Face à l’émotion,
à l’humour ou à l’amour, à la contestation,
à la colère, certains cinéastes ont voulu
réagir aux tabous sociaux qui ont resurgis après
le 11 septembre comme celui du fanatisme religieux, avec le
court métrage du mexicain Alejandro Gonzalez Innaritu
(sur la mauvaise interprétation que l’homme se fait
de la lumière de Dieu qui, au lieu de l’éclairer,
aveugle sa raison), celui de la phobie de l’Islam, qui s’est
accentuée après le 11 septembre, avec le court
métrage de Mira Nair (qui met en scène un musulman
suspecté d’être un terroriste disparu qui finit
en héros).
Le court métrage
de Gonzalez Innaritu est paradoxalement le plus riche des
onze, malgré sa quasi absence d’images (exceptés
une poignée d’images flashs représentant les
hommes tombant des tours).
Le plus riche d’abord, parce
que sa représentation du drame, en quelques images
symboliques, accompagnées d’une bande son unique et
efficace (nourrie de bruits enregistrés sur le vif),
vient en contrepoint salutaire à ce trop plein d’images
déversées sur nos petits écrans après
le 11 septembre, et aussi parce qu’il réussit le pari
de livrer en aussi peu de temps le début d’une réflexion
pertinente sur le Bien et le Mal, sur le fanatisme religieux
et ses conséquences tragiques. " Je voulais
explorer la souffrance humaine plutôt que de me perdre
pendant 11 minutes dans un charabia politique et rhétorique"
Innaritu prend du recul
par rapport à l’événement et permet au
spectateur de vivre une expérience cathartique.
Le court-métrage
du britannique Ken Loach est aussi l’un des plus impliqués
politiquement. Il nous invite à découvrir une
réalité historique oubliée et occultée,
à savoir l’attaque, le 11 septembre 1973, par les militaires
chiliens, du palais de la Moneda, où Salvador Allende
trouva la mort.
Ce court vient rappeler
à nos mémoires que c’est le gouvernement américain,
à travers la CIA, qui a détruit la démocratie
au Chili, et encouragé cette attaque faisant plus de
300 000 morts. Loach réalise un film moralisateur,
pointant les drames provoqués par la politique des
Etats-Unis dans le monde depuis un demi-siècle.
L’expérience menée
par Alain Layrac résume bien ce qu’un an après,
représentent l’évènement du 11 septembre
et ses implications politiques, humaines et idéologiques.
Dans le mélange des
genres (du tragique au comique), des thèmes (éducation
humour, pauvreté, vengeance, haine, colère)
toute une palette de sentiments sont évoqués
dans cette mosaïque cinématographique en forme
d’hommage à toutes les victimes d’un 11 septembre,
quelles soient américaines, iraniennes, bosniaques,
indiennes, chiliennes, israéliennes, japonaises, françaises,
égyptiennes…
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Titre : 11’09’’01
– Onze Minsutes, Neuf Secondes et une image
Réalisateurs :
Samira Makhmalbaf, Claude Lelouch, Youssef Chahine,
Danis Tanovic, Idrissa Ouedraogo, Ken Loach ,
Alejandro Gonzales Innaritu, Amos Gitaï,
Mira Nair, Sean Penn, Shohei Imamura
Distribution internationale :
Wild Bunch
Production : StudioCanal,
Galatée Films
Producteur délégué :
Jacques Perrin
Sortie France : 11 Septembre
2002
Durée : 2h 10
Année :
2002
Pays : France
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