SANG CONTAMINE
Après L’échine
du diable, Blade 2 est la deuxième réalisation
de Guillermo del Toro à envahir les écrans français
en l’espace de quelques mois. Ce nouvel épisode des
aventures de Blade, ce justicier mi-humain mi-vampire tout
droit sorti des comics américains, se place clairement
dans la lignée des Alien.
Outre la gigantesque présence
(plus de deux mètres sous la toise) de l’acteur Ron
Perlman, Blade 2 se rapproche de la série initiée
en son temps par Ridley Scott à travers l’utilisation
voisine d’une métaphore médicale.
Au centre des deux scénarios,
un monstre génétique possesseur d’un virus particulièrement
destructeur fait régner la terreur. La méchante
bébête inocule à ses victimes un germe
virulent. Si la maladie poursuit sa virée destructrice,
la chose en question menacera la survie même de l’humanité.
Il faut donc intervenir pour circonscrire la progression du
mal.
Dans Alien, c’est
Ellen Ripley, alias Sigourney Weaver, qui s’en charge, alors
que dans le film de Guillermo del Toro, c’est Blade, Wesley
Snipes dans le civil, qui va traiter le problème de
manière expéditive. Mais dans les deux cas,
ça va saigner.
Les films l’abordent de
manière différente, mais ils traitent tous les
deux d’une épidémie qui par la logique de l’actualité
renvoie immédiatement au sida.
A la sortie du premier Alien,
une majorité des spectateurs ont parfaitement saisi
l’allusion. Les créatures visqueuses présentées
à l’écran avaient beau venir de l’espace, leur
sang acide, leur manière d’envahir le corps humain
pour mieux le détruire de l’intérieur ne trompaient
personne.
A l’époque, la situation
sanitaire se dégradait d’ailleurs rapidement. Le sida
dépassait le cercle des homosexuels et des toxicomanes,
où les premiers cas étaient apparus, pour toucher
toute la population. L’inquiétude grandissait et une
nouvelle révolution sexuelle s’amorçait avec
le retour en force du préservatif. En résumé,
Alien n’arrivait pas vraiment par hasard sur les écrans.
Pour Blade 2, la
coïncidence entre la sortie du film et l‘actualité
médicale est tout aussi frappante, comme si le thème
du sida réapparaissait dans les scénarios des
films fantastiques justement lorsque l’épidémie
amorce une nouvelle phase de propagation.
Les rapports publiés
récemment par l’ONU sont très alarmistes. Ils
annoncent que le sida n’en est qu’à ses débuts,
que dans les pays pauvres, et notamment africains, le carnage
va continuer et même s’amplifier. En Occident, la pratique
du relapse, consistant à baiser sans capotes, fait
de plus en plus d’émules. Rien de bien encourageant
en somme. Cette perspective pessimiste après deux décennies
d’existence du sida explique l’extrême noirceur et le
pessimisme ambiant de Blade 2.
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