SYNOPSIS :
Alors qu’elle court à l’école, Min-ah trouve un
journal intime. Lorsqu’elle l’ouvre, elle est victime d’étranges
hallucinations. Intriguée par le journal, Min-ah feint
un malaise et profite de se retrouver à l’infirmerie
du collège pour se plonger dans le journal intime. Là,
elle est le témoin involontaire d’une étreinte
amoureuse entre Hyo-shin et sa petite amie Shi-eun, les rédactrices
du fameux journal. A partir de ce moment, d'étranges
événements vont peu à peu bouleverser la
vie de Minh-ah. La journée des jeunes filles au collège
est à moitié terminée et les étudiantes
sont traumatisées à l’idée de passer leur
examen de santé annuel. Soudain, leurs enfantillages
sont interrompus par un cri qui annonce la mort de Hyo-shin.
Alors que différentes rumeurs entourent cette mort suspecte,
Min-ah continue à suivre les indices laissés entre
les lignes du journal. Et, comme l’incantation " Memento
Mori " le suggère, elle a la sensation qu’une
entité fantomatique s’infiltre dans chaque coin du collège. |
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LA VANITE DES MOTS
Kim Tae-Yong et Min Kyu-dong
sont un peu flamands dans l’âme. Avec Memento mori,
leur premier long métrage, les deux réalisateurs
coréens ressuscitent une démarche artistique
que les peintres du plat pays qui n’est pas le leur ont porté
au pinacle en pleine Renaissance. Au cours de cette période,
et plus précisément tout au long du XVème
siècle, l’art pictural fut bouleversé par l’arrivée
d’une nouvelle catégorie de tableaux, les vanités.
Alors que la mode du moment était plutôt à
la représentation de scènes religieuses et à
la mise en valeur des valeurs positives et optimistes (pardon,
partage, paradis…etc) défendues par le catholicisme,
des peintres protestants d’origine flamande vont s’opposer
à la déjà très présente
" pensée unique ".
Ils décident d’aborder
dans leurs oeuvres le thème du temps qui passe, de
la mort qui guette. Dans des compositions aux couleurs très
sombres, les peintres en question vont rassembler des objets
marqués par une morbidité certaine et une temporalité
forte, comme une clepsydre ou un crâne humain. Au milieu
de ces objets hétéroclites variant suivant les
artistes et les tableaux, se trouve la plupart du temps un
élément faisant référence à
l’écriture, que ce soient une plume, un écritoire
ou un parchemin. Allant au bout de cette logique de mise en
scène des mots, un peintre comme Dürer inscrira
au bas d’une de ses œuvres une devise latine : Memento
mori , " Souviens-toi de la mort "
en version française, formule en forme d’avertissement
qu’a parfaitement intégrée Hyo-shin, l’héroïne
du film de Kim Tae-Yong et de Min Kyu-Dong.
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Elève d’un collège
japonais comme il y en a beaucoup d’autres, avec nunuches
en jupettes mais sans boutonneux en uniformes, car réservé
exclusivement aux demoiselles, elle va se lier à Shi-eun,
une autre collégienne. Leur relation devient très
vite ambiguë, se rapprochant plus de l’attirance charnelle
que de l‘amitié platonique. Hyo-Shin a l’idée
de traduire leur association sensuelle par la rédaction
d’un journal intime, défouloir psychotrope des adolescentes
du monde entier, dont elles rempliront les pages l’une après
l’autre, dans une sorte de jeu littéraire et amoureux.
Ce principe de l’écriture
alternée rappelle le système du cadavre exquis
mis au point par les surréalistes. D’autres références
à ce mouvement artistique marquent la conception du
journal intime. Les pliages, les dispositions des phrases
en cercles concentriques, la juxtaposition de lettres aux
polices différentes évoquent le style des surréalistes.
Mais la force des réalisateurs est d’avoir associé
à ses références littéraires une
touche profondément adolescente. Les dessins qui accompagnent
les textes sont très enfantins, les couleurs utilisées
sont souvent fluorescentes. Le mélange final montre
de manière très fine le malaise adolescent,
d’un âge où la maturité affleure, mais
où l’enfance persiste.
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