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Irréversible (c) D.R. IRREVERSIBLE
de Gaspar Noé
Par Nicolas JOURNET


SYNOPSIS : Parce que le temps détruit tout. Parce ce que certains actes sont irréparables. Parce que l’homme est un animal. Parce que le désir de vengeance est une pulsion naturelle. Parce ce que la plupart des crimes restent impunis. Parce ce que la perte de l’être aimé détruit comme la foudre. Parce ce que l’amour est source de vie. Parce ce que dans un monde bien fait le tunnel rouge n’existerait pas. Parce ce que les prémonitions ne changent pas le cours des choses. Parce ce que le temps révèle tout. Le pire et le meilleur.

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REQUIEM FOR A FILM

  Irréversible (c) D.R.
Dans les nombreuses interviews que Gaspar Noé a données lors de la sortie de son film, le réalisateur de Carne  et de Seul contre tous, a cité parmi les références qui l’ont inspiré pour la création d’Irréversible, le film de Darren Aronofsky, Requiem for a dream, sorti en salles l‘année dernière dans une relative indifférence critique.

Certes, Gaspar Noé a évoqué d’autres films, notamment plusieurs productions françaises comme Assassins de Mathieu Kassovitz ou Trouble Every Day de Claire Denis, mais sa référence au film de Darren Aronofsky prend toute son ampleur au bout de l‘éprouvante heure et demie d’Irréversible.

En effet, l’impression de déjà vu vous titille le nerf optique, vous obnubile la rétine. Où a-t-on remarqué récemment l’utilisation du stromboscope comme bouquet final ? Dans quel film un contraste est établi entre une atmosphère plutôt glauque et une scène champêtre où le gazon revêt une verdeur irréelle ? N’a-t-on pas vu, il n’y a pas si longtemps, une scène d’amour à la superbe sensualité tranchant avec la violence générale du propos ? Bon sang, mais c’est bien sûr, c’était à la première vision de…Requiem for a dream. Tiens, tiens, drôle de coïncidence !

Bien entendu, tous les réalisateurs ont des modèles, des références cinématographiques qu’ils glissent plus ou moins heureusement dans leurs propres œuvres. Mais avec Irréversible, la gêne est différente car les points communs sont trop nombreux pour être parfaitement honnêtes. Le thème de la temporalité destructrice se retrouve dans les deux films. Dans celui de Darren Aronofsky, elle est marquée par une division en saisons aboutissant au cauchemar final. Dans le film de Gaspar Noé, le temps détruit lui aussi tout, mais cette fois à l’envers, la fatalité étant traduite de manière inversement chronologique.

Irréversible (c) D.R.
Même la musique semble identique. Dans Requiem for a dream, Clint Mansel était aux baguettes, accompagné du Chronos Quartet, un quatuor de violonistes américain. Le résultat était fait de bruit et de fureur, mais aussi d’envolées proches des grandes symphonies classiques, des œuvres de Beethoven par exemple. Noé utilise justement une œuvre de ce dernier pour conclure son film. Il a fait aussi appel à l’un des deux membres du groupe techno Daft Punk pour mettre en musique son film, le résultat rappelant beaucoup la bande originale du film américain.

Dernière similitude troublante, là où Aronofsky filmait une partouze très privée pour hommes d’affaires pervers, Noé tourne plusieurs scènes dans une back-room pour homos obsédés. Il serait exagéré de crier au plagiat, mais tant de ressemblances sont quelque peu agaçantes. Il est toujours désagréable de voir deux fois le même film sous un titre différent.