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Fist of legend (c) D.R. FIST OF LEGEND
de Gordon Chan
Par Johannes HONIGMANN


SYNOPSIS : Etudiant au Japon, Chen Zhen apprend que son maître a été tué lors d'un combat contre un maître japonais. Il décide de revenir à Shanghai, partiellement occupée par les japonais, pour venger la mort de son maître. Mais en combattant son adversaire, il comprend rapidement que celui-ci n'a pu battre son maître à la loyale.

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FIST OF FURY vs. FIST OF LEGEND : un combat inégal

  Fist of fury (c) D.R.
Certains réalisateurs (suivez mon regard) et une revue de cinéma célèbre pour ses erreurs factuelles grossières ont, lors de la sortie française du Fist of Legend de Gordon Chan, encensé ce film en assurant que " nous n’avions encore jamais vu ça ". En effet, nous n’avions encore jamais vu ça : un remake raté à ce point. Pas un remake inutile : il est normal que Jet Li se mesure à Bruce Lee, il est normal aussi de reprendre une formule qui a fait ses preuves, du moins dans la logique du cinéma commercial (Fist of Fury avait d’ailleurs déjà été refait plusieurs fois), il est normal, enfin, de prendre acte d’un changement dans les rapports sino-japonais (raison qui, à elle seule, serait cependant grotesque). Pas un remake inutile donc, mais un remake d’une pauvreté, d’une inanité inouïe. Certes, Jet Li se bat très bien, et, certes, la chorégraphie est techniquement parfaite. Mais le problème ne se situe pas au niveau martial : Li et Lee se battent chacun à sa manière et il n’y a pas à douter que Li donne le meilleur de lui-même – bien que son combat final pâlisse en comparaison à la véritable guérilla que doit livrer Bruce Lee.

Il y a un vrai problème artistique (aspect négligé, mais combien important !) quand un film prenant, émouvant, poignant, un film dur, noir (ni l’amour, ni l’humour, ne peuvent empêcher Bruce Lee de perdre la bataille contre soi-même et de se transformer en bête furieuse qu’on abat), magnifiquement interprété (deux comédiens fétiches de King " Empereur " Hu sont présents), en un mot, un film adulte, est transformé en un spectacle puéril, infantile (les références au sexe, très explicites – séquence du banquet ! – sont d’ailleurs bannies), non crédible, mou à pleurer et, de plus, desservi par une insupportable guimauve musicale. Le film de Lo Wei est une véritable œuvre d’art, un film où chaque scène est pensée, réfléchie quant à l’impact émotionnel sur le spectateur (sublime séquence de dialogue amoureux, une des plus belles du cinéma des années 70 !) et sa cohérence par rapport aux aspects humains des enjeux. Le film de Gordon Chan est, tout simplement, du n’importe quoi, une œuvre de faiseur, crachée au visage d’un public nécessairement adolescent.