La réponse sera
probablement oui, avec cependant quelques réserves.
Shaolin Soccer, contrairement à ce que peut
laisser penser sa réputation insensée, n’est
pas le chef d’œuvre absolu qu’on a bien voulu y voir. Bâclé,
extrêmement brouillon, joué approximativement,
le film trouve son équilibre dans les incroyables scènes
d’action, laissant sur place la meilleure des productions
américaines. Visuellement, et histoire de jouer quelques
instants au jeu idiot des comparaisons, on peut sans conteste
avancer que
Matrix est oublié. Malheureusement,
si certaines scènes sont incroyables de drôlerie,
et si d’autres bénéficient de chorégraphies
à couper le souffle, le film peine un peu sur la longueur
à retrouver son souffle, et à développer
une histoire cohérente et surtout vraiment intéressante
– sentiment largement amplifié par le remontage de
la version Miramax. Et pourtant,
Shaolin Soccer a un
charme immense, intensifiée par la naïveté
assumée avec laquelle Chow décrit cette amourette
entre une vendeuse de beignets victime d’une acné carabinée,
et un ex-moine shaolin à l’ambition démesurée.
Au détour d’un plan, d’un regard, l’émotion
apparaît, sans que l’on y prenne garde. Et c’est probablement
là que se situe la véritable réussite
du film, dans ce désir de ne pas se laisser envahir
par les scènes d’action finalement peu présentes,
de donner vie à des personnages valables, cohérents,
bien que dessinés sommairement. Oublions le message
un peu simpliste du film, exhortant le spectateur à
retrouver les valeurs fondamentales de la Chine, et concentrons-nous
sur le plaisir jouissif que procurent ces personnages émouvants,
capables d’accomplir des actes incroyables et totalement hilarants,
dignes des meilleurs épisodes de feuilletons cultes
de notre enfance tels que
Olive et Tom.