour la plupart complètement givrés et drolatiques.
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